Etant donné les coûts élevés de la 4ème Révolution Industrielle (4IR) et les difficultés auxquelles de nombreuses entreprises africaines de technologie font face pour accéder au financement, il y aurait de fortes chances que beaucoup de pays africains ratent le train de l’industrie 4.0.
Issa SIKITI DA SILVA
« La technologie de la 4IR est coûteuse et tous les coûts fixes élevés doivent être financés. [En Afrique], l’accès limité au financement est un obstacle majeur à la création, à la survie et à la croissance des entreprises, en particulier pour les jeunes entrepreneurs, et cela complique l’adoption de solutions numériques et freine la création d’emplois opportunités dans tous les secteurs », soulignent Louise Fox et Landry Signé dans un rapport publié récemment sur les avantages de la 4ème Révolution Industrielle.
A part le défi du manque de financement, les auteurs du rapport épinglent également la question de la cyber-sécurité qui, selon eux, est cruciale tant au niveau individuel, de l’entreprise, du leadership et des systèmes informatiques. Or dans ce domaine, l’Afrique semble montrer de signes de vulnérabilité notoire.
« La cyber-sécurité aura une importance capitale au fur et à mesure que la cyberguerre se développe, et que l’interconnexion croissante des systèmes informatiques et l’importance des données deviennent de nouvelles cibles d’attaque », indiquent-ils.
A en croire ces deux experts du Brookings Institution, tirer parti de la 4IR nécessitera une cyber-sécurité efficace pour protéger les infrastructures et les systèmes de données numériques, et assurer la pérennité des entreprises créatrices d’emplois.
Infrastructures, accès limité
En outre, il y a des lacunes dans les infrastructures et l’accès limité à la technologie.
« De nombreuses innovations et technologies productives associées à la 4IR s’appuient sur les infrastructures physiques et numériques de base telles que l’électricité, la dorsale internet, le haut débit fixe, les satellites de communication, l’infrastructure de réseau, les centres de données (data centers) et le cloud computing », signale le rapport.
Compétences
Contrairement aux technologies de la 1ère Révolution et de 2e Révolution Industrielle qui ont amené des millions de travailleurs non qualifiés à travers le monde dans les usines, la 3IR (3e Révolution) et la 4IR (4e Révolution) incarnent le changement technologique axé sur les compétences.
La main-d’œuvre de l’Afrique subsaharienne est la moins qualifiée au monde. Malgré un certain rattrapage récent, la jeunesse africaine est toujours en retard en termes de formation scolaire par rapport à leurs homologues d’autres régions, une situation qui devrait persister, selon ces experts.
Les défis soulevés par ces éminents spécialistes démontrent que le chemin du continent vers la 4e Révolution Industrielle est encore parsemé d’embûches et d’obstacles majeurs.
Néanmoins, cela n’empêche pas Louise Fox et son collègue Landry Signé d’insister que l’Afrique ne peut pas se permettre à échapper à la 4IR parce que les États africains sont de plus en plus intégrés dans l’économie mondiale.
« Mais les contraintes sur l’adoption de la technologie par les unités de production sont nombreuses. Les politiques économiques doivent donner la priorité à la réduction de ces contraintes – par la réforme agraire, la construction d’infrastructures, la réforme de la réglementation et des réformes dans l’éducation. L’équilibre entre les résultats positifs et négatifs de la 4IR dépendra des choix politiques », concluent-ils.