La notation financière constitue, pour les investisseurs, un critère clé dans l’estimation du risque qu’un investissement comporte. Elle constitue un facteur avec effet direct sur l’accès des emprunteurs à une levée de fonds. Il s’agit donc d’un élément clé dans le développement des marchés financiers africains.
Félicienne HOUESSOU
La maîtrise de l’information et des paramètres de risque fait de plus en plus appel à la notation financière, particulièrement dans le cadre de marchés financiers. Aujourd’hui, la notation est même un des critères obligatoires pour les emprunteurs institutionnels (fonds de pension, collectivités territoriales, etc.) dont les statuts précisent un niveau de notation minimal pour leurs investissements. Dans une publication, UMOA-titres indique que la notation financière est une technique permettant de mesurer la solvabilité et la volonté d’un emprunteur à faire face à ses obligations financières à court et/ou long terme. Les notes attribuées à un emprunteur sont des opinions sur la probabilité relative de défaut de paiement de sa dette. En d’autres termes, on évalue le risque que ses dettes (capital et intérêts) ne soient pas payées dans leur intégralité à l’échéance. Selon le Fond Monétaire International (FMI), les notes permettent aux emprunteurs d’accéder aux marchés mondiaux et nationaux et d’attirer les fonds d’investissement, ajoutant ainsi de la liquidité sur les marchés qui, autrement, ne seraient pas liquides. Ces notes permettent aux entreprises et aux gouvernements de lever des fonds directement sur les marchés de capitaux en émettant de la dette, au lieu d’emprunter auprès d’une banque ou d’un bailleur de fonds. UMOA-titres se base sur trois volets pour expliquer le rôle majeur de la notation financière : les notes facilitent l’émission de la dette par les entités notées ; les notes fournissent une référence pour l’évaluation du risque que présentent les économies ; enfin, les notes permettent de réduire l’asymétrie d’information entre les investisseurs et les émetteurs de dette.
Une preuve de transparence
La notation se comporte comme un « un label de qualité » internationalement reconnu, une grille de lecture et d’orientation pour les investisseurs et les agences de notation. En plus des notes, les agences de notation publient des rapports détaillés qui contiennent des données et des analyses quantitatives et qualitatives. « La diffusion de ces analyses et de ces informations auprès du public démontre la volonté des émetteurs notés à faire preuve de transparence en autorisant une évaluation externe indépendante de leur solvabilité. Le fait de mettre à la disposition du marché des opinions crédibles et indépendantes sur les risques liés aux obligations souveraines permet de rassurer les investisseurs. L’identification et l’évaluation du risque de crédit aident les investisseurs à prendre une décision d’investissement éclairée et réclamer un niveau de rendement approprié sur leur capital pour des investissements risqués, au lieu de se tenir à l’écart de tels investissements par manque d’information », explique UMOA-titres. Avec l’augmentation des flux financiers et commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde, le continent est devenu un acteur de plus en plus important dans le système économique et financier mondial, et la notation financière a contribué à ce progrès. L’autorité acquise par les agences de notation se mesure au travers des fonctions régulatrices et normatives qu’elles assument dans le domaine bancaire et financier. Plus qu’un média, la notation constitue une certification des émissions. Car, la notation financière conditionne l’accès aux marchés. Elle est déterminante dans le coût du financement. De plus, l’évolution des notations financières est susceptible de provoquer des mouvements de masse importants sur les marchés financiers. La notation financière produit ainsi un « effet disciplinant », qui résulte d’une démarche volontaire des émetteurs, en dépendance financière.