Du 20 au 22 novembre 2024 à la CCI Bénin, se déroule la campagne de communication sur l’entrepreneuriat féminin initiée par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin en collaboration avec la coopération allemande à travers le projet ProPME. C’est autour du thème « Réveille l’esprit d’entreprise qui est en toi ».
Belmondo ATIKPO
Par l’initiative « Mois de l’Entrepreneuriat féminin », la CCI Bénin entend célébrer, honorer et promouvoir le rôle des femmes cheffes d’entreprise dans divers secteurs (artisanat, agriculture, commerce et industrie). La célébration se déroule au travers d’évènements spécifiques avec pour fil conducteur l’autonomisation des femmes, et consistera en la sensibilisation aux enjeux et défis qui touchent l’entreprenariat féminin avec une emphase sur les informations et les différents services d’accompagnement de la CCI-Bénin. Au cours de ces journées, les promotrices d’entreprises renforcent leur droit et leur emprise pour mieux s’insérer dans l’écosystème de l’entrepreneuriat. La cérémonie d’ouverture du « Mois de l’Entrepreneuriat féminin », a réuni des organisations féminines et femmes entrepreneures. Selon le Secrétaire général de la CCI Bénin, Raymond ADJAKPA ABILE, l’objectif de ces trois jours d’activité à la CCI Bénin est de célébrer les femmes entrepreneures. Ces femmes, souligne-t-il, doivent faire part de leur expérience afin d’inspirer d’autres femmes à entreprendre. « La CCI Bénin a constaté que 70 % des femmes considèrent l’entrepreneuriat comme une opportunité. 46 % d’entre elles considèrent qu’entreprendre permet d’avoir une indépendance. Ce sont tous ces éléments qui nous permettent aujourd’hui d’affirmer que si nous faisons un focus sur l’entrepreneuriat féminin, nous pouvons avoir des résultats probants pour le secteur privé », a déclaré le Secrétaire général de la CCI Bénin. Sur cet événement, l’institution consulaire bénéficie du soutien de la GIZ. « Nous accordons une attention particulière aux entreprises gérées par les femmes, les employés féminins et les organisations des femmes », a déclaré Stéphanie Zirpins, Chargée du Projet de Promotion des MPME à la GIZ. Elle soutient qu’une participation équitable des femmes aux activités économiques est essentielle pour le développement économique et social humain. Stéphanie Zirpins a relevé les obstacles significatifs auxquels les femmes sont confrontées notamment en matière d’accès au financement, aux marchés, aux ressources et à la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle. À travers le programme ProPme, la GIZ soutient les femmes entrepreneures par des formations et les accompagnements adaptés afin de les aider à surmonter ces barrières. Un panel axé sur le thème « Les organisations féminines, Entrepreneures : enjeux, défis, leçons apprises » a été modéré par la consultante Gwladys TAWEMA. Les panélistes Christiane Codjo Tossou, Présidente du Women Investment Fund Bénin (Wifund-Bénin), la représentante de la Fédération des Femmes Entrepreneures et Femmes d’Affaires du Bénin (FEFA), Huguette Akplogan Dossa, Présidente de l’African Women Leaders Network (AWLN-Bénin) et Alida Ahouandjinou, présidente de l’Association African Women’s Entrepreneurship Program (AWEP-Bénin) ont exposé la mission, les activités et les réalisations de leur organisation. Elles ont aussi mis l’accent sur leur mode de fonctionnement et appelé à une plus grande sororité entre femmes entrepreneures afin de surmonter les obstacles. Les journées de l’entrepreneuriat féminin sont aussi marquées par une exposition de produits de femmes entrepreneures. Il est prévu tout au long de ces journées des panels et master class.
Faibles accès au microcrédit
L’accès aux crédits est l’une des difficultés majeures des femmes à entreprendre. Elles sont plus dans les circuits de distribution des produits vivriers et manufacturés, les services de restauration et d’habillement conduisant à un taux élevé de dirigeantes d’établissements de commerce (78,2%) et de restauration (92,6%). Ces femmes bénéficient des services des institutions d’octroi de crédit ou de microcrédit. Toutefois, beaucoup reste à faire pour permettre aux femmes rurales d’accroître les possibilités d’accès à la main d’œuvre, à l’équipement, aux intrants et aux technologies, en somme, au crédit ou micro crédit. Les difficultés d’accès au crédit agricole, selon les résultats de l’analyse situationnelle, découlent des difficultés d’accès à la terre. Dans la mesure où l’octroi de crédit agricole est subordonné, entre autres, à la possession d’une superficie de terre exploitable, les femmes sont souvent moins enclines que les hommes à y accéder. C’est pourquoi, la Politique Nationale de Promotion de la Femme dans le secteur agricole et Rural (PPFR) se propose de susciter l’assouplissement des critères de sélection des dossiers de crédits des femmes rurales, notamment au niveau des garanties requises et d’encourager les prêts à moyen et long terme par les femmes rurales. Aussi, convient-il de promouvoir les systèmes adaptés de crédit et sensibiliser les femmes rurales et leurs groupements sur les différentes possibilités existantes. En définitive, la lutte pour l’équité demeure une question entière au Bénin où les femmes continuent d’être victimes des inégalités diverses dans l’occupation des responsabilités (politique, administration publique et économique) à cause de leur statut traditionnel qui résiste aux effets des changements socioéconomiques, sociopolitiques et socioculturels. Cette lutte, doit être centrée sur la mutation de certaines normes ou pratiques traditionnelles qui ne répondent plus aux idéaux du millénaire en matière de développement équitable et durable. Les stratégies doivent cibler des actions pouvant conduire à une culture du dialogue au sein des ménages en matière de santé (planification familiale, notamment la contraception efficace), de scolarisation, d’accès à l’emploi et aux revenus, d’accès aux sphères de décisions et enfin d’épanouissement des conjoints.
D’autres menaces au succès de l’entrepreneuriat féminin
Les principales menaces à la promotion du genre sont de deux ordres : la vision macro-économique du développement qui se place souvent à l’antipode d’un développement humain et équitable et, la réduction de l’appui des Partenaires Techniques et Financiers, ce qui affecte de façon considérable, l’élaboration et la mise en œuvre d’actions envers les pauvres en général et envers les femmes en particulier. Le travail et la participation à l’économie sont un secteur où la discrimination à l’égard des femmes est fortement remarquée au Bénin. L’emploi moderne rémunéré, en particulier dans le secteur privé, est le plus concerné par cette disparité selon le genre. Selon le RGPH 3, les femmes actives sont plus souvent ménagères (plus de 50%). Les causes de ces inégalités d’accès à l’emploi et aux revenus relèvent de la survivance des perceptions, des croyances et pratiques socioculturelles traditionnelles quant aux statuts et rôle des hommes et des femmes dans la société. Ces pesanteurs socioculturelles, en influençant la scolarisation, la santé des femmes et de leurs enfants, compromettent leur accès à l’emploi rémunéré, à des responsabilités administratives, politiques et économiques, donc au revenu stable, consistant et durable. De même, l’insuffisance des ressources financières allouées par le budget national à la promotion du genre ainsi que celle des ressources humaines qualifiées en matière de genre constituent des faiblesses pour la promotion du genre. Par ailleurs, malgré les efforts déployés par les gouvernements pour mettre en place des mesures favorisant l’autonomisation des femmes, il est fort remarquable que la pauvreté est encore plus accentuée chez la femme que chez l’homme, mais aussi et surtout, que les femmes, par rapport aux hommes, ont un faible accès aux facteurs de production. Enfin, en dépit de l’adoption des conventions et des textes de lois, il n’existe pas pour la plupart, des décrets d’application, ce qui justifie leur faible prise en compte dans les juridictions. Il en résulte que bien des inégalités entre homme et femme persistent encore dans beaucoup de secteurs et domaines d’activités au Bénin. Pour y remédier, le Gouvernement du Bénin a décidé de se doter d’une Politique Nationale de Promotion du Genre (PNPG) ; celle-ci servira de cadre référentiel aux stratégique ou actions destinées à réduire, voire éliminer, les disparités entre les hommes et les femmes d’ici 2025. A cet effet, experts, acteurs des ministères sectoriels, organisations non gouvernementales ou de la société civile et communautés à la base ont été mobilisés pour l’élaboration de ce document de la PNPG. Partout dans le monde, les femmes entrepreneures sont à la tête d’entreprises à but lucratif, contribuant non seulement à la croissance économique, mais servant également de modèles inspirants pour les générations à venir. Aux États-Unis, les femmes possèdent un nombre important de 40% d’entreprises, générant collectivement un chiffre impressionnant de $1,8 billions par an. Le Point de ressources sur l’entrepreneuriat féminin de la Banque mondiale révèle qu’entre 8 et 10 millions de petites et moyennes entreprises dans les pays en développement comptent au moins une femme propriétaire. Ces réalisations sont indéniablement remarquables.