Pour lutter contre la pêche illégale et la dégradation des ressources marines, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) continue de se mobiliser. À deux mois de la Conférence des Nations unies sur l’océan, l’institution appelle les pays en retard à emboîter les pas aux 95 signataires pour l’entrée en vigueur de l’accord pour la protection des ressources halieutiques.
Sylvestre TCHOMAKOU
Depuis plus de deux décennies, la communauté internationale tente d’assainir le secteur halieutique mondial, en proie à des pratiques opaques. En 2022, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a obtenu un accord qui interdit les aides publiques favorisant la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), ainsi que les subventions portant sur des stocks halieutiques surexploités. Mais deux ans plus tard, son application reste bloquée. « Nous sommes si proches », a insisté Angela Ellard, directrice générale adjointe de l’OMC, dans un appel lancé le 2 avril. À ce jour, seuls 95 pays ont déposé leur instrument d’acceptation, alors que 111 ratifications sont nécessaires pour que le texte entre en vigueur. Un retard jugé « préjudiciable » face à l’état alarmant des ressources halieutiques mondiales, quand on sait que 38 % des stocks seraient actuellement surexploités. Le cœur du blocage réside dans les demandes de certains États, notamment l’Inde et l’Indonésie. Ces deux puissances maritimes, respectivement deuxième et troisième producteur de pêche de capture au monde, réclament un traitement différencié. Pour ces Etats, il est important de maintenir des soutiens publics aux pêcheries locales, notamment sous forme de carburant, d’équipements et d’infrastructures.
Une position qui ne fait pas tout de même l’unanimité. Pour la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE), les pays concernés cherchent surtout à conserver la possibilité de financer une pêche industrielle qui alimente une concurrence déloyale et met à mal les économies côtières les plus fragiles, en particulier en Afrique. Le Bénin, notamment, fait partie des États ayant déjà ratifié l’accord, mais ne peut bénéficier du Fonds sur la pêche de l’OMC tant que le texte n’est pas entré en vigueur. Au-delà de ce premier accord, des discussions sont en cours pour élargir les restrictions à toutes les subventions susceptibles d’encourager une pêche excessive. L’OMC espère ainsi poser les bases d’un commerce maritime plus durable, en redirigeant les 22 milliards de dollars dépensés chaque année en subventions néfastes vers une meilleure gestion des ressources