Le commerce extérieur du Bénin au deuxième trimestre de 2024 présente un bilan contrasté, marqué par une baisse simultanée des exportations et des importations de l’ordre de 13 % par rapport au trimestre précédent. Ces fluctuations traduisent une forte dépendance aux matières premières, notamment le coton et les produits pétroliers.
Aké MIDA
Au deuxième trimestre 2024, les exportations de marchandises du Bénin ont été estimées à 210,3 milliards F Cfa, enregistrant une diminution de 12,9 % par rapport au premier trimestre, selon l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (Instad). Cette baisse s’explique principalement par la chute des exportations de tourteaux et autres résidus solides, des huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux ainsi que des fruits à coque comestibles. Toutefois, sur une base annuelle, les ventes à l’extérieur ont connu une hausse de 25,6 %, soutenues par les bonnes performances du coton non cardé ni peigné et des tourteaux solides, qui sont les principaux moteurs de cette croissance, indique le Bulletin trimestriel du commerce extérieur du Bénin : Note de publication (Instad, Cotonou, août 2024).
Le coton à lui seul a contribué à hauteur de 11,5 points de pourcentage à cette augmentation annuelle, ce qui confirme son rôle central dans l’économie exportatrice du pays.
Les dix principaux produits exportés au deuxième trimestre 2024 représentent 87,6 % de la valeur totale des exportations. Le coton non cardé ni peigné demeure le produit phare, avec une valeur de 123,8 milliards F Cfa pour un volume de 91 220 tonnes, détaille le bulletin. Les tourteaux et autres résidus solides viennent en deuxième position avec des exportations s’élevant à 20,9 milliards F Cfa pour 42 223 tonnes, suivis des fruits à coque comestibles, dont la valeur des exportations atteint 7,3 milliards F Cfa.
Echanges axés sur les matières premières
Le secteur agricole, et plus particulièrement la production de coton, continue de jouer un rôle prédominant dans les exportations béninoises. Le Bangladesh est le principal client du Bénin, absorbant 56,7 % des exportations, en grande partie grâce à l’importation de coton non cardé ni peigné. L’Inde, deuxième partenaire commercial, représente 6 % des exportations totales, avec des achats axés sur l’huile de soja, les tourteaux et le bois brut. En troisième position, le Pakistan représente 4,8 % des exportations béninoises, principalement axées sur les tourteaux solides et les fèves de soja.
Concernant les importations, elles sont estimées à 448,4 milliards F Cfa, soit une baisse de 13,2 % par rapport au trimestre précédent, selon les chiffres publiés par l’Instad. Cette diminution est attribuée à la baisse des achats d’engrais, d’herbicides et de régulateurs de croissance des végétaux. En glissement annuel, les importations ont chuté de 27,7 %, largement à cause de la réduction des achats d’huiles de pétrole et d’engrais minéraux ou chimiques phosphatés. Cette baisse des importations pourrait indiquer un affaiblissement de la demande intérieure ou des difficultés logistiques dans l’approvisionnement en produits essentiels.
La valeur totale des dix principaux produits importés représente 52,8 % des importations du trimestre. Le riz semi-blanchi reste le produit le plus importé avec une valeur de 86,4 milliards F Cfa, soit 19,3 % des importations totales. Les huiles de pétrole arrivent en deuxième position avec 65,2 milliards F Cfa, représentant 14,5 % des importations, suivies par les insecticides conditionnés pour la vente au détail, qui totalisent 15,3 milliards F Cfa. Ces trois produits dominent la structure des importations, illustrant une forte dépendance aux denrées alimentaires et aux intrants chimiques.
Réduire la dépendance
Ce bilan trimestriel met en lumière la dépendance du Bénin vis-à-vis des produits agricoles comme le coton et des biens importés essentiels tels que le riz et les produits pétroliers. L’Inde se place en tête des fournisseurs du Bénin avec 15,1 % des importations, suivie par la Chine (10,9 %) et la France (9,5 %), selon les données de l’Instad. L’Inde exporte principalement du riz, des médicaments et des câbles électriques vers le Bénin, tandis que la Chine fournit des appareils électriques, des matériaux de construction et des produits pétroliers.
Dans l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Nigéria est le principal client du Bénin, avec 31 % des exportations, suivi du Togo (28 %) et du Burkina Faso (20 %). Les produits exportés vers ces pays comprennent principalement du riz, de l’huile de palme et des savons. En ce qui concerne les importations depuis la Cedeao, le Togo, la Côte d’Ivoire et le Nigéria sont les principaux fournisseurs, avec des exportations de produits pétroliers, d’insecticides et de véhicules à moteur vers le Bénin.
La tendance annuelle reste favorable aux exportations, mais la chute des importations pourrait signaler des défis économiques internes, tels qu’une baisse de la demande ou des difficultés d’approvisionnement. Pour renforcer sa position sur la scène internationale, le Bénin devra diversifier ses exportations et réduire sa dépendance à l’égard des biens importés comme le riz et les produits pétroliers. Une telle diversification améliorerait la résilience économique du pays face aux fluctuations des prix des matières premières et aux chocs extérieurs.
Source : INSTaD, août 2024
La tendance annuelle reste positive pour les exportations, mais l’effondrement des importations pourrait signaler des défis économiques internes