L ’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a annoncé la semaine dernière que les pays riches ont – enfin – déboursé 115,9 milliards US$ de financement climatique pour les pays en développement en 2022, deux ans plus tard qu’initialement prévu. Mais cela n’a pas plu aux activistes du climat qui regrettent que le financement ait pris du retard et est truffé d’ambiguïtés et d’insuffisances.
Issa DA SILVA SIKITI
« Leur incapacité à atteindre l’objectif à temps a été un point sensible des négociations de l’ONU sur le climat, alimentant la méfiance entre les gouvernements riches et les pays pauvres, qui ont eu du mal à couvrir le coût de la transition à une énergie plus propre et à s’adapter à l’aggravation des impacts du changement climatique », a martelé le World Resources Insitute (WRI), une ONG américaine de défense de l’environnement.
A en croire Harjeet Singh, militant de la justice climatique, le processus d’allocation et de comptabilisation du financement climatique est ambigu – une plainte reprise depuis longtemps par les pays en développement, qui ont appelé à plus de clarté et de transparence sur la façon dont les chiffres sont calculés.
« Une grande partie du financement est reconditionnée sous forme de prêts plutôt que de subventions et est souvent liée à l’aide existante, brouillant les lignes d’une véritable aide financière », a déclaré Singh, cité dans une tribune rédigée par Megan Rowling et Matteo Civillini et publiée vendredi sur le site du WRI.
Un autre activiste, Ian Mitchell, a réagi à la satisfaction « quelque peu exagérée » affichée par le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, qui a fait savoir que l’augmentation annuelle du financement climatique a démontré une réalisation importante et symbolique qui contribue dans une certaine mesure à rattraper le retard de deux ans et contribuer à instaurer la confiance.
Réorienté et ré-étiqueté
« Une partie importante de cette augmentation est due au fait que les prestataires ont étendu, réorienté et ré-étiqueté le financement du développement existant », a indiqué Mitchell.
Mélanie Robinson, directrice mondiale du climat, de l’économie et des finances du WRI, également citée par cette tribune, a souligné que combler le déficit de financement des pays les plus pauvres devrait être « la priorité absolue » des négociations du Nouvel Objectif Chiffré Collectif (NCQG) à la COP29.
Cependant, a ajouté Robinson, le succès ne dépendra pas seulement de l’obtention d’un montant net beaucoup plus important.
« Par exemple, il est crucial que le nouvel objectif de financement climatique garantisse que le financement soit accessible et n’alourdit pas les pays en développement avec une dette encore plus insoutenable ».
L’Afrique ne produit que 3,8% des quantités mondiales de gaz à effet de serre (GES), mais elle est la partie du monde qui subit de plein fouet les effets de changement climatique dont de grands pollueurs comme la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Union européenne, la Russie et le Brésil en sont les premiers responsables.
Ensemble, ces pays ont généré 61,6% de GES mondial en 2022.