Alors qu’elle revient en boucle à tous les rendez-vous internationaux, la transition énergétique dans les pays en développement se trouve confrontée à un énorme déficit d’investissement. Face à cet état des lieux, la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), appelle à un sursaut patriotique mondial pour un meilleur développement durable.
S.T.
Si l’humanité toute entière s’accorde sur la nécessité de prioriser la transition énergétique pour sauver la planète, du côté des Pays en voie de développement, l’investissement massif dans les énergies propres se trouve confronté à un déficit criard. C’est pour donc inverser la tendance que la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), à travers son « Rapport sur l’investissement dans le monde 2023 » publié le 05 juillet dernier, appelle à soutenir d’urgence les pays en développement afin de leur permettre d’attirer beaucoup plus d’investissements pour leur transition vers les énergies propres. Selon la publication, alors qu’une grande partie des investissements internationaux dans les énergies renouvelables, qui ont presque triplé depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015, s’est concentrée dans les pays développés, les pays en développement ont besoin d’environ 1 700 milliards de dollars par an d’investissements dans les énergies renouvelables. Cependant, souligne le rapport, ils n’ont attiré que 544 milliards de dollars d’investissements directs étrangers dans les énergies propres en 2022. Les besoins totaux de financement au titre de la transition énergétique dans les pays en développement sont beaucoup plus importants et comprennent des investissements dans les réseaux électriques, les lignes de transmission, le stockage et l’efficacité énergétique. Face à ce tableau, la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, ne manque pas d’insister sur l’importance de soutenir les Pays en développement. « Une augmentation significative des investissements dans les systèmes énergétiques durables dans les pays en développement est cruciale pour que le monde atteigne les objectifs climatiques d’ici 2030 », a-t-elle déclaré.
Pacte pour l’investissement dans les énergies durables
Le rapport propose un pacte définissant des actions prioritaires allant des mécanismes de financement aux politiques d’investissement afin de permettre aux pays en développement d’attirer des investissements pour mettre en place des systèmes énergétiques durables. Pour ce qui est du financement, le rapport préconise de réduire les risques liés aux investissements dans la transition énergétique dans les pays en développement au moyen de prêts, de garanties, d’instruments d’assurance et de prises de participation du secteur public, par le biais de partenariats public-privé et de financements mixtes, et des banques multilatérales de développement. En outre, les partenariats entre les investisseurs internationaux, le secteur public et les institutions financières multilatérales peuvent réduire considérablement le coût du capital pour les investissements dans les énergies propres dans les pays en développement. La CNUCED souligne également la nécessité d’un allègement de la dette afin d’offrir aux pays en développement une marge de manœuvre budgétaire leur permettant de réaliser les investissements nécessaires à la transition vers les énergies propres et de les aider à attirer les investissements privés internationaux en abaissant la notation du risque pays.
Ralentissement de la croissance des investissements dans les énergies renouvelables
Le rapport montre que la croissance des investissements dans les énergies renouvelables s’est ralentie en 2022, en raison de la baisse des opérations de financement de projets internationaux. Bien que le total des investissements internationaux dans les énergies renouvelables ait presque triplé depuis 2015, dans les pays en développement leur taux de croissance n’a dépassé celui du PIB que de façon marginale. Le rapport constate également que les entreprises énergétiques parmi les 100 plus grandes multinationales se défont de leurs actifs liés aux combustibles fossiles à un rythme d’environ 15 milliards de dollars par an. Mais l’une des principales préoccupations est que les acheteurs privés (non cotés en bourse), qui comprennent principalement des fonds d’investissement privés, ont souvent des objectifs de réduction des émissions plus faibles, voire inexistants, et des normes d’information sur le climat moins rigoureuses. Cette situation appelle un nouveau modèle de conclusion d’accords sur le climat, selon le rapport.
Les flux d’investissement mondiaux chutent en raison de crises qui se chevauchent
Le rapport indique que les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux ont diminué de 12 % en 2022, pour atteindre 1 300 milliards de dollars, après un fort rebond en 2021 qui faisait suite à la chute brutale induite par la COVID-19 en 2020. Cette baisse est principalement due à la diminution des volumes de flux financiers et de transactions dans les pays développés. Le ralentissement est dû à des crises qui se chevauchent : la guerre en Ukraine, les prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie et les pressions exercées par la dette. La baisse des flux d’IDE a été principalement causée par les transactions financières des entreprises multinationales dans les économies développées, où les IDE ont chuté de 37 % pour atteindre 378 milliards de dollars. L’environnement mondial du commerce international et de l’investissement transfrontalier reste difficile en 2023. Les tensions géopolitiques restent élevées. Les récentes turbulences du secteur financier ont ajouté à l’incertitude des investisseurs. La CNUCED s’attend à ce que la pression à la baisse sur l’IDE mondial se poursuive en 2023.