Lancée le 11 mai dernier à Dakar, la 54ème Session de la commission économique pour l’Afrique (CEA) s’est achevée mardi 17 mai 2022. A l’occasion, le président du Sénégal, Macky Sall, a appelé à une nouvelle architecture financière mondiale qui servirait mieux l’Afrique.
Félicienne HOUESSOU
Placée sous le thème « Financer la relance de l’Afrique : innover », la Session 2022 de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a ressassé les corolaires de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Face à ce choc économique sans précédent, le président du Sénégal, Macky Sall, a déclaré dans son discours d’ouverture qu’une refonte complète était nécessaire. « Il était de la responsabilité des ministres africains présents d’appeler à une nouvelle architecture financière mondiale qui servirait mieux l’Afrique. La pandémie de Covid-19 a montré, selon le président Macky Sall, que les instruments financiers existants ne fonctionnaient pas pour les pays qui en avaient le plus besoin. Vera Songwe, sous-secrétaire générale de l’ONU et secrétaire exécutive de la CEA, a déclaré que la pandémie de Coronavirus s’était présentée comme une « attaque » non seulement contre la santé mais aussi contre l’économie. Les pays africains sont en guerre depuis trois ans. ‘’La guerre avec le temps, le Covid, le changement climatique, le terrorisme et la guerre contre la mauvaise gouvernance’’. Ainsi, trouver des solutions de financement innovantes était le besoin de l’heure, car « nous ne cherchons pas seulement la survie, mais la prospérité », dira-t-elle.
Combler le déficit de financement de l’Afrique
Malgré un taux de croissance estimé à 3,6 %, l’Afrique a besoin de niveaux élevés de financement, pour la transformation structurelle et pour réaliser l’Agenda 2030 pour le développement durable. Avant la pandémie de Covid-19, les économistes estimaient que les pays africains auraient besoin de 200 milliards de dollars par an pour atteindre leurs objectifs de développement durable. Maintenant, cela s’élève à 354 milliards de dollars par an. 285 milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires au cours des cinq prochaines années pour assurer une réponse adéquate à la pandémie. La croissance estimée est inférieure de 0,4 % aux prévisions précédentes, en raison de la crise ukrainienne. 55 millions d’Africains supplémentaires ont sombré dans la pauvreté et le risque de surendettement est élevé dans de nombreux pays africains.
Peter Blair Henry, doyen émérite de l’Université de New York, a déclaré qu’il était temps « d’écrire une nouvelle chanson pour l’Afrique ». Pour le professeur, peu de choses ont changé depuis les années 1950. Il a donc suggéré un «cadre à double obstacle» qui pourrait distinguer les pays dans leur capacité à absorber les investissements dans les infrastructures. La CEA a constaté que les initiatives actuelles visant à combler le déficit de financement de l’Afrique sont souvent elles aussi à courte vue. Le soutien bilatéral et multilatéral aux efforts de relèvement en cas de pandémie, bien qu’utile, a laissé de côté plusieurs pays vulnérables à revenu intermédiaire. L’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) ne faisait que reporter les paiements du service de la dette bilatérale des pays à faible revenu et les créanciers privés n’offraient pas de traitement comparable. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a été décrite comme un facteur de changement potentiel, avec sa capacité démontrée à regrouper les pays dans un marché unique, comme cela s’est produit avec la création de la Plateforme africaine de fournitures médicales (AMSP) et de la Pharma dirigée par la CEA.