Crise sanitaire au départ, la Covid-19 qui a engendré une crise mondiale dans les secteurs d’activités socio-économiques, organisationnelles et stratégiques, retient l’attention des universitaires béninois et africains. A l’Université d’Abomey-Calavi, le jeudi 27 octobre 2022, l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) y a consacré sa 1ère grande conférence. Occasion pour les chercheurs en sciences biomédicales ayant travaillé sur le produit APIVIRINE du Dr AGON Valentin de la société API-BENIN, et des acteurs d’autres disciplines, de faire l’état des lieux, de se projeter et d’apprécier les défis du continent en matière sanitaire.
Apparue avec un fort taux de décès et de remise en cause des nombreux acquis de l’humanité, la pandémie de Covid-19 comme test des systèmes de santé, reste au centre de l’attention des chercheurs africains, notamment béninois qui s’y intéressent pour capitaliser les travaux de recherche. C’est dans ce dessein que s’est tenue la 1ère Grande Conférence de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) autour du thème « Covid-19 : Réalité, Enjeux et Perspectives au Bénin ». En tant que premier organisme scientifique indépendant du Bénin, l’ANSALB à travers cette rencontre, se veut d’une part, avec les acteurs de différentes disciplines, d’analyser les leçons à tirer de l’expérience acquise afin de se préparer au mieux à une éventuelle résurgence de la crise ou à la survenue future d’autres crises de nature semblable. D’autre part, elle se veut d’exposer une vision globale et unifiée des enjeux ainsi que des pistes de solutions liées à la crise engendrée par la Covid-19. Dans son discours d’ouverture, le Président du Comité d’organisation, le Prof académicien Blaise Ayivi n’a pas manqué de rappeler l’importance de ce rendez-vous du donner et du recevoir scientifique. « Cet événement majeur rentre dans le cadre de la série des Grandes Conférences pour rendre visibles auprès des Béninois les travaux de recherche. (…) Il n’est pas donc anodin que l’Académie décide aujourd’hui de faire le bilan et d’évaluer l’impact que cette crise a eu sur les populations béninoises ». Mettant un focus sur la contribution des solutions endogènes au bien-être national, ce rendez-vous a été le lieu d’exposer les multiples effets d’APIVIRINE sur la Covid-19. Cette rencontre scientifique initiée par l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) vient mettre la lumière sur les efforts du gouvernement burkinabé qui a fait tôt l’option d’étudier à fonds la solution APIVIRINE, ce qui a permis d’en arriver là. L’ANSLB remplit sa fonction de promotion de la recherche et des innovations dans un contexte où l’Etat devrait s’inviter dans l’accompagnement et la valorisation des innovations scientifiques endogènes.Parlant de l’Etat, rappelons que l’essai clinique sur APIVIRINE est commandité par le gouvernement du Burkina Faso, financé par le gouvernement du Burkina Faso, lancé par le gouvernement du Faso par l’intermédiaire du Ministre en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, organisé, réalisé par l’institution étatique sous la tutelle de ce ministère c’est-dire l’Institut de Recherche en Science de la Santé IRSS et validé par le comité d’éthique du Burkina Faso.
Encourager les solutions endogènes : cas de l’Apivirine
Rappelant que le manque de thérapie spécifique contre la Covid-19 a amené l’OMS et les CDC Afrique à recommander la recherche de solutions en médecine traditionnelle, les professeurs Martial Ouédraogo et Sylvin Ouédraogo ont présenté à l’assistance les différentes démarches effectuées pour évaluer la sécurité, la tolérance et l’efficacité de l’Apivirine chez les adultes atteints de Covid-19 au Burkina Faso. D’après leur présentation, au terme des essais cliniques déroulés du 30 octobre 2020 au 04 janvier 2021, et qui ont consisté à administrer trois gélules d’APIVIRINE dosées à 350 mg toutes les six (06) heures jusqu’à négativation, aucun effet indésirable grave n’a été noté chez les patients. « Les signes fonctionnels et généraux ont évolué vers une disparition à la deuxième visite à l’exception de l’anosmie et de l’asthénie qui ont disparu à la visite 3 chez respectivement 1 et 2 patients. Aucune anomalie du rythme cardiaque n’a été observée. Les paramètres biologiques se sont améliorés progressivement », a expliqué dans sa présentation le professeur Martial Ouédraogo. Pour ces investigateurs, ces résultats qui sont en faveur d’une innocuité de l’APIVIRINE donnent des indications sur son efficacité contre la Covid-19. C’est d’ailleurs ce qui a milité en faveur de l’adoption de cette solution africaine aux Etats-Unis d’Amérique où la boîte d’APIVIRINE est produite par des industries pharmaceutiques américaines et vendues à 69 dollars américains (45000 FCFA). Saisissant l’occasion, il s’est fait le devoir d’inviter l’ensemble des Africains à se départir du complexe d’infériorité pour véritablement promouvoir leur savoir-faire. « Des solutions endogènes sont possibles face à cette pandémie si les Africains arrivent à s’élever au-dessus de leur complexe d’infériorité, du diktat des grandes firmes pharmaceutiques, du manque de confiance réciproque, du poids des rumeurs et des fausses informations distillées dans les réseaux sociaux », va-t-il exhorter. Il est à noter que les échanges à cette rencontre ont tourné autour de trois 03 panels à savoir réalité, enjeux et perspectives de la Covid-19. Ainsi, plusieurs communications ont été présentées. On note : « Covid-19 : véritable urgence sanitaire mondiale ? » ; « De l’origine de la Covid-19 à l’émergence des variants du SARS-COV-2 » ; «Covid-19 : en attendant la prochaine pandémie», « Covid-19 : immunité naturelle, vaccination et mode d’action des traitements» ; « Gestion de la Covid-19 : place de la vaccination » ; « Covid-19: la grande réinitialisation» ; «Solutions endogènes : le cas de l’Apivirine» ; «Droits humains et urgence sanitaire en cas de pandémie» ; « Impacts de la Covid-19 sur l’économie béninoise et perspectives.
Des exploits possibles grâce à l’Etat Burkinabé
Aujourd’hui, s’il est une fierté pour nombre de scientifiques et leaders africains de citer « Apivirine » comme une des solutions de médecine traditionnelle africaine contribuant à ralentir et à éradiquer la pandémie du coronavirus, au-delà de son inventeur et de l’équipe à l’œuvre, le mérite revient également à l’Etat Burkinabé d’une part pour l’avoir scientifiquement étudié et d’autre part à l’Etat béninois pour avoir accouché cette invention par son digne fils le Dr AGON Valentin aujourd’hui en activité en Amérique du Nord.
Le Gouvernement du Faso par l’entremise de son partenaire financier : FONRID aassuré la fourniture gratuite des traitements de l’étude et le financement de l’ensemble de l’essai clinique sur le phytomédicament APIVIRINE. L’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), quant à lui en aassuré la coordination. Il est sans ambages que cette étude sur APIVIRINE a été commanditée, financée et organisée dans son entièreté par la République du Burkina Faso
En effet, au moment où d’autres Etats n’ont ménagé aucun effort pour se complaire dans le complexe d’infériorité voire d’incapacité à proposer de remède contre cette pandémie, attendant la solution « Made in Occident », les autorités Burkinabè, dans un élan panafricain, n’ont pas hésité à donner carte blanche à des essais cliniques sur l’Apivirine.
Au terme de l’essai clinique conduit par Martial Ouédraogo, Professeur Titulaire de Pneumologie et Coordonnateur du Comité national de réponse à la pandémie du COVID-19, les résultats se sont avérés plus que satisfaisants. Cette avancée sans appel de la pharmacopée africaine sera dès lors saisie par les USA qui l’adoptent au détriment du continent africain dans son ensemble.
Au vu de cette expérience, sans compter de nombreuses autres découvertes africaines qui peinent à être valorisées par les Etats africains, il apparait urgent pour les leaders africains de faire un examen de conscience, une introspection susceptible de faire naître et de renforcer le « complexe du possible », « l’esprit de la conquête » pour le bonheur des Africains. Déjà, si des essais et études ont montré, selon les autorités Burkinabè que l’Apivirine est un anti Covid19, un antirétroviral, un antiviral efficace sur plusieurs virus dont celui du VIH/SIDA et présente un bon profil de sécurité, n’est-il pas temps que les Communautés économiques régionales (CER) d’Afrique (Cedeao, CAE, CEN-SAD, COMESA, UMA, CEEAC) avec à leur tête l’Union africaine (UA) s’y penchent pour sauver le capital humain du continent des épidémies et autres maux ? Les scientifiques qui travaillent à la proposition de solutions endogènes efficaces doivent être également soutenus et accompagnés. Les innovateurs de trempe du Docteur Valentin Agon méritent d’être célébrés et soutenus dans leurs efforts de tous les jours pour révéler les potentialités scientifiques du continent africain qui, à n’en point douter, regorgent de nombreux talents à l’instar de ce célèbre béninois. Tout l’honneur est au Bénin ! Une chose est certaine, l’avenir de l’Afrique réside en la capacité de ses dirigeants à soutenir l’innovation locale.
ENCADRE
Solutions endogènes : le cas de l’Apivirine
Résumé des résultats de l’essai clinique
Le manque de thérapie spécifique contre le covid-19 continue de poser un problème. Malgré de nombreuses pistes proposées par de nombreuses équipes. Ces pistes ont en effet suscité de ces espoirs mitigés dans le monde. Ainsi, la piste des vaccins a semblé prometteuse, poussant la communauté scientifique internationale à la «précipitation» dans leurs utilisations, compte tenu de l’urgence sanitaire mondiale occasionnée par le COVID 19. L’OMS et les CDC Afrique, conscients des énormes possibilités qu’offre la médecine traditionnelle ont recommandé la recherche de solution face à cette pandémie, en exploitant cette médecine. Ainsi, à l’instar de Madagascar, plusieurs Etats du continent ont plaidé pour l’intégration de la médecine traditionnelle dans la riposte contre la pandémie notamment le Congo, le Cameroun, le Gabon ainsi que le Burkina Faso.
C’est dans ce contexte qu’a été réalisée étude clinique ouverte de phase II, qui a évalué la tolérance et l’efficacité de l’APIVIRINE chez 45 patients atteints de COVID-19 au Burkina Faso. L’APIVIRINE est un phytonedicament antirétroviral proposé pour la prise en charge du VlH/SIDA. Il est fabriqué à partir des extraits aqueux de feuilles de D. glomerata. L’inclusion s’est déroulée du 30 octobre 2020 au 04 janvier 2021. Chaque patient a reçu trois gélules d’APIVIRINE dosées à 350mg toutes les six heures jusqu’à négativation. Le suivi virologique par RT-PCR a consisté à la recherche de trois gènes spécifiques au SARSCoV2 (N, S, ofrl ab). La charge virale du SRAS-CoV-2 a été évaluée indirectement avec les Cycles Thresholds (CT).
Aucun effet indésirable grave n’a été notifié. Les signes fonctionnels et généraux ont évolué vers une disparition à la deuxième visite à l’exception de l’anosmie et de l’asthénie qui ont disparu à la visite 3 chez respectivement 1 et 2 patients. Aucune anomalie du rythme cardiaque n’a été observée. Les paramètres biologiques se sont améliorés progressivement. Au plan virologique, Les résultats ont objectivé une nette augmentation des cycles de réplications des 3 gênes entre J4 et J7 (48,89% des patients).; maintenue Entre J7 et J14 pour les gênes S et O. Pour Les gênes N, malgré une baisse des CT, la cinétique reste significativement supérieure aux CT initiaux. Le taux de guérison après 14 jours était de 86%. Toutefois, le taux de guérison était de 93,33% au 15è« » jour.
Ces résultats qui sont en faveur d’une innocuité de l’APIVIRINE donnent des indications sur son efficacité contre le COVID-19. Cependant, des expérimentations ultérieures permettraient d’établir le ou les molécules à l’origine des effets inhibiteurs de la réplication virale et leur mécanisme d’action. Ainsi, des solutions endogènes sont possibles face à cette pandémie si les africains arrivent à s’élever au-dessus de leur complexe d’infériorité, du dictat des grandes firmes pharmaceutiques, du manque de confiance réciproque, du poids des rumeurs et des fausses informations.
Par l’Investigateur principal de l’étude, le Pr. Martial Ouédraogo, Médecin Pneumologue, Enseignant Chercheur, Chef de Service de Pneumologie du CHU-YO, Chevalier de l’ordre des Palmes Académique.
- Les données monographiques
Dichrostachys glomerata (Forssk.) ou Dichrostachys cinerea (Mimosaceae) est un petit arbre ou arbuste à feuilles caduques rencontré dans plusieurs pays d’Afrique (Sénégal, Cameroun, Ouganda, Zaïre) en Asie, en Australie, etc. Ces feuilles servent de cataplasme pour le traitement des abcès, des furoncles, des brûlures, du mal de dent, du mal de tête et des oedèmes. Le jus de feuilles est également utilisé contre les problèmes oculaires, les piqûres de scorpion, les douleurs abdominales mais également contre la blennorragie et en diurétique La décoction ou l’infusion de feuilles se prend contre le paludisme, les problèmes stomachiques, l’indigestion, la diarrhée, le catarrhe, la pneumonie, l’asthme, les rhumatismes, l’arthrite, les maladies vénériennes, les morsures de serpent et la stérilité.
Sur le plan phytochimique, les extraits de la plante ont montré la présence de Tanins galliques et Tanins catéchiques (majoritaires), d’alcaloïdes, dé flavonoïdes et de saponosides (abondants), d’anthocyanes, leucoanthocyanes, de Stéroïdes et Terpènes (moins abondants) et: d’huiles essentielles (sous forme de trace) et de nombreuses molécules y ont été identifiées.
Des études ont montré que des extraits de D. glomerata a présente des propriétés antivirales contre les virus Poliovirus Astrovirus, HSV 1, Equine HSV, Bovine Canine et parvovirus parvovirus (Kudi et Myint, 1999). Des extraits au méthanol d’écorces et de racines de la plante ont montré une activité antibactérienne qui agit aussi en synergie avec les antibiotiques contre les bactéries poly-résistantes. L’extrait de feuilles de D. glomerata a également montré un effet antiviral significatif contre le virus de la grippe A (H5N1) avec un taux d’inhibition (74%) et un effet trypanocide important contre Trypanosoma evansi.
Sur le plan de la sécurité d’emploi, l’extrait méthanolique des feuilles de la plante n’a montré aucune mortalité jusqu’à une dose de 3 500 mg / kg de poids corporel. Une étude de la toxicité sub-chronique (90 jours) et de la génotoxicité de l’extrait aqueux des gousses et fruits de D. glomerata n’ont pas entraîné de mortalité ni de signes cliniques de toxicité (poids corporel, de gain de poids corporel ou de consommation d’aliments). De même, aucun changement toxicologique significatif lié au traitement dans les paramètres hématologiques et biochimiques jusqu’à une dose de 2500 mg / kg /jour de poids corporel. De plus, aucune anomalie histologique des organes vitaux n’a été observée. Aussi, les tests n’ont pas révélé de génotoxicité pour cet extrait.
Par le coordinateur de l’étude, Pr Sylvin Ouédraogo, Pharmacologue, Directeur de Recherche, Directeur de l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), Ouagadougou, Burkina Faso.