Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu, le mercredi 2 mars 2022, sa première réunion ordinaire au titre de l’année 2022, par visioconférence, sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque Centrale, son Président statutaire.
Communiqué de presse de la réunion ordinaire du Comité de Politique Monétaire de la BCEAO tenue le 2 mars 2022
Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu, le mercredi 2 mars 2022, sa première réunion ordinaire au titre de l’année 2022, par visioconférence, sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque Centrale, son Président statutaire.
Le Comité a passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme d’inflation et de croissance économique dans l’Union.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité a noté que la reprise de l’activité économique mondiale s’est poursuivie au quatrième trimestre 2021, nonobstant la persistance des contraintes sur l’offre et l’apparition du variant Omicron du coronavirus. Selon le Fonds Monétaire International, l’économie mondiale connaîtrait en 2021 un rebond de 5,9%, après une contraction de 3,1% en 2020. Elle devrait croître de 4,4% en 2022 et de 3,8% en 2023. Ces perspectives sont entourées de risques baissiers relatifs à l’émergence de nouveaux variants du coronavirus, à la persistance des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, à la hausse des prix des produits de base ainsi qu’à l’accentuation des tensions géopolitiques.
Sur les marchés internationaux des matières premières, les cours des produits énergétiques ont poursuivi leur progression durant le dernier trimestre de l’année 2021, sous l’effet du raffermissement continu de la demande mondiale. Ainsi, les prix du pétrole ont progressé de 9,3%, en variation trimestrielle, après une hausse de 6,9% le trimestre précédent, de même que ceux des produits hors-énergie qui ont rebondi, après une légère baisse au troisième trimestre 2021. Par ailleurs, les prix mondiaux des denrées alimentaires de base se sont accrus de 20,6%, sur le dernier trimestre de 2021 par rapport à la même période de l’année précédente. S’agissant spécifiquement des produits alimentaires de base importés par les pays de l’Union, ils ont enregistré un renchérissement global de 22,2% au quatrième trimestre. Cette évolution traduit essentiellement la hausse des prix internationaux du blé de 29,8%, du sucre de 21,9% et du riz de 11,9%.
Dans ce contexte marqué par le renchérissement des produits de base, les tensions inflationnistes se sont accentuées dans l’ensemble des régions du monde sur la période récente.
Examinant la conjoncture économique dans l’UEMOA, le Comité a relevé un raffermissement de l’activité économique au quatrième trimestre 2021, avec une croissance, en rythme annuel, de 5,1%, après 5,8% au trimestre précédent. Cette évolution est attribuable à la bonne tenue de la demande intérieure. Pour l’ensemble de l’année 2021, le PIB de l’Union, en termes réels, progresserait de 5,5% après une croissance de 1,8% en 2020, en lien avec la mise en œuvre de projets de relance économique par les Etats membres ainsi que le maintien d’une politique monétaire accommodante par la BCEAO.
Pour l’année 2022, les prévisions tablent sur une croissance économique de 6,1% pour l’Union. Le Comité de Politique Monétaire a toutefois noté que ces perspectives demeurent encore fragiles et entourées de risques baissiers, en liaison avec de fortes incertitudes relatives à l’évolution de la crise sanitaire, à l’environnement sécuritaire dans l’Union, à l’orientation des cours du pétrole ainsi qu’à l’impact des tensions géopolitiques dans le monde.
L’exécution des opérations financières des Etats membres de l’UEMOA, au titre de l’année 2021, fait ressortir une dégradation du déficit budgétaire par rapport à 2020, induite par la mise en œuvre par les pays de plans de relance économique. Le déficit global, base engagements, dons compris, s’est établi à 5,9% du PIB contre 5,6% un an plus tôt.
Sur le marché monétaire, la détente des taux d’intérêt s’est poursuivie au cours du quatrième trimestre 2021, en ligne avec le maintien d’une politique monétaire accommodante. La Banque Centrale assure la couverture de tous les besoins de liquidité exprimés par les banques à ses guichets à son taux minimum de 2%. Sur le marché interbancaire, le taux d’intérêt moyen pondéré, toutes maturités confondues, est ressorti en légère baisse, s’établissant à 2,51% au quatrième trimestre 2021 contre 2,60% un trimestre plus tôt. Le taux d’intérêt débiteur moyen, hors taxes et charges, appliqué par les banques à leur clientèle est ressorti à 6,22% au quatrième trimestre 2021, stable par rapport au trimestre précédent.
La masse monétaire a progressé, en rythme annuel, de 16,3% à fin décembre 2021, reflétant l’évolution de ses contreparties. Ainsi, les créances sur l’économie se sont accrues, en rythme annuel, de 11,3% à fin décembre 2021. Les actifs extérieurs nets des institutions monétaires de l’Union se sont également renforcés de 609,1 milliards au terme de l’année 2021. Les réserves de change de l’Union se sont consolidées de 2.308,7 milliards pour s’établir à 14.039,9 milliards à fin décembre 2021. Elles correspondent à un taux de couverture de l’émission monétaire de 79,3% et assurent à l’Union 6,0 mois d’importations de biens et services.
Le Comité de Politique Monétaire a noté l’accentuation des tensions inflationnistes dans l’Union. Le niveau général des prix a progressé, en glissement annuel, de 5,0% au quatrième trimestre 2021 contre une hausse de 3,8% un trimestre plus tôt. Cette évolution des prix est imputable essentiellement à la baisse de la production alimentaire locale, au renchérissement des produits alimentaires importés et aux difficultés d’approvisionnement des marchés induites par les crises sanitaire et sécuritaire dans certains pays.
Selon les prévisions, les prix à la consommation devraient progressivement décélérer pour se situer, à l’horizon de huit trimestres dans l’intervalle cible de 1% à 3%. Cette tendance serait imprimée par la modération de l’évolution des prix des produits alimentaires et pétroliers par rapport à 2021, la hausse attendue de la production vivrière pour la prochaine campagne agricole 2022/2023 et la poursuite de la décélération du coût de fret.
La balance des risques entourant ces perspectives d’inflation est toutefois haussière, en raison des incertitudes liées à l’évolution de l’inflation au niveau mondial, à l’incidence de l’insécurité sur la production et à l’impact des tensions géopolitiques.
Sur la base de ces analyses, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangée l’orientation actuelle de la politique monétaire. Ainsi, le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité demeure à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%, niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union reste inchangé à 3,0% depuis le 16 mars 2017.
Dans les mois à venir, le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO continuera à accorder une attention particulière à la dynamique d’évolution de l’inflation et prendra, le cas échéant, les mesures nécessaires pour assurer la stabilité des prix.
Fait à Dakar, le 2 mars 2022
Le Président du Comité de Politique Monétaire
Tiémoko Meyliet KONE