Les locaux de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) à Cotonou ont servi de cadre pour la tenue de la 113ème session ordinaire du Conseil d’administration (CA) de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Aux ternes des assises sous la houlette de Christian ADOVELANDE, président du CA, président de la BOAD, divers engagements financiers d’un montant global de 136,2 milliards FCFA ont été pris pour les économies des pays de l’UEMOA.
Falco VIGNON
De nouveaux financements de la BOAD seront bientôt octroyés aux économies des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Les assises de la 113ème session ordinaire des administrateurs de la Boad ont permis de valider le financement en faveur des économies ouest africaines. En effet,après avoir approuvé le procès-verbal de la 112ème réunion, tenue le 20 mars 2019 à Dakar au Sénégal, le conseil a pris connaissance de l’affectation de la dotation annuelle ordinaire versée par les Etats au titre de l’exercice 2018, et du compte rendu de la revue annuelle de la notation de la BOAD par les agences de rating. Ainsi, les administrateurs réunis à Cotonou, ont également approuvé 11 nouvelles opérations dont sept prêts à moyen et long termes pour un montant total de 115 milliards FCFA, deux lignes de refinancement pour un montant de 15 milliards FCFA, un prêt à court terme d’un montant de 5 milliards FCFA et une prise de participation d’un montant de 1,2 milliard FCFA. Ces opérations portent à 5 684,3 milliards FCFA, le cumul des engagements (toutes opérations confondues) de la BOAD depuis le début de ses activités. Selon le communiqué qui a sanctionné la 113ème session ordinaire,les engagements approuvés portent sur le financement partiel de plusieurs projets. Il s’agit du financement du Programme d’Appui au Développement des Economies Locales (PADEL) dans six (06) régions du Burkina Faso (Hauts-Bassins, Sud-Ouest, Centre, Plateau, Central, Cascades et Centre-Ouest). Le projet a pour objet la réalisation, en faveur des populations et des collectivités dans six (06) régions du Burkina (Cascades, Centre, Centre-Ouest, Sud-Ouest, Hauts-Bassins et Plateau Central), d’un ensemble d’infrastructures de production, de mise en marché et de communication, pour soutenir leurs activités économiques ; la mise en place d’une ligne de crédit de 1 000 MFCFA au profit de 3 000 micro et très petites entreprises (MTPE). Il y a également le renforcement des capacités techniques de 2 000 Unités de Production Informelle (UPI). Le montant du prêt est de 20 milliards FCFA.
Le financement d’appui aux économies de l’Uemoa
Le projet financé par la Boad au Togo a pour objet l’aménagement et le bitumage du tronçon Katchamba-Sadori de la route nationale n°17 (RN17) sur une longueur totale de 60 km, et la construction de deux (02) ponts sur les rivières Kara et Koumongou. L’objectif global est de maintenir une circulation routière permanente fluide entre la localité de Katchamba de la Région de la KARA et celle de Sadori dans les savanes tout en facilitant le désenclavement de toute la partie ouest de ces deux (02) régions. Le montant du prêt s’élève à 20 milliards FCFA.
Pour ce qui concerne le Burkina-Faso, il s’agit de la réhabilitation du port sec de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Le projet a pour objet, la réhabilitation des voiries et réseaux divers (VRD) de bâtiments, du parking et d’ouvrages connexes de la plateforme logistique multimodale existante du port sur une superficie globale de 19 ha. L’objectif principal du projet est l’amélioration de la qualité de service de transport et de traitement des marchandises à l’importation et à l’exportation. Le montant du prêt est de 2 milliards FCFA.
Quant au Mali, il s’agit de la viabilisation du site et de construction de 1 085 logements sociaux et économiques à Samanko en République du Mali. Le projet a pour objet : la viabilisation du site de 42 hectares situé à Samanko à 15 kilomètres du centre-ville de Bamako, dans la commune rurale de Mandé et la construction sur ce site de 1 085 logements dont 785 logements sociaux (565 de type F3 et 220 de type F4) et 300 logements économiques (175 de type F3 et 125 de type F4), à céder en location-vente aux bénéficiaires. Le montant de l’accord du prêt est de 25 milliards FCFA.
Pour le Niger, c’est la modernisation de l’aéroport de Niamey et construction de l’aéroport de Tillabéri, en République du Niger. Le projet a pour objet : la modernisation de l’aéroport de Niamey et sa mise sous exploitation technique et commerciale en PPP et la construction de l’aéroport de Tillabéri pour accueillir tous les mouvements d’aéronefs non commerciaux et servir d’aéroport de relais. Pour l’aéroport de Niamey, les travaux concernent la construction et l’équipement d’une nouvelle aérogare de passagers à deux niveaux, ainsi que la rénovation de l’ancien terminal. En ce qui concerne l’aéroport de Tillabéri, les travaux portent sur la construction d’une piste d’atterrissage avec les aires de stationnement d’une aérogare et d’ouvrages connexes destinés au bon fonctionnement de l’aéroport. Le montant du prêt est de 14 milliards FCFA.
Le Sénégal a bénéficié du financement pour la mise en place d’une ligne à court terme en faveur de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) pour le refinancement partiel de la campagne intrants agricoles 2019-2020. L’objectif visé est de renforcer les ressources financières à court terme de la CNCAS, pour lui permettre de soutenir adéquatement les besoins de trésorerie des fournisseurs d’intrants au cours de cette campagne. La ligne contribuera notamment à l’achat d’environ 44 000 tonnes d’intrants. Le montant du prêt est de 5 milliards FCFA. Pour la Guinée Bissau, des prêts qui lui ont précédemment accordés, ont fait l’objet d’un réaménagement. Il s’agit de prêts pour le financement partiel : i) de la phase d’urgence du projet d’aménagement et de bitumage de 80 km de routes du réseau national prioritaire « construction du contournement sud de Bissau et de la route Bissau-Birla-Nhacra » et du projet de réhabilitation et de modernisation de l’aéroport international Osvaldo Vieira de Bissau.
Des infrastructures financées pour la locomotive de l’Uemoa
La Côte d’Ivoire a bénéficié de la construction, la réhabilitation et de l’équipement d’infrastructures scolaires. Le projet a pour objet, la construction et l’équipement de 3 000 salles de classes du préscolaire et du primaire, 25 collèges, 05 lycées et la fourniture de 100 000 tables bancs semi-métalliques sur l’ensemble du territoire national. L’objectif global est de contribuer à la mise en œuvre de la stratégie du Gouvernement en matière d’éducation nationale, qui vise à rendre l’école accessible à tous à l’horizon 2025. Le coût du prêt est de 30 milliards FCFA. Le pays de Ouattara a bénéficié également de du financement pour la création d’un complexe agro-industriel avicole par la société AGRO4LIFE SA à Toumodi, en Côte d’Ivoire. Le complexe sera notamment composé d’une unité d’élevage, d’une provenderie, d’une unité de recyclage de déchets et d’une unité de traitement des eaux usées. Le projet se justifie par l’existence d’un marché porteur pour les produits carnés à base de volaille et s’inscrit dans un cadre institutionnel marqué par le soutien de l’Etat pour la promotion de la production locale, à travers notamment le Plan Stratégique de Relance de l’Aviculture (PSRA) 2012-2021 de Côte d’Ivoire. Le montant du prêt s’élève à 4 milliards FCFA. Il y a de plus pour la Côte d’Ivoire, du financement pour la mise en place d’une quatrième ligne de refinancement en faveur de la Banque Malienne de Solidarité BMS-SA. Destinée au refinancement de projets d’investissements productifs dans les secteurs éligibles au financement de la Banque, cette ligne s’inscrit dans le cadre du troisième programme initié par la BOAD et la KFW visant à soutenir les Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) de l’UEMOA en améliorant leur accès aux moyens de financement par le canal du secteur bancaire commercial. Le montant de l’opération est de 10 milliards FCFA. Elle a bénéficié aussi de prêt pour la mise en place d’une ligne de refinancement en faveur de la Banque de l’Union Côte d’Ivoire (BDU CI). A l’instar de la ligne mise en place en faveur de la BMS SA, cette seconde ligne servira au refinancement de projets portés par les MPME, en vue d’améliorer leur accès aux moyens de financement par le canal du secteur bancaire. Le montant de l’opération est de 5 milliards FCFA. Il y a également pour la Côte d’Ivoire la prise de participation de la BOAD au capital social de MANSA BANK en Côte d’Ivoire. L’objectif visé est de créer une banque universelle avec un accent particulier sur l’inclusion financière au travers de la digitalisation et, sur la banque d’affaires, dont le capital social sera détenu à 100% par des acteurs de la zone UEMOA en vue de : favoriser l’émergence de grands groupes africains régionaux ; promouvoir les PME/PMI et faciliter l’accès au financement des particuliers et microentreprises exclus du système financier classique et accompagner efficacement les économies des Etats. Le montant de l’opération est de 1,2 milliards FCFA.
D’autres financements validés pour les économies de l’Uemoa
Le Conseil a approuvé la mise en place d’une ligne de crédit de la Banque mondiale et de gestion d’une subvention de « Clean Technology Fund (CTF) » dans le cadre du refinancement du projet d’électrification par des systèmes solaires isolés en Afrique de l’ouest et du centre (Regional off-grid electrification projet : ROGEP). L’objectif principal du ROGEP est d’accroître par une approche régionale harmonisée, l’accès des ménages, entreprises et collectivités locales à l’électricité, au moyen de systèmes solaires autonomes et modernes. La BOAD, y jouera le rôle d’intermédiaire entre la Banque mondiale, et les banques locales qui financeront les entreprises de fourniture de services dans les huit Etats membres de l’UEMOA. Le montant de la ligne est de 79,961 milliards FCFA. Quant à la subvention de la CTF, elle est destinée à couvrir 50 à 80% des pertes de crédit liées aux défauts technologiques des équipements du projet. Sa mise en place est prévue pour 2020. Le montant de la subvention s’élève à 39,18 milliards FCFA. Par ailleurs, le Conseil a approuvé la note de présentation des politiques de la Banque Ouest Africaine de Développement en matière de gestion environnementale et sociale dans le financement des projets, vérification de la conformité environnementale et sociale, règlement des griefs, prévention et de lutte contre la corruption et la fraude dans les opérations de la Banque et de protection des lanceurs d’alerte. Enfin, les administrateurs ont émis un avis favorable sur le bilan des réalisations à mi-parcours des prévisions financières de l’exercice 2019 et l’Etat de recouvrement des créances de la Banque au 31 mai 2019. Ils ont également pris connaissance du compte-rendu de la réunion ordinaire du Conseil des Ministres de l’UMOA tenue le 22 mars 2019 à Dakar. Le rendez-vous est pris pour la prochaine session de la Boad pour appuyer les économies de l’Uemoa.