La carte prépayée qui se révèle comme un formidable accélérateur de l’inclusion financière peine à rentrer dans les habitudes de la population. Sur l’émission ‘’Inclufinance’’ de Open Bénin Tv, le consultant en monétique et paiement électronique, Martin Biaou a estimé qu’au Bénin, les cartes prépayées ne donnent pas accès à un service financier de base.
Une carte prépayée est un instrument de paiement qui évite d’avoir à souscrire un abonnement dans le temps. Stockant le plus souvent de la monnaie électronique, elles permettent de disposer d’un moyen de paiement électronique utilisable sans ouverture de compte bancaire. Contrairement à la carte ordinaire, une carte prépayée est émise soit par une banque soit par un établissement agréé. Et pour cela, elle ne nécessite pas selon le consultant en monétique et paiement électronique Martin Biaou, que le porteur, dispose d’un compte bancaire. « La carte prépayée fonctionne comme le mobile money et c’est la solde que vous avez déposé sur votre compte qui est chargé sur votre carte. Cette carte devient comme votre porte-monnaie et vous pouvez l’utiliser pour faire vos achats », a-t-il expliqué. Très en vogue dans les pays anglo-saxons, la carte bancaire prépayée se veut démocratique et tout le monde peut l’avoir ; une version améliorée du porte-monnaie électronique. Mais le paiement marchand n’étant pas encore bien développé au Bénin, la carte bancaire prépayée est souvent utilisé lorsque le client est à l’étranger ou quand il achète sur internet. « Le paiement par internet et le paiement marchand ne sont pas encore développés dans notre sous-région. Du coup, les clients ne sont pas suffisamment outillés », a indiqué Martin Biaou. En effet, explique-t-il, la première limite pour ceux qui ont la carte c’est d’abord les difficultés pour recharger car les réseaux bancaires ne sont pas très étendus aux coins les plus reculés. La seconde limite, c’est que l’utilisation de la carte est trop limitée. « En Europe, vous pouvez utiliser la carte pour payer le journal, pour acheter dans les coins de rue. Chez nous ce n’est pas encore le cas. L’utilisation se fait quelque rare fois pour des besoins discrets. Les cartes prépayées sont d’abord conçu pour des gens qui n’ont pas de compte donc pour favoriser l’inclusion financière. Mais au finish c’est encore les populations bancarisées qui en profitent. Le système demeure encore sophistiqué et facilite la vie à des gens de classe élevée. Ils ne donnent pas accès à un service financier de base. Car le service de base c’est de pouvoir couvrir ses achats courants. Malheureusement la carte prépayée ne satisfait pas encore ces besoins », précise le consultant. A l’en croire, dans un pays comme le Bénin, l’inclusion financière passera par d’autres canaux comme le mobile. Il justifie « Si vous regardez dans la plupart de nos pays, à près de 100 ans d’existence des banques, les taux de bancarisation stagnent entre 15 et 20 pour cent pour les meilleurs. Alors qu’en moins de 20 ans dans certains pays la téléphonie mobile atteignait 100% de pénétration. Il est clair que le téléphone portable est plus accessible aux populations que la carte ». Ainsi, il a soutenu que le challenge aujourd’hui, c’est de transformer le mobile en vrai moyen de paiement.
Félicienne HOUESSOU