L’intelligence artificielle (IA) semble être le sujet le plus débattu pour le moment à travers le monde à cause des « miracles » qu’elle va accomplir dans tous les domaines de la vie des humains. Mais hélas, loin de douter du pouvoir de ce faiseur des miracles, une experte vient de révéler la « face cachée » de l’IA, l’impact négatif qu’elle pourrait avoir sur le marché du travail.
Julien COSTA
« Il n’est en aucun cas garanti que l’IA profitera aux humains, ni que les gains des gagnants suffiront à compenser les perdants. Il est tout à fait possible que l’IA remplace simplement les emplois humains sans créer de nouveaux emplois plus productifs pour les humains, comme l’a noté l’économiste Daron Acemoglu », a déclaré Gita Gopinath, première directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI).
L’économiste indo-américaine, qui a récemment tenu ces propos à l’université de Glasgow lors de la commémoration du 300ème anniversaire de la naissance de l’éminent économiste Adam Smith, a souligné que, malgré le potentiel de l’IA, le monde devrait aussi tenir compte de l’effet négatif général qu’elle pourrait avoir sur l’emploi et des bouleversements sociaux qui pourraient en résulter.
« Étant donné que le bien-être de l’individu et le sort du travailleur commun sous-tendaient une grande partie de la pensée d’Adam Smith, cela l’aurait sûrement troublé. Il était intéressé par le développement d’une économie qui fonctionnait pour tout le monde, pas seulement pour quelques élus », a expliqué Gina Gopinath.
« Tout au long de son livre « La richesse des nations », il a critiqué le système commercial mercantiliste dans lequel l’Angleterre cherchait à développer ses exportations à tout prix, avec trop de pouvoir de marché concentré entre les mains d’entreprises bénéficiant de monopoles commerciaux », a-t-elle ajoutée.
« Main invisible »
A en croire cette éminente professeure des études internationales de l’université de Harvard, alors qu’Adam Smith aurait été impressionné par l’émergence d’une technologie aussi puissante dans une économie mondialisée, il aurait également pu se rendre compte que la main invisible à elle seule ne suffirait peut-être pas à assurer de larges avantages à la société.
« En fait, dans de nombreux domaines, de la finance à la fabrication, la main invisible n’a pas suffi à garantir de larges avantages depuis un certain temps ».
Conséquemment, la cheffe économiste du FMI exhorte le monde à être prêt à faire face aux effets plus larges de l’IA sur les économies et les sociétés. Selon elle, compte tenu de la menace de pertes d’emplois généralisées, il est essentiel que les gouvernements mettent en place des filets de sécurité sociale flexibles pour aider ceux qui perdront leurs emplois.
« En plus, ils devraient aussi redynamiser les politiques du marché du travail pour aider les employés à continuer à travailler ».
Enfin, a-t-elle poursuivi, les politiques fiscales doivent également être soigneusement évaluées pour s’assurer que les systèmes fiscaux ne favorisent pas la substitution aveugle de la main-d’œuvre.