Tokpa-Tokpa, c’est par ce nom banal que les Béninois désignent les minibus qui relient les grandes agglomérations du Bénin. Ce mode de transport en commun plus répandu à Cotonou, Porto-Novo, Kraké et Ouidah et moins coûteux n’est pas sans risques pour les passagers.
Tokpa-Tokpa tire son nom du marché Dantokpa qui est le plus grand marché du Bénin. Les bonnes dames ont une préférence pour ce moyen de transport en commun au coût abordable qui défie toute concurrence. Avec une modique somme, tout usager peut monter à bord de ces taxis. Ce n’est pas le moyen de déplacement le plus sécurisé, confortable qu’il soit. Mais c’est sûrement le moyen le plus utilisé par les Béninois de diverses couches pour se rendre d’un endroit à un autre surtout au marché. Tokpa-Tokpa ou le transport en commun au Bénin fait partie du quotidien des Béninois et de certains étrangers. 8 heures du matin tous les jours, c’est l’heure de pointe chez les usagers de ce moyen de déplacement. Ils attendent par groupes ou par petits groupes au bord de la voie. Ils savent être patients car pour eux Tokpa- Tokpa n’est jamais loin. Ils guettent le moindre passage de ces bus pour filer à leur lieu d’activité. Mieux, pendant les fêtes de fin d’année, les bus surtout ceux en provenance de Tokpa sont bondés de monde. Les conducteurs à leur tour tirent bon compte de l’affluence des clients.
Jules Dossou-Yovo, conducteur de bus Tokpa-Tokpa rencontré à la gare du marché St Michel à Dantokpa confie : » Pour les années précédentes, nous voyons la population sortir jusqu’au point où il y a trop d’embouteillages dans les rues et nous travaillons peu. On doit travailler et gagner puisque le véhicule n’est pas à nous…c’est quelqu’un qui nous l’a laissé sous forme de contrat. On doit donc l’honorer.
Il y a de clients mais pas comme avant. Tout le monde se plaint même les vendeuses. Les clients discutent le prix. Quand on dit 300f, il va dire 250f même dire 200f. Bien sûr, parce qu’eux aussi n’ont pas les moyens. Il faut 10L d’essence. Combien on va charger avec ça ? À peine on prend 18 personnes comme places normales. Et puis en quittant Calavi pour Missessinto, c’est à 500f le transport. Quand tu viens à Arconville, ça fait 300f. Mais les gens arrivent avec 150, 200, 250f, faute de moyens. Sinon c’est 4 places normalement. Dans mon véhicule par exemple, dans une rangée, nous prenons 5. Je ne peux vous dire le prix exact. Mais le bon Dieu fait. Ce qu’on appelle »transport » est vraiment rentable »
Un transport abordable
Pour quitter Calavi-Arconville pour Tokpà, le passager a intérêt à payer une somme de 300 f. Sur le même tronçon, les passagers du Campus, Ita ou Togoudo sont astreints à payer 200 f pour se rendre au même lieu. Pour les voyageurs de Ouidah, Pahou, Cocotomey les prix varient de 1000 à 500 f en fonction du lieu où vous avez été pris. Tout calcul fait les bonnes dames et les usagers tirent profit de ce moyen de transport qui leur revient moins cher. Sur la chaine, c’est tout le monde qui est satisfait, du chauffeur, aux passagers en passant par celui qui sert d’intermédiaire entre le client et le chauffeur.
Par exemple en termes de coût de carburation, l’usager qui fait le déplacement Pahou – Tokpa, Tokpa-Pahou a besoin de trois litres d’essence pour ses courses. Ce qui lui revient à 1500 f. Par contre, avec le transport en commun il réalise une économie de 500 f sur le prix du transport. Tous les passagers approchés ont exprimé leur préférence sans limite pour Tokpa-Tokpa.
… au prix des risques
Il est courant d’entendre certains clients se plaindre de courbatures à la descente du bus. Les conditions de voyage sont vraiment peu confortables. Les places réservées à trois personnes sont occupées par cinq usagers, celles de quatre clients par six et celles de cinq usagers par sept. Les passagers sont parqués comme des sardines. Aucun mouvement du corps n’est possible pour dégourdir les muscles. La chaleur est étouffante au point où certains clients perdent parfois connaissance. Le temps ne compte pas pour ce type de transport qui peut mettre des heures pour arriver à destination. Il y a de la joie et aussi de la peine à prendre le transport en commun au Bénin.
Maribelle Ekagnon et Belmondo ATIKPO (Stag)