Les responsables du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont tenu, le mercredi 12 juin 2019 dernier à Dakar, leur deuxième réunion ordinaire au titre de l’année 2019. Au terme des assises, le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité qui est de 2,50% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal de 4,50% ont été maintenus.
Abdul Wahab ADO
Tous les indicateurs macroéconomiques et microéconomques des Etats de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) ont été passés au peigne fin par le Comité de politique monétaire. Ainsi, le comité a passé en revue les principales évolutions qui ont marqué la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant peser sur les perspectives à moyen terme, d’inflation et de croissance économique de l’union. En analysant les indicateurs économiques obtenus, le comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,50% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,50%. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’union demeure fixé à 3,0%. Le comité a relevé que la situation monétaire de l’union à fin mars 2019 a été marquée par une stabilité de la masse monétaire, en raison d’une légère baisse des créances intérieures et d’une consolidation des réserves de change. Le niveau de ces réserves assure 4,9 mois d’importations de biens et services contre 4,7 mois à fin décembre 2018. Sur le marché monétaire, le taux d’intérêt moyen trimestriel s’est situé à 4,50% contre 3,45% le trimestre précédent. Le comité a, toutefois, noté une détente des taux d’intérêt sur les deux premiers mois du deuxième trimestre 2019. Selon le communiqué qui a sanctionné la rencontre, le comité a noté une décélération des prix en rythme annuel au premier trimestre 2019. Le taux d’inflation s’est situé à 0,1%, après 0,9% un trimestre plus tôt, en liaison essentiellement avec la poursuite de la baisse des prix des produits céréaliers due à un approvisionnement satisfaisant des marchés. A l’horizon de vingt-quatre mois, le taux d’inflation, en glissement annuel, est projeté par la Banque centrale à 1,3%, en ligne avec l’objectif de stabilité des prix poursuivi par la BCEAO. Au titre des finances publiques, le comité a relevé avec intérêt que le déficit budgétaire, base engagements, dons compris, pour l’ensemble des Etats est projeté à 2,9% du PIB en 2019 par les services officiels, après 3,7% en 2018. Le CPM encourage vivement les Etats à poursuivre les efforts dans la mise en œuvre des mesures pour assurer le respect de la norme communautaire d’un déficit budgétaire à 3,0% au maximum à fin 2019. Pour ce concerne la conjoncture interne, le dynamisme de l’activité économique s’est maintenu au premier trimestre 2019. La progression du produit intérieur brut en termes réels, soutenue principalement par la vigueur de la demande intérieure, s’est élevée à 6,3%, en glissement annuel, après 6,4% le trimestre précédent. Pour l’année 2019, la croissance économique est projetée par la Banque Centrale à 6,7% contre une réalisation de 6,5% en 2018.
Encadré
Les taux directeurs sont les taux d’intérêt au jour le jour fixés par la banque centrale d’un pays ou d’une union monétaire, et qui permettent à celle-ci de réguler l’activité économique. Il existe trois taux directeurs qui peuvent prendre des noms différents en fonction des pays, du plus faible au plus élevé :le taux de rémunération des dépôts ;le taux de refinancement (« taux refi ») ;le taux d’escompte (aux États-Unis) ou le taux du prêt marginal (en Europe).Le taux directeur de la Banque centrale européenne et des autres banques centrales est le taux de refinancement minimum. C’est le principal outil dont dispose la BCE pour influer sur l’octroi de crédits et moduler l’inflation dans la zone euro. Cet instrument, utilisé lors des opérations hebdomadaires de refinancement par la BCE pour alimenter les banques en liquidités, est le véritable baromètre du coût du crédit dans les dix-neuf pays qui ont adopté la monnaie unique européenne. Les banques qui veulent se refinancer à court terme peuvent le faire en payant un intérêt sur la somme qu’elles empruntent auprès des banques centrales de leurs pays respectifs. Cet intérêt est calculé d’après le taux en cours à la BCE. Si ce taux d’intérêt est élevé, les banques vont limiter leurs crédits sachant que le refinancement leur sera coûteux, elles auront le comportement inverse si ce taux d’intérêt est faible. Les banques répercutent ensuite, en principe, ce loyer sur les intérêts des crédits qu’elles accordent à leurs propres clients. Plus le taux de la BCE est bas, plus le coût du crédit a une probabilité d’être bas ce qui, en théorie, favorise la croissance. À l’inverse, une hausse du taux du crédit permet théoriquement de ralentir la demande et par conséquent d’éviter une surchauffe génératrice d’inflation.