Après la sortie de Wang Yi, Conseiller d’Etat et ministre des affaires étrangères de la Chine, qui a évoqué les 03 erreurs des USA en rapport à la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, le vice-ministre chinois des affaires étrangères, Ma Zhaoxu est aussi monté au créneau, invitant Washington à éviter davantage de polémique.
Sylvestre TCHOMAKOU
La visite de Nancy Pelosi à Taïwan ne cesse de susciter des réactions. Mardi 09 août, Pékin a appelé Washington à « renoncer à toute tentative d’utiliser Taïwan pour contenir la Chine » et à « ne jouer à aucun jeu », exhortant les États-Unis à respecter le principe d’« une seule Chine » et les trois communiqués conjoints sino-américains qui consacrent ce principe. Dans une interview accordée lundi à des médias sur la situation dans le détroit de Taïwan, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Ma Zhaoxu a avancé que « le peuple chinois ne sera pas induit en erreur par de fausses idées ou effrayé par le mal, et ne vacillera jamais dans la défense de ses intérêts fondamentaux ». Analysant l’évolution de la situation entre les deux puissances, plusieurs experts ont affirmé que « cette déclaration montre la ferme volonté de la Chine de sauvegarder sa souveraineté ainsi que sa sincérité dans le maintien à flot des relations sino-américaines ». Restant dans une dynamique de défense, Washington a récemment averti qu’il serait obligé de réagir si la Chine continuait à prendre davantage de contre-mesures par rapport à la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi. En réponse, Ma Zhaoxu a avancé que « nous voulons insister auprès des États-Unis : n’agissez pas de manière imprudente et arrêtez d’aller plus loin sur cette voie condamnée ». Il a demandé aux États-Unis de « faire ce qu’il faut et de prendre des mesures concrètes pour faciliter le développement régulier des relations sino-américaines ». D’ailleurs, la Chine n’a pas tardé à manifester son mécontentement. Vendredi, Beijing a annoncé sa décision d’annuler trois dialogues ou réunions de coopération avec les États-Unis dans le domaine de la défense, et a suspendu la coopération judiciaire bilatérale dans des domaines tels que l’immigration illégale, la criminalité transfrontalière et la lutte contre les trafics de drogue, ainsi que la consultation bilatérale sur le changement climatique. Alors que Washington a déploré que la décision de ne plus collaborer en matière de changement climatique ne punissait pas les États-Unis mais le monde entier, Ma Zhaoxu a répondu que « les États-Unis ne peuvent pas représenter le monde entier ». Il poursuit en indiquant que « La Chine avait averti les États-Unis bien à l’avance que si Mme Pelosi se rendait à Taïwan, cela provoquerait une crise et des perturbations majeures dans la coopération et les échanges sino-américains ». Pour sa part, Su Xiaohui, directrice adjointe du Département des études américaines de l’Institut chinois des études internationales, a déclaré que la sincérité était une nécessité pour maintenir à flot la communication sino-américaine, ajoutant que c’est la base pour éviter toute erreur de calcul. « Washington cherche à dialoguer avec Beijing pour minimiser le risque d’urgences inattendues. Cependant, il est réticent à arrêter la reconnaissance et les exercices contre la partie chinoise », a-t-elle avancé. Elle poursuit en précisant qu’« étant donné que les États-Unis continuent d’accroître leur présence militaire aux portes de la Chine et de saper la stabilité régionale, il est peu probable que Beijing laisse les États-Unis profiter de tous les avantages au moindre coût ». « Dans le cadre du recul de Washington sur son engagement envers les trois communiqués sino-américains, les ventes d’armes américaines à Taïwan ont connu une expansion constante, totalisant plus de 70 milliards de dollars », a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin. L’administration du président américain Joe Biden a vendu à elle seule plus de 1,1 milliard de dollars d’armes à Taïwan, et ces dernières années, « les États-Unis ont été de plus en plus flagrants en ajoutant de l’ambiguïté, en creusant et en déformant le principe d’“une seule Chine” », a-t-il affirmé.