Le taxi-moto communément appelé ‘’zémidjan’’ s’est progressivement transformé en une entreprise considérable pour certains, qui n’hésitent plus à comparer leurs gains à ceux d’un fonctionnaire de l’État. Autrefois considéré comme un métier pour des individus sans occupation, le taxi-moto est aujourd’hui une source de revenus significative pour de nombreuses familles à Porto-Novo. Habillés en chemise bleue, ces individus circulent allègrement d’une partie à l’autre de la ville avec leurs motos. Ils n’ont aucun complexe à rouler à visage découvert parce qu’ils se considèrent comme une partie intégrante de la société. Il y a ceux qui se vantent d’être des entrepreneurs simplement parce qu’ils espèrent réaliser un profit significatif à la fin du mois pour couvrir leurs dépenses.
Les révélations du mototaxi Hubert Azon nous instruisent sur cette question. Ce ‘’Zémidjan’’ affirme qu’il fonctionne parfaitement comme un fonctionnaire de l’État. Son emploi l’exige de partir dès 6h du matin pour ne revenir qu’à la mi-journée afin de passer un peu de temps avec sa famille. Il reconnaît qu’au cours de cette période, il est capable de réaliser une recette de 4000fcfa pour trois litres d’essence achetés. Lorsqu’il sortira le soir à 16h, il ne rentrera que vers 23h dans la nuit profonde. Il fait jusqu’à une recette de 5000fcfa pour trois litres d’essence achetés. Après tous les calculs, il réalise un profit de 6000f chaque jour. Sur une base mensuelle, il génère un revenu de 180000 fcfa. Cela l’amène à dire qu’il n’est pas très différent d’un fonctionnaire de l’Etat. L’exemple unique de Hubert Azon nous conduit à affirmer que le taxi-moto représente une source d’activité significative pour diverses familles de Porto-Novo. On peut également citer le cas de Comlan Ekoué, un enseignant d’école primaire dans la périphérie de Porto-Novo. Taxi moto zémidjan, dès ses débuts, il a su fusionner cette activité avec son métier d’enseignant (Aspirant au Métier d’Enseignant).
Cet AME confesse cependant que le travail de zémidjan s’est transformé en une passion pour lui. Avant de se rendre à son cours à 08h, il part très tôt le matin à 5h pour faire le tour de la ville jusqu’à 07h. Il enfile sa chemise bleue et parcourt la ville de 17h à 22h chaque soir. Il déclare que le taxi-moto zémidjan lui procure un soutien financier additionnel qu’il ne peut se permettre de délaisser. En règle générale, les taxi-motos zémidjan opèrent selon un contrat spécifique. Tel est le cas de Hubert Azon qui a acquis son engin par le biais d’un contrat hebdomadaire de 10000fcfa. Il n’entrera en pleine possession de son engin qu’au bout de 18 mois. N’ayant pas la capacité d’acheter directement sa moto BAJAJ à 480000fcfa, il a souscrit à ce contrat et ne refuse pas de payer le coût supplémentaire. D’autres individus, plus ingénieux, se sont organisés en entreprise à travers la compagnie « GO ZEM ». Un contrat de deux ans est proposé au conducteur de taxi moto zémidjan, accompagné d’un smartphone sur lequel figure l’application Go ZEM.
Les clients de cette entreprise, qui détient aussi l’application, ont la possibilité de joindre directement le taxi moto zémidjan et lui préciser leur destination. Cette application gère le contrat et indique le montant à facturer aux clients. Chaque jour la compagnie prélève un montant fixe sur le revenu du taxi moto zémidjan. Dans tous les cas, quand il travaille correctement il peut engranger un important bénéfice pour subvenir aux besoins de sa famille avant de rentrer en possession de l’engin au bout de 2ans. L’exemple de la compagnie « GO ZEM » nous montre que le taxi moto zémidjan est une véritable entreprise et que les individus qui s’y adonnent gagnent pleinement leur vie. Leur revenu mensuel est conséquent et ils se considèrent volontiers comme des ‘’fonctionnaires ambulants de l’État’’.
Raoul GANDAHO (Correspondant régional Ouémé/Plateau)