La pratique démocratique semble ne pas arranger le continent africain. Chaque année ou à chaque élection, c’est un lourd tribut que paient les Etats. Tous végétant dans l’extrême pauvreté, ils investissent plusieurs millions dans la pratique démocratique au détriment du développement.
Bidossessi WANOU
252 millions d’euros, un montant record investi dans des élections soldées par une longue crise en Côte-d’Ivoire en 2010 ; un peu plus de 76 millions d’euros soit près de 50 millions de FCFA investi dans les élections législatives et la présidentielle au Mali en 2018 pour reconduire un président en poste depuis 05 ans déjà et qui par finir sera éjecté par coup d’Etat ; un peu plus de 82 millions d’euros, soit 54 milliards de FCFA pour les élections présidentielles de 2018 au Cameroun pour réélire un président aux affaires depuis 1982, l’équivalent du budget pour la construction de 530 écoles de qualité et plusieurs autres infrastructures ou autres réalisations susceptibles de changer la vie des populations ; 47 millions d’euros, soit plus de 30 milliards de FCFA dépensés par le Burkina Faso un pays en proie à la pauvreté et au terrorisme voire l’extrémisme violent et où des soldats manquent même du minimum pour aller au front et défendre la patrie…la liste n’est pas exhaustive. Les élections vues comme une dépense de souveraineté absorbent les Etats et pompent leur trésorerie. Mieux, elles prennent le pas sur les priorités de développement. Toute chose qui a amené le journaliste Alain Foka à s’étonner de l’affirmation selon laquelle, « la démocratie n’a pas de prix ». Selon l’homme des médias qui a développé un grand intérêt pour l’Afrique, «on a installé au sud du Sahara francophone les démocraties électorales qui coûtent une fortune sans presque jamais apporter de solution ». Ainsi, « Certains disent que la démocratie n’a pas de prix; c’est très discutable… » Affirme-t-il en étayant : « États et bailleurs de fonds dépensent chaque cinq ans, des dizaines de millions d’euros pour organiser des élections… ». En prenant l’exemple sur ce que coûtent les élections pour les pays africains, Alain Foka a déploré la pratique démocratique qui dans une perpétuelle insatisfaction, ne favorise pas le développement. Il cite pour étayer sa thèse, Matata Ponyo Mapon, ancien premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC) qui a fait un inventaire de ce à quoi aurait pu servir la forte somme injectée dans les élections précisément en RDC. 600 millions de dollar, soit près de 350 milliards de FCFA ont été investis dans la présidentielle, les législatives et les provinciales en 2018. Avec ce budget, estime-t-il, on aurait pu doter la RDC de 400 km de route, deux (02) parcs agro industriel, cinq (05) avions Airbus 319 neufs, quatre mille (4000) bus Mercedes, plus de quatre mille (4000) écoles primaires et secondaires, plus de cinq (50) barrages hydroélectriques pour fournir l’énergie qui fait cruellement défaut à ce vaste territoire ou encore cinquante (50) centrales de production d’eau potable. Alors que les populations meurent encore de paludisme, ce pactole aurait pu servir à sauver la vie à des milliers de congolais à travers la construction de nombreux hôpitaux où ils recevront des soins adéquats. Encore ici, les élections sont source de crise et de division et le président élu n’a pris fonction que deux ans après. Et déjà en juin prochain, le même Etat devra investir 500 millions de dollar pour les élections.
L’alternance, du leurre…
Au nom de la démocratie ou de la « supposée alternance », les pays africains préfèrent engager de lourds investissements fréquemment pour paraître, faisant ainsi dos au problème de développement et aux réels besoins d’investissement dont les populations ont besoin. En effet, la transition mise en avant pour vanter le système démocratique n’est qu’un épouvantail qui éloigne l’Afrique des réelles priorités et surtout du développement. Selon les données rapportées par l’homme des médias, Alain Foka, toute cette série d’élections n’ont permis d’enregistrer à ce jour, que seulement 10% de taux d’alternance. Généralement, lesdites élections sont remportées par les mêmes. Mieux, elles débouchent sur des conflits et des crises de gouvernance. Ainsi, dans la rébellion, les coups d’Etat apparaissent et les présidents élus voient leur mandat interrompu et c’est le retour à la case départ. On est donc dans un cercle infernal où, l’Afrique injecte des fortunes dans des élections « dites démocratiques » notamment pour la sécurisation de bureaux de vote, l’acquisition de matériels divers, impression de bulletins et nombre d’autres dispositifs à échéance régulière sans véritablement parvenir à faire bouger les lignes en matière de développement. C’est finalement des centaines de millions pour organiser des élections sans réel enjeu. Certains pour plaire aux bailleurs et assurer leur quotidien, en sont bien conscients mais font semblant et subissent. C’est dire que la pratique démocratique en Afrique a fondamentalement besoin d’être revue et adaptée au contexte afin d’éviter aux pays d’injecter des fonds dans des processus électoraux pour la plupart, sans enjeux.