La communauté internationale, en particulier les économies avancées et la Chine, doit sortir de l’impasse actuelle et œuvrer à une solution à la crise de la dette qui permettra à tous les pays de répondre aux multiples crises auxquelles ils sont confrontés, a indiqué un expert de l’économie mondiale.
Issa SIKITI DA SILVA
« L’histoire de l’économie nous enseigne que retarder la résolution du surendettement coûte très cher aux pays débiteurs. En l’absence d’un mécanisme international approprié de restructuration de la dette souveraine, les créanciers, comme les emprunteurs, continuent de donner des coups de pied sur la route », a souligné Ulrich Volz, professeur au London School of Economics and Political Science, dans une tribune publiée récemment sur le site du Brookings Institution.
D’après le Fonds monétaire international (FMI), plus de la moitié des pays africains sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement. L’Afrique doit la somme colossale de 726,55 milliards de dollars, aux différents créanciers, dont près de 200 milliards à la Chine.
Bien évidemment, l’endettement n’est pas forcément néfaste. Il peut en fait permettre de débloquer des fonds indispensables pour investir dans les infrastructures, la santé, l’éducation et d’autres services publics, et l’investissement dans des capacités de production, lorsqu’il est effectué avec discernement, peut engendrer une hausse du revenu qui permet de compenser le coût du service de la dette, ont expliqué Martin Mühleisen et Mark Flanagan, deux experts du FMI.
Cependant, poursuivent-ils, des problèmes se posent lorsque la dette est déjà élevée et que les ressources provenant de nouveaux emprunts ne sont pas employées à bon escient (notamment à cause de la corruption et de la faiblesse des institutions) ou lorsqu’un pays est touché par une catastrophe naturelle ou un choc économique.
Espace budgétaire
Les niveaux élevés du service de la dette publique et l’insuffisance de l’espace budgétaire et monétaire ont déjà limité les réponses à la crise de la plupart des économies à revenu faible et intermédiaire, a souligné Ulrich Volz.
« Alors que les pays avancés ont pu mettre en œuvre des politiques budgétaires et monétaires extrêmement expansionnistes en réponse à la crise pandémique, peu de pays du Sud avaient cette option », a-t-il ajouté.
A en croire ce spécialiste de l’économie mondiale, la situation précaire de la dette n’a pas seulement menacé les reprises économiques, mais elle a également entravé les investissements indispensables destinés à la résilience climatique.
« Les gouvernements doivent protéger leurs économies et leurs finances publiques contre le climat ou faire face à une spirale de plus en plus grave de vulnérabilité climatique et de fardeaux de la dette insoutenables », a-t-il soutenu.
Face à l’augmentation alarmante de la dette des pays pauvres et l’évolution de plus en plus du paysage des créanciers qui complique la situation, le FMI appelle à une coordination internationale plus efficace en vue de restructurer ces dettes.
Les conséquences seront désastreuses si la communauté internationale ne le fait pas, a averti Ulrich Volz.