301 millions d’enfants du monde entier sont pauvres, dont 228 millions en Afrique qui vivent dans une pauvreté extrême, selon les derniers chiffres du World Data Lab cité cette semaine par le Brookings Institution.
Issa SIKITI DA SILVA
Le Nigéria et la République démocratique du Congo (RDC) représentent à eux seuls plus de 84 millions de ces enfants extrêmement pauvres, selon le World Data Lab.
L’Afrique est au centre de la lutte contre la pauvreté infantile en raison de sa croissance démographique rapide, de sa population plus jeune et de familles plus nombreuses que celles des autres continents, affirment Katharina Fenz et Kristofer Hamel, respectivement responsable scientifique de données et PDG de World Data Lab,
« Les familles avec plus d’enfants ont tendance à être plus pauvres et aujourd’hui, presque un bébé sur deux dans le monde est né dans une famille africaine », ajoutent-ils.
Rythme soutenu au Bénin
Au Bénin, pays à faible revenu dont la population augmente à un rythme soutenu, la pauvreté continue de s’accentuer, aggravant ainsi la situation sociale des enfants, surtout ceux qui sont issus de famille modestes ou brisées. Sophie, 15 ans, vendeuse ambulante de ‘’pure water’’ à Cotonou raconte son supplice quotidien de se promener du matin au soir avec une bassine sur la tête pour soutenir sa mère, qui elle aussi se déambule avec les oranges pour la survie de sa famille.
« Nous sommes très pauvres et j’ai trois petits frères et une petite sœur. J’ai cessé d’aller à l’école par manque d’argent. Notre papa est parti et on ne l’a plus vu depuis longtemps. Donc je suis obligée de faire ce commerce pour aider notre famille », déclare-t-elle avec une vive émotion.
« Le manque d’accès aux services de base, à la nourriture et à l’éducation fait de la vie des enfants béninois un défi de tous les jours. Ne pas pouvoir aller à l’école à cause du travail diminue sérieusement leurs chances de mener une vie meilleure une fois adultes. Sans éducation, le cercle vicieux de la pauvreté peut difficilement être brisé », explique l’ONG SOS Village.
42,6% des enfants au Bénin, garçons comme filles, sont multi-dimensionnellement pauvres, l’Alibori et l’Atacora sont les régions ayant plus d’enfants pauvres, soit respectivement 54,6% et 50,9%, selon ‘’Déterminants de la pauvreté des enfants au Bénin : une approche multidimensionnelle’’, une étude publiée en mai 2014 par Fawaz Adéchinan Aminou, alors doctorant en économie appliquée à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université Cheikh AntaDiop de Dakar au Sénégal. L’étude a tenu compte de la pondération égale de cinq dimensions ci-après, l’assainissement, l’eau, le logement, la nutrition et la santé.
Perturbation du développement social
Certains experts estiment que la pauvreté éprouvée dans l’enfance peut avoir des conséquences sur le devenir à l’âge adulte, tandis que d’autres décrivent la pauvreté infantile comme un fléau qui perturbe le développement socio-économique.
Elzbieta Tarkowska, une chercheuse polonaise, indique que la pauvreté ne pourrait pas être résolue par les seules personnes concernées car les causes du phénomène existent à l’intérieur des sociétés, dans des principes et des mécanismes qui régissent la vie en collectivité, selon le site de Cairn.info.
Education et pauvreté infantile
La pauvreté des enfants diminue avec le niveau d’éducation des parents, souligne Fawaz Adéchinan Aminou. « L’éducation augmente le stock de capital humain, qui à son tour augmente la productivité du travail et les salaires. Puisque le travail est de loin l’actif le plus important du pauvre, accroître l’éducation des pauvres aura tendance à réduire le cycle vicieux de pauvreté », poursuit Fawaz Adéchinan Aminou.