(Le Bénin absent à cette rencontre)
La deuxième édition du sommet Russie-Afrique débutera ce jeudi 27 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg pour durer deux jours. 49 pays africains sur les 54 ont confirmé leur présence.
Belmondo ATIKPO
En marge du sommet Russie-Afrique qui s’ouvre ce jour à Saint-Pétersbourg, le Président russe a souhaité la bienvenue aux participants au sommet, lequel se déroulera les 27 et 28 juillet 2023. La coopération russo-africaine a atteint un « nouveau niveau », selon Vladimir Poutine.
Moscou a l’intention de développer davantage ses relations avec les pays africains, « en stimulant le commerce, les investissements et en luttant contre la pauvreté », a déclaré Vladimir Poutine dans un message de bienvenue, publié par le Kremlin ce 26 juillet.
» Il est important que durant ces dernières années, notre coopération avec l’Afrique ait atteint un nouveau niveau », a noté le chef de l’État.
Le chef du Kremlin a mis en avant le rôle du continent africain dans le nouvel ordre mondial en pleine transformation. « Aujourd’hui, l’Afrique s’affirme de plus en plus avec confiance comme l’un des pôles du monde multipolaire qui est en train de naître. Ici, les changements positifs s’accélèrent quant à la production et l’agriculture, dans les secteurs du transport et de l’énergie, des soins de santé et de l’éducation « , indique le message.
Ce 26 juillet, le Président russe s’entretiendra avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et la directrice de la Banque des BRICS, Dilma Roussef. Vladimir Poutine donnera un grand discours et s’entretiendra avec chacun des 17 chefs d’État présents. Parmi ses interlocuteurs figurent les dirigeants égyptien, mozambicain, burundais, zimbabwéen, ougandais, érythréen, centrafricain, libyen, camerounais, sénégalais, sud-africain, burkinabè, bissau-guinéen, malien et congolais.
Négociations sécuritaires et économiques
L’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, qui avait coprésidé la réunion de Sotchi il y a cinq ans, a prévu de faire le déplacement, tout comme le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, dont le parti est un allié de longue date de Moscou. Macky Sall, le président du Sénégal, qui s’était abstenu lors des votes sur l’agression russe sur l’Ukraine aux Nations unies au début de l’offensive, a confirmé sa présence. Sans surprise, les principaux alliés de Moscou sont également annoncés à Saint-Pétersbourg : le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra et le Malien Assimi Goïta, qui font tous deux appel aux paramilitaires du Groupe Wagner. Si sa présence est confirmée, ce serait le tout premier déplacement du colonel malien hors du continent depuis le putsch d’août 2020. Le capitaine burkinabé Ibrahim Traoré suivra-t-il son voisin ? C’est ce qu’annonce Ouagadougou. Le voyage de son premier ministre à Moscou, grâce à une entremise malienne, en décembre, avait été abondamment commenté, même si Ouagadougou semble pour l’instant décidé à ne pas faire appel aux mercenaires russes. Une forte délégation d’opérateurs économiques burkinabés est en tout cas annoncée.
Des chefs d’entreprise conviés
Des centaines d’opérateurs économiques, d’hommes politiques, de membres de la société civile et de journalistes – mais aucun du Monde, les journalistes issus de pays « non-amicaux » n’ayant pas été accrédités, comme l’avait annoncé le porte-parole de la présidence russe en juin – sont également attendus en marge du sommet politique. Selon une liste officieuse établie par Moscou mi-juillet et qui a fuité, 2 645 chefs d’entreprise africains et occidentaux ont été invités, sans pour autant qu’il soit dit que tous seront présents. Ces noms ont été diffusés le 18 juillet sur le site ukrainien par les hackers de Cyber résistance pour, disent-ils, donner « une dernière chance » à « certains invités étrangers, qui envisagent toujours d’assister à cet événement douteux, de prendre la bonne décision et d’annuler leur visite ». Ce collectif a déjà fait parler de lui en avril après avoir affirmé être à l’origine du piratage des e-mails d’un espion militaire russe recherché par le FBI pour avoir participé au hacking des emails de la campagne d’Hillary Clinton, avant la présidentielle de 2016.
Cette liste officieuse rassemble aussi bien des personnalités ayant garanti leur présence au sommet que des individus conviés mais qui n’ont pas confirmé leur participation, comme l’ont expliqué certains d’entre eux, contactés par Le Monde. « Un Sénégalais et une Russe n’ont pas arrêté de m’appeler, insistant pour que j’accepte de venir, mais à mes propres frais, sans que ne soient payés ni l’hôtel, ni le billet d’avion. Il n’y a même pas de perdiem. J’ai finalement décliné l’invitation », rapporte avec amertume un Sénégalais préférant rester anonyme. Certains pays semblent quant à eux s’échiner à montrer leur indifférence face à ce sommet. Au Bénin, l’entourage du président Patrice Talon précise ainsi ne disposer d’« aucune information concernant l’envoi d’une délégation ». La Côte d’Ivoire, autre allié majeur de Paris en Afrique de l’Ouest, se contentera quant à elle d’une présence à minima : seul son chargé d’affaires en Russie sera à Saint-Pétersbourg. Selon un proche du président Alassane Ouattara, ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler, le 13 juillet, à Yurii Pyvovarov, l’ambassadeur d’Ukraine venu lui présenter ses lettres de créance, que « la Côte d’Ivoire se tenait à ses côtés ».