Plus grand rassemblement démocratique en Afrique, le sommet Africités s’ouvre au Kenya ce 17 mai 2022 avec plus de 7.000 participants. Climat, diaspora, digital, culture, santé des jeunes et des femmes, Planification urbaine, industrialisation des collectivités locales, etc., tout sera évoqué à ce rendez-vous auquel prennent part les acteurs de la décentralisation. Participant aux travaux avec une délégation municipale, le maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoty, nous livre ici, ses attentes et les priorités de sa commune. Entretien.
Monsieur le Maire, du 17 au 21 mai 2022, le 9ème sommet Africités se penche sur plusieurs sujets importants pour les communes. Comment s’est préparée votre municipalité pour cette occasion ?
Je vous remercie Monsieur.
La ville de Porto-Novo se positionne avec une forte délégation sur cet évènement comme une institution sérieuse et affichant son ouverture et son dynamisme. La ville de Porto-Novo est en parfaite harmonie avec la diplomatie mise en œuvre par le Chef de l’Etat et l’Association Nationale des Communes du Bénin, par le biais de son Président qui constitue aujourd’hui une icone incontournable de la diplomatie des villes d’Afrique. La délégation de Porto-Novo sera présente dans les sessions du développement et du renforcement des capacités pour présenter sa vision sur les changements climatiques et les projets numériques ainsi que sa stratégie d’ouverture au monde. Notre délégation s’affirmera aussi auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds pour négocier des financements pour la mise en œuvre des projets inscrits au PDM. Dans ce cadre, une dizaine de projets ont été déjà transmis. La délégation effectuera également des rencontres avec d’autres Collectivités Territoriales pour échanger sur les opportunités de coopération, prioritairement dans les domaines tels que la santé, le développement numérique, l’éducation et les sports, les changements climatiques et la construction du port lagunaire.
Quelles sont les priorités de la Commune de Porto-Novo à ce rendez-vous ? Et comment vous organisez-vous pour le Conseil Panafricain YELO ?
Les priorités, c’est d’abord une participation active, la tenue des diverses rencontres prévues, la mobilisation des partenaires techniques, financiers et de coopération décentralisée, le partage de l’expérience de la ville dans divers domaines de développement. La ville de Porto-Novo est représentée au sein du Conseil Panafricain de l’Afrique de l’Ouest par rapport au projet YELO. Nous travaillons activement pour une bonne représentation de la jeunesse du Bénin au sein du YELO Africa par notre candidate.
A cette rencontre, l’accent est mis sur le développement des villes intermédiaires. Pensez-vous que votre ville fait suffisamment d’attention de la part des politiques publiques ?
Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Patrice Talon, vous aurez certainement remarqué un regain d’intérêt du Gouvernement pour que la ville de Porto-Novo retrouve ses attributs de Ville-Capitale. Je n’en veux pour preuves que les innombrables réalisations, ainsi que la place accordée à la ville de Porto-Novo dans le PAG. Plusieurs projets ont été achevés, certains sont en cours de réalisation et d’autres sont à venir. Donc, je peux vous dire qu’au niveau national, Porto-Novo a changé de visage grâce à l’intérêt qu’il suscite auprès des politiques publiques.
Les changements climatiques reviennent dans les discussions de ce sommet. Que fait votre ville pour y faire face ?
Déjà, j’aimerais vous informer que c’est par le biais du sommet Africités organisé à Dakar en 2012 que le projet Porto-Novo Ville Verte a été mis sur orbite. En effet, c’est à cette occasion que la ville de Porto-Novo a présenté pour la première fois le projet de valorisation des berges lagunaires, devenu plus tard, Porto-Novo Ville Verte. Ce projet dans sa phase de mise en œuvre est financé par l’AFD et le FFEM avec le soutien de Cergy-Pontoise et de Lyon qui sont nos partenaires en coopération décentralisée. Pour cette édition à Kisumu, l’unité de gestion dudit projet assurera la présentation d’une communication sur les changements climatiques, notamment, la « valorisation des berges lagunaires de la ville de Porto-Novo pour une résilience aux changements climatiques ».
Quel regard portez-vous sur l’Agence Territoriale Africaine (ATA) que défend CGLU Afrique afin de faciliter l’accès des collectivités territoriales d’Afrique au marché financier ?
En effet, l’Agence Territoriale Africaine mise en place par les CGLU est un établissement de crédit ayant vocation à émettre des obligations en offrant d’excellentes conditions de financement. C’est une institution dédiée au financement des infrastructures et équipements des collectivités territoriales d’Afrique. Le premier intérêt de l’ATA est qu’elle favorise une mutualisation des demandes des collectivités territoriales d’Afrique, rendant possible pour chacune d’elles un accès aux marchés financiers à des taux d’intérêt préférentiels. Le second intérêt est que son principal actionnaire est une institution coopérative composée exclusivement des collectivités territoriales d’Afrique, qui nomme le conseil de surveillance de l’ATA et s’assure en conséquence que les décisions prises par l’institution financière soient toujours dans l’intérêt des collectivités territoriales d’Afrique.
Les avantages que les collectivités territoriales peuvent en tirer sont nombreux :
- la réduction des coûts de transaction pour les collectivités territoriales pour leur accès aux marchés financiers ;
- la contribution à augmenter significativement la croissance du volume global des investissements financés en Afrique ;
- la possibilité offerte aux villes petites et moyennes (intermédiaires) d’accéder à des financements aux mêmes conditions que les grandes villes ;
- la possibilité offerte aux collectivités territoriales d’adopter ou d’accélérer les réformes nécessaires, et de diffuser la culture de la responsabilité financière au sein des collectivités territoriales.
L’ATA est donc un outil d’aide à la mobilisation des ressources financières au profit des collectivités territoriales, dont la ville de Porto-Novo. Notre Conseil Municipal s’inscrit dans une telle vision.
Sur la décennie en cours, quelles sont, selon vous, les urgences pour les collectivités territoriales ?
Evidemment, la mobilisation des ressources propres des villes, les facilitations d’accès aux sources de financement pour les collectivités locales avec des garanties fiables et des taux d’intérêt préférentiels. Les questions liées aux changements climatiques, à une éducation de qualité, à la numérisation des services municipaux, à la jeunesse et au développement sont capitales. La culture du vivre ensemble, de l’acceptation de l’autre avec ses différences, sont aussi des préoccupations à prendre en compte pour une paix durable. Ce sont autant de sujets qui me paraissent aussi urgents les uns et les autres.
Quel appel avez-vous à lancer aux institutions financières, partenaires au développement et organisations de la société civile ?
J’invite les institutions financières et la société civile à se joindre aux collectivités territoriales dans leur combat quotidien, d’aspiration au bien-être des populations. Diverses expériences de cette forme de collaboration sont connues et les succès sont diffusés partout dans le monde. Continuons ensemble ce combat pour de meilleurs résultats, de meilleurs impacts et pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable.
Interview réalisée par Sylvestre TCHOMAKOU