Dans le cadre des préparatifs de la troisième édition de la conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD-3) l’organisation de la société civile Social Watch Bénin en collaboration avec le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) a organisé un atelier préparatoire et d’échanges, vendredi 04 Août 2023 à Bénin Royal Hôtel de Cotonou. Cet atelier a réuni divers acteurs de la Société civile, les députés, les cadres administratifs et des représentants des institutions régionales et internationales.
Abdul Wahab ADO
Prendre les points de vue de divers acteurs au Bénin sur la dette africaine et le développement. C’est dans cadre que s’est tenu l’atelier d’échanges. Ainsi, à l’occasion du lancement des travaux, Victor Gbedo, Vice-président de Social Watch Bénin, a expliqué que « depuis 2021, le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) organise la conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD) dont la troisième édition se déroulera du 30 Août au 1er septembre 2023 à Dakar. Cette conférence rassemble aussi bien les dirigeants politiques que techniques et civils d’Afrique pour délibérer et convenir d’engagements qui préservent la durabilité macroéconomique du continent en vue de réaliser la transformation structurelle énoncée dans l’Agenda 2063 (le plan directeur de l’Afrique visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale) ». Pour le vice-président de Social Watch Bénin, « il n’est point un secret pour nous que l’Afrique est prise dans un piège de la dette qui va au-delà de la contraction de la marge de manœuvre budgétaire et qui passe par une faible capacité de production, ancrée dans l’ordre économique néolibéral qui bloque toute tentative de l’Afrique de produire et de transformer ses économies en centres industriels et manufacturiers. A l’instar des pays africains, le Bénin a recours à la dette publique pour financer son développement. C’est pourquoi, il importe que les cadres et citoyens de notre pays réfléchissent pour trouver les voies et moyens qui contribuent à la préservation de la durabilité macroéconomique du continent en vue de la réalisation de la transformation structurelle exprimée dans l’Agenda 2063. Fidèle à son engagement pour la bonne gouvernance, Social Watch Benin en collaboration avec AFRODAD organise le présent atelier d’échanges pour offrir un cadre national de réflexions sur l’avenir de la dette publique, les pistes d’actions pour éviter les pièges de l’endettement et proposer des alternatives africaines de financement en vue d’un développement économique et social durable ».
Pour Yungong Théophilus Jong, de AFRODAD, cet atelier du Bénin est organisé pour mieux avoir les avis, les analyses et une approche commune pour harmoniser les opinions qui seront exposées à la rencontre régionale. AfCoDD tient compte des défis auxquels les pays sont confrontés pour mieux financer le développement.
Vincent SIMOUKOUA, Directeur Général adjoint de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette ; au nom du Ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances, a d’abord salué les organisateurs de la présente conférence sur la dette et le développement de notre continent pour lequel nos dirigeants appellent à la réforme de l’architecture financière mondiale. Le Directeur Général adjoint de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette a précisé à cette occasion que « le Gouvernement du Bénin maintient une approche de gestion proactive et de choix sélectif des mécanismes et outils de financements les plus compétitifs et attractifs (en termes de maturité, taux d’intérêt et devise) et en phase avec la stratégie d’endettement à moyen terme (SDMT) 2020-2024. Le Bénin entend également préserver la qualité de sa signature en vue de rassurer les investisseurs et Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à travers un monitoring permanent de leur perception de prime de risque crédit du Bénin sur les marchés financiers régionaux et internationaux. Ensuite, le Bénin poursuivra sa stratégie de diversification de ses sources. La dynamique de la transparence implémentée ces dernières années sera maintenue et renforcée à travers la publication périodique des statistiques de la dette sur les canaux appropriés. Les différentes notes du Bénin par les diverses agences de notations témoignent de la qualité des fondamentaux économiques du Bénin, de sa résilience face à l’inflation poste Covid-19, ainsi que des solides perspectives de croissance portée par les réformes ambitieuses du Gouvernement en dépit du contexte économique mondial dégradé et emprunt d’incertitudes ».
Deux communications et un panel au centre des échanges
Deux communications et un panel ont meublé les échanges entre les participants. La première communication porte sur la « dette publique pour un développement économique et social durable : quelles alternatives pour les pays africains ? ». La seconde est basée sur Recours aux DTS et fonds concessionnels du FMI : solution de financement en temps de crise pour un développement durable ? Cette communication a été développement par le représentant résident du FMI au Bénin, Younes Zouhar. Un panel de discussion sur le thème « Convergence régionale dans l’UEMOA/CEDEAO pour assurer une approche coordonnée face aux défis de la dette t du financement du développement ». Ce panel a été animé par Abel Gbetoenonmon, Expert et Journaliste économique ; Fiacre AVAHOUNDJE, Chercheur au CERAF de l’UAC et Coordonnateur du Centre d’Etudes et de recherches en finances publiques (Cerfip). Le modérateur du panel est Léonard Dossou, DG du Journal L’économiste du Bénin.
Entretien avec Yungong Théophilus Jong
« AFRODAD œuvre pour une bonne gestion de la dette publique et la mobilisation des ressources internes des pays africains »
Présent à Cotonou dans le cadre de l’atelier préparatoire et d’échanges, Yungong Théophilus Jong, gestionnaire de la politique, de la recherche et de la défense des intérêts à AFRODAD, a présenté le rôle essentiel du Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD)
L’économiste : Que fait concrètement AFRODAD ?
Yungong Théophilus Jong : AFRODAD est une organisation de la société civile panafricaine créée en 1996. Sa mission est d’œuvrer pour une bonne gestion de la dette publique des pays africains pour le financement de leur développement. Le réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) œuvre également pour des investissements productifs. AFRODAD est basé au Zimbabwé mais a un bureau au Kenya et au Cameroun. Le réseau fait des plaidoyers pour la gestion efficiente et efficace, la transparence de la dette publique. Il travaille également pour la mobilisation des ressources internes des pays africains. Car cela permet de réduire les emprunts pour financer le développement. AFRODAD travaille aussi sur les questions de finances publiques, le partenariat public privé. Il est ouvert pour la collaboration avec les autres organisations de la société civile, les gouvernements, toutes les parties prenantes qui travaillent sur le cadre de l’emprunt, les politiques d’investissement et de gestion des ressources naturelles, minières etc. Il organise des travaux au niveau national, régional avec les autres sociétés civiles panafricaines, les institutions de l’Union Africaine. Il engage des collaborations avec les institutions internationales de développement comme la Banque mondiale, le FMI pour la réduction de l’endettement des pays africains qui ne leur permet de mettre en œuvre leur plan de développement.
Vos impressions sur l’atelier de Cotonou
La réunion de Cotonou s’est bien déroulée. Nous avons vu que les parties prenantes sont bien représentées (les sociétés civiles, le gouvernement, les députés, les représentants du FMI sont présentes) pour apporter leurs avis sur la question de la conférence africaine sur la dette et le développement qui est à sa troisième édition. Ils ont apporté leur avis et nous attendons de voir comment leur message de repenser, mobiliser un ordre mondial ou l’Afrique aura une voix qui peut apporter des constructions pour aider les africains à mobiliser des ressources pour financer leur développement. C’est aussi pour changer les approches de collaboration. Les échanges ont été riches. Parmi les sociétés civiles, il y a une coordination avec les gouvernements, les institutions de l’UA.