Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la rareté – surprenante – des femmes au sein du leadership de fintech (technologie financière), un secteur lucratif dont les investissements mondiaux en 2019 s’élevaient à 55,3 milliards USD.
Issa SIKITI DA SILVA
« Les femmes leaders dans le secteur de la fintech sont rares, même si les entreprises de technologies financières qui comptent plus de femmes dans leurs conseils d’administration ont tendance à mieux performer », martèlent quatre femmes économistes du FMI.
Dans un document de recherche de 30 pages publié sur le site de cette institution de Bretton Woods, les auteures affirment qu’une part supérieure de 10% de femmes dans les conseils d’administration augmente les revenus d’environ 13%.
« Les femmes leaders du secteur des technologies financières pourraient jouer un rôle-clé dans le développement, la commercialisation et la fourniture de produits financiers susceptibles de mieux répondre aux besoins des femmes, ce qui pourrait contribuer davantage à combler l’écart entre les sexes dans l’inclusion financière numérique », indiquent Purva Khera, Sumiko Ogawa, Ratna Sahay et Mahima Vasishth.
Bien que le nombre de femmes qui occupent des postes de direction dans le secteur financier progresse rapidement, la fintech est à la traîne de la finance traditionnelle en termes d’équilibre entre les sexes, regrette l’Union internationale de télécommunication (ITU).
Selon l’ITU, la main-d’œuvre technologique mondiale comptait 28,8% de femmes en 2020, et malgré la croissance de la représentation des femmes dans les conseils d’administration et dans les entreprises technologiques au cours des dix dernières années, il reste encore un long chemin à parcourir. « Sur près de 1 300 entreprises technologiques à travers le monde, les femmes occupent en moyenne 16,6 % des sièges au conseil d’administration ».
Femmes fondatrices
A en croire les économistes du FMI citées ci-dessus, Il y a très peu de femmes fondatrices dans le secteur de la fintech et la part des femmes dans les conseils d’administration des entreprises de la fintech est faible.
« Nous constatons également que les entreprises ayant une proportion plus élevée de femmes au sein du conseil d’administration ont tendance à obtenir un financement plus élevé et sont associées à des revenus plus importants. Ces résultats mettent en évidence la relation positive entre la diversité au sein du conseil d’administration de l’entreprise et la performance de l’entreprise tout en soulignant la nécessité d’impliquer davantage les femmes dans cette industrie », soulignent-elles.
En même temps, poursuivent Purva Khera, Sumiko Ogawa, Ratna Sahay et Mahima Vasishth, s’attaquer aux préjugés auxquels les femmes fondatrices d’entreprises fintech sont confrontées dans la collecte de fonds pourrait faciliter le leadership des femmes dans le secteur et ainsi encourager de manière plausible davantage de femmes de rejoindre la fintech, à la fois en tant qu’employées et utilisatrices de fintech.
Placer des femmes à des postes de direction tend à stimuler l’innovation, à augmenter la productivité et à accroître la rentabilité, selon une étude de Deloitte.