En Afrique subsaharienne, seulement 37% des femmes ont un compte bancaire, contre 48% des hommes. Un écart qui ne s’est creusé qu’au cours des dernières années, selon les statistiques indépendantes. C’est pire en Afrique du Nord, où environ les deux tiers de la population adulte ne sont pas bancarisés, et l’écart entre les sexes pour l’accès au financement est de 18%, le plus grand au monde, selon Hanan Morsy, de la BAD.
Issa SIKITI DA SILVA
Ces chiffres frappants constituent une pilule amère difficile d’avaler pour les femmes du continent, lesquelles semblent marginalisées par le secteur bancaire.
Pour Nana Wandjiru, la propriétaire d’une petite boutique de Nairobi au Kenya, les gouvernements devraient donner des instructions fermes aux banques, de tendre la main beaucoup plus aux femmes pauvres plutôt que de continuer à chérir les hommes et les femmes riches. « Ouvrir un compte bancaire est problématique. Solliciter un crédit est encore pire. Sans le savoir, les banques représentent une plateforme d’injustice et de discrimination de sexes. Elles ont toujours des prétextes et des raisons floues quand une femme va demander un crédit pour développer son business », s’est-elle confiée à l’Economiste du Benin dans la capitale kenyane.
Même dans un pays comme le Kenya qui a un système financier solide et de nombreux programmes spécifiques aux femmes, les femmes entrepreneures sont toujours confrontées à de nombreux défis du côté de la demande pour accéder à un financement, a déploré Hanan Morsy, la directrice du département de politique macroéconomique et de recherche de la Banque africaine de développement.
Même son de cloche en Ouganda,où Winnie a sillonné presque toutes les banques du pays à la recherche d’un crédit, pour booster son restaurant à ciel ouvert. « Peine perdue, je préfère de ne plus en parler. Les banques nous poussent aux mains des microfinances, lesquelles malheureusement sont limitées dans plusieurs aspects de financement », déclare-t-elle.
Contraintes
L’opinion dominante des économistes est que les contraintes du côté de l’offre, telles que les taux d’intérêt élevés et les exigences en matière de garanties, jouent un rôle majeur dans l’exclusion des femmes du marché du crédit formel, a indiqué Hanan Morsy.
« Sur le marché du crédit, les femmes entrepreneures ne parviennent même pas à demander des prêts en raison des facteurs telles que la faible connaissance financière, l’aversion au risque et la peur de l’échec. Intuitivement, on s’attendrait à ce que les femmes qui choisissent d’être entrepreneurs soient au moins aussi compétitives que les hommes entrepreneurs », a-t-elle expliqué.
Armer les femmes entrepreneures avec les connaissances et les compétences financières appropriées, renforcera leur engagement effectif sur le marché du crédit, recommande Hanan Morsy.
Selon David Malpass, Président du Groupe de la Banque mondiale, éliminer des réglementations et autres obstacles qui entravent l’accès des femmes aux financements et aux marchés, peut donner aux entreprises féminines une chance de prospérer.