Le secteur de la santé en Afrique reste sous-financé et concentre seulement 5 à 6 % du PIB en moyenne. La Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires ont publié ce 10 février 2022 un guide pour aider les gouvernements à davantage investir dans la santé publique.
Félicienne HOUESSOU
L’Afrique se trouve confrontée à deux extrêmes : de grandes attentes pour l’avenir et très peu de financements, existants et supplémentaires, sur lesquels compter pour le secteur de la santé. C’est dans l’objectif de faire face à ces deux défis que la Banque africaine de développement et ses partenaires publient un guide pour aider les gouvernements à investir dans la santé publique. Il s’agira premièrement de mieux dépenser afin d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé à partir des ressources disponibles et d’investir davantage dans le secteur. Deuxièmement, la recherche d’une meilleure optimisation des ressources permettra de maximiser les avantages des investissements dans la santé selon le thème central de ce guide. Au-delà des questions financières, « les pays pourraient faire beaucoup mieux avec les ressources dont ils disposent en supprimant les inefficacités, qui ont diverses causes, allant des faiblesses dans l’élaboration de politiques fondées sur des preuves à des investissements insuffisants à fort impact. La pandémie de Covid-19 a mis en évidence ces importantes inefficacités des systèmes de santé nationaux et des infrastructures de santé connexes à travers le continent », indique la BAD. Selon le communiqué publié par la BAD dans le cadre du lancement du guide, les gouvernements investissent actuellement 4,5 milliards de dollars dans les dépenses d’investissement en santé publique alors que 26 milliards de dollars d’investissements annuels sont estimés nécessaires pour répondre à l’évolution des besoins de santé au cours de la prochaine décennie. Le secteur de la santé en Afrique reste sous-financé, avec des dépenses totales de santé s’élevant à moins de 300 dollars par an, par habitant en moyenne et représentant une part stagnante de 5 à 6 % du PIB en moyenne, comparativement à certains pays européens où elle s’élève au-dessus de 10 %. Avec 16 % de la population mondiale, l’Afrique porte 26 % de la charge de morbidité mondiale et représente moins de 2 % des dépenses mondiales de santé. Les dépenses publiques de santé ne représentent également que 1,9 % du PIB en Afrique subsaharienne, bien en deçà de l’objectif de 5 % proposé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Seuls huit pays d’Afrique subsaharienne dépensent plus de 500 dollars par habitant pour la santé et 24 pays dépensent moins de 140 dollars. Dans l’ensemble, 36 % des dépenses totales de santé en Afrique sont financées par les ménages par le biais de paiements directs vers des services souvent non régulés et inefficaces, et cette proportion culmine entre 70% et 75% dans quatre pays.
Renforcer l’accès aux services de santé
Le thème central du guide est la recherche d’un meilleur rapport qualité-prix ou l’optimisation des ressources rares. Le guide présente les initiatives politiques les plus courantes qui mettent l’accent sur l’optimisation des ressources et sur celles qui ont la plus grande probabilité de succès. Ce guide aidera les décideurs en matière de santé à développer, adopter et maintenir des solutions innovantes pour maximiser les avantages des investissements dans la santé – et, ce faisant, attirer davantage de financements pour le secteur en Afrique. Le guide accompagne la Stratégie 2021-2030 de la Banque pour des infrastructures sanitaires de qualité en Afrique, qui vise à renforcer l’accès aux services de santé à travers le continent en se concentrant sur trois catégories : les infrastructures de soins de santé primaires pour les populations mal desservies ; développer de nouveaux établissements de santé secondaires et tertiaires aux côtés des établissements spécialisés ; la construction d’une infrastructure de diagnostic pour un diagnostic efficace et efficient des maladies à travers l’Afrique.