En marge de la 2ème Conférence internationale sur la santé publique en Afrique, qui s’est tenue le 14 décembre 2022, à Kigali, au Rwanda, la Banque africaine de développement (BAD) a officiellement présenté sa nouvelle initiative, à laquelle est associée l’Union africaine (UA). Une initiative destinée à renforcer la capacité de l’Afrique à produire des médicaments, des vaccins, etc. sur le continent.
Chaque année, l’Afrique importe plus de 70% des médicaments et solutions sanitaires nécessaires pour couvrir ses besoins, pour un coût global de 14 milliards de dollars. Pour changer la donne dans un contexte où la mondialisation montre ses limites, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union africaine (UA) se donnent la main pour développer le secteur pharmaceutique à travers la « Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique ». Initiative de la BAD, ce projet qui vise à permettre aux pays africains de développer leurs propres capacités de fabrication de produits pharmaceutiques a été au cœur du forum organisé par la Banque sur le thème « L’accès aux technologies pour la fabrication de produits pharmaceutiques : la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique ». La Fondation, hébergée par le gouvernement rwandais à Kigali, devrait être opérationnelle au début de l’année 2023. Intervenant à l’occasion de ce forum qui s’est déroulé à Kigali, « cette nouvelle initiative est une solution, car la plupart des pays [africains] ont encore du mal à recevoir [les médicaments] dans les temps », a déclaré le ministre rwandais de la Santé, Yvan Butera. Pour sa part, le vice-président du Groupe de la BAD chargé du Secteur privé, des Infrastructures et de l’Industrialisation, Solomon Quaynor, a déclaré que le Covid-19 avait mis en lumière les lacunes du système de santé africain : « La pandémie de Covid-19 a mis en évidence la fragilité des systèmes de santé internationaux et les lacunes dans la production de médicaments essentiels sur le continent », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « La Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique est une institution novatrice qui va considérablement améliorer l’accès de l’Afrique aux technologies qui sous-tendent la fabrication de produits pharmaceutiques. ».
Ces assises ont été, par ailleurs, l’occasion pour la coprésidente de l’organe international de négociation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, Precious Matsoso, de partager ses réflexions sur l’importance des enjeux technologiques dans la préparation aux pandémies futures. La création de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique « apporterait le soutien nécessaire pour lever les obstacles technologiques en vue d’un accès équitable », a-t-elle assuré.
Des intérêts déjà suscités
Approuvée par le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement en juin 2022, la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique, devrait étendre l’accès de l’Afrique aux technologies de fabrication de toute la gamme de produits pharmaceutiques, en se concentrant sur la mise en place de chaînes d’approvisionnement et en élargissant l’accès aux technologies de base de différents types. La Fondation servira également d’intermédiaire transparent, chargé de promouvoir et de négocier les intérêts du secteur pharmaceutique africain sur la scène internationale, afin d’améliorer l’accès aux technologies brevetées, au savoir-faire et aux processus industriels connexes, par le biais de licences et d’autres mécanismes, fondés ou pas sur le marché. L’OMS, la Coalition pour la prévention des épidémies, le South Center de Genève et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement ont exprimé leur vif intérêt à collaborer avec la Fondation sur l’année à venir.
Le Groupe de la Banque africaine de développement a officiellement présenté sa nouvelle initiative, à laquelle est associée l’Union africaine, pour renforcer la capacité de l’Afrique à produire des médicaments, des vaccins, à fournir diagnostics et traitements thérapeutiques tout au long de la chaîne de valeur, et ainsi l’aider à développer son secteur pharmaceutique.
Sylvestre TCHOMAKOU