L’Agriculture et ses sous-secteurs constituent une manne dont doit user le Bénin pour accéder au développement durable. Conscients de ce que tout le monde ne peut être paysan, de jeunes entrepreneurs se sont lancés pour défi de faire la promotion des acteurs de la chaîne agroalimentaire au Bénin. Des concepteurs aux fabricants de machines en passant par les entrepreneurs, toute la chaîne agroalimentaire est prise pour cible à travers l’organisation de la 1ère édition de la Foire des machines agroalimentaires (FMA).
Initiée par l’entreprise KNMS Sarl de Salamath Moustapha-Soulé, qui s’est fait rejoindre par les structures Cabinet Réponse et Cosem, la FMA débute dans environ deux semaines. A travers une interview accordée à la responsable de l’entreprise KNMS, Salamath Moustapha-Soulé, nous avons mené une incursion au cœur de cet événement pensé pour apporter un plus non seulement au secteur de l’agroalimentaire mais aussi et surtout au processus du développement durable du Bénin.
L’économiste : Vous organisez du 4 au 6 juillet, la foire des machines agroalimentaires au Bénin. Qu’est-ce qui justifie votre motivation ?
La problématique qui nous a conduites à cette initiative vient d’abord de moi-même. Je produis du sirop et j’ai atterri dans ce secteur fortuitement. Donc n’étant pas du domaine, j’ai été confrontée au problème de choix de matériels. J’ai dû glaner des informations çà et là et sur internet pour savoir de quelles machines j’ai besoin pour fabriquer du sirop. Ainsi, j’en suis arrivé e à la conviction qu’il n’y a pas forcément un cadre approprié auquel les débutants, et pourquoi pas aussi ceux qui sont dans le secteur depuis longtemps, peuvent s’adresser pour avoir des solutions concrètes à leurs préoccupations en matière de choix de matériels agroalimentaires. Aujourd’hui, une des méthodes qui permettent de se renseigner, c’est d’aller voir les devanciers qui vous diront qu’il existe tels et tels matériels et vous parlent des différences entre ces matériels-là. Mais le véritable problème c’est que celui qui vous conseille le fait sur la base de ses expériences personnelles. Ce qui fait que vous pouvez avoir autant de conseils divergents que vous avez rencontrés de devanciers. Ce qui peut se révéler catastrophique, surtout pour les débutants. Alors, fort de cette expérience j’ai été motivée pour apporter une solution concrète à la recherche des entrepreneurs en machines agroalimentaires.
Ensuite, beaucoup viennent se renseigner auprès de moi comme je l’ai fait auprès des autres devanciers. De même, je me suis rendu compte que beaucoup d’industriels, de concepteurs qui sont au Bénin sont dispersés. Donc si on les regroupe, ils auront une vitrine et plus de visibilité et ceux qui ont besoin d’eux auront une adresse bien précise pour les rencontrer. Pour finir, j’ai l’ambition de montrer aux concepteurs et inventeurs qu’ils peuvent se faire valoir. Il y a au Bénin des industriels qui fabriquent des matériels digne d’éloges. Je veux les promouvoir et leur donner une chance de vivre pleinement de leur art qu’est la création.
En marge de cette foire, nous ambitionnons aussi de permettre aux chefs d’entreprises qui sont dans le secteur de l’agroalimentaire que ces dernières sont régies par le ministère de l’Industrie et du commerce.
Quels sont les objectifs que vous poursuivez ?
L’objectif principal de la foire des machines agroalimentaires est de valoriser les machines et de réunir les équipementiers agroalimentaires, de faire connaître les équipements et machines agroalimentaires aux professionnels du domaine.
Comme objectifs spécifiques, nous ambitionnons de : proposer une veille technologique et économique permettant aux chefs d’entreprises d’appréhender et d’engager dans les meilleures conditions les évolutions de leur système de production ; favoriser le développement des entreprises proposant les équipements et les services liés à ces activités : la transformation des matières, le conditionnement, l’emballage, la traçabilité, l’hygiène, la sécurité ; permettre la création de réseaux ; permettre la rencontre avec les organismes et institutions reconnus à l’échelon régional et national ; permettre une diffusion élargie de l’information via des conférences-débats à thèmes ; aider les industriels concernant les réflexions stratégiques d’actualité, en particulier la sécurité alimentaire, le développement durable, l’écologie industrielle ; créer un prix de l’équipement au Bénin.
Où et comment cette foire va-t-elle se dérouler ?
Elle se déroulera au sein du ministère de l’Industrie et du commerce. Le ministre Serge Ahissou parraine cet événement. Mais nous avons choisi ce cadre pour une raison assez pertinente. Bon nombre d’inventeurs et de promoteurs d’entreprises agroalimentaires ignorent que le ministère du Commerce est le ministère de tutelle. Pour beaucoup, après avoir fait les formalités d’enregistrement et obtenir la carte professionnelle, ils coupent les liens avec ce ministère alors qu’il y a beaucoup d’initiatives et d’opportunités qui sont créées pour les soulager de certaines peines et dont ils ne profitent pas. De plus, certaines informations relatives à leur secteur d’activité sont méconnues. S’agissant du déroulement, plusieurs activités sont au programme. Il s’agit de l’exposition des machines agroalimentaires ; des rencontres B to B entre inventeurs, entre entrepreneurs et entre inventeurs et entrepreneurs; il y aura aussi des communications diverses pour apporter des réponses concrètes autant aux préoccupations des inventeurs qu’à celles des entrepreneurs. Il y aura autant les fabricants de matériels agroalimentaires que les concepteurs. Et autant d’entreprises nationales qu’étrangères représentées. Les entrepreneurs pourront exprimer leurs besoins aux concepteurs et dessinateurs qui pourront réaliser des esquisses qui serviront de modèles pour les fabricants.
En marge de cette foire, il y aura un concours. Les visiteurs auront à voter pour l’équipement qui aura retenu leur attention. Et le meilleur équipement sera donc promu à travers une distinction.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans la préparation de cette foire ?
La difficulté majeure, ce sont les finances puisque nous avons la main d’œuvre de qualité, l’expérience et le savoir-faire pour réussir un événement de cette envergure. Nous aurions aimé que l’Etat central ainsi que les structures autant publiques que privées nous accompagnent. Que celles à qui nous avons envoyé des courriers nous apportent leur soutien et celles à qui nous n’en avons pas envoyé parce que ne les connaissant pas mais intervenant dans le secteur, peuvent se rapprocher de nous. De même que les institutions financières qui accompagnent les entreprises agroalimentaires. Car nous travaillons pour un objectif primordial qui n’est autre que la promotion des valeurs béninoises. C’est notre vision du développement. Et ce n’est pas facile dans un monde où la recherche de l’intérêt personnel a pris le dessus sur celui général. Nous travaillons pour faire émerger les créateurs, inventeurs et entrepreneurs béninois ou vivants au Bénin. Que ceux qui sont motivés par la passion du développement nous rejoignent. Car de la réussite de cet événement dépend la réussite de plusieurs inventeurs et entreprises. Et si on sait combien d’emplois fournit une entreprise, vous pouvez imaginer les retombées de cette foire sur le tissu socioéconomique du Bénin avec la création ou le développement de 10, 20, 30 et plus entreprises.
Quel est le prix d’acquisition des stands ?
Les stands sont alloués pour les trois jours à 100.000 FCFA. Une fois que le stand est pris, l’acquéreur a droit un certain nombre d’accompagnement et de facilités telles que la restauration, la confection de catalogues des machines agroalimentaires. Si nous avons assez de sponsors, cela nous permettrait de revoir les tarifs d’acquisition à la baisse. Ceci pour permettre à un plus grand nombre d’y participer. Mais nous attendons encore des partenaires qui, on l’espère, pourrons nous accompagner de leur mieux. Que ce soit en espèces ou avec des matériels et équipements divers. Nous leurs lançons un appel. Qu’ils nous rejoignent pour qu’ensemble nous fassions de cette foire une réussite pour le bonheur de nos inventeurs, entrepreneurs et artisans.
Quelles sont les conditions à remplir par les visiteurs de cette foire ?
Il suffit de débourser 1000 FCFA pour une journée de participation à cette foire. Le ticket des trois jours est cédé au prix de 2.500 FCFA. C’est une foire hautement professionnelle. Ceux qui ne sont pas encore dans le domaine aussi peuvent venir. Mais c’est beaucoup plus pour les acteurs des filières agroalimentaires. Cette foire répond d’abord aux attentes de tous les maillons de la chaîne agroalimentaire.
Le tarif d’entrée n’est rien en comparaison de tout ce que les professionnels viendront découvrir. Je vous ai donné mon exemple. Si cette foire que nous initions avait existé, personnellement je n’aurais pas eu besoin de courir dans tous les sens pour glaner des informations. Et Dieu sait combien j’ai dépensé avant d’avoir ces informations. Que ce soit en termes de frais de téléphone, de déplacement, de temps, de frais d’internet et j’en passe. Venez à cette foire et vous verrez qu’avec 2.500 FCFA, vous aurez des solutions aux recherches qui vous ont déjà coûtées 10.000, 20.000 FCFA ou plus sans que vous n’ayez eu satisfaction.
On aurait pu laisser l’entrée libre et gratuite mais nous n’avons pas assez de sponsors et il s’agit d’une foire qui est un rendez-vous d’échange.
Avez-vous une préoccupation particulière à aborder ?
Notre préoccupation, c’est qu’on nous accompagne. Ce n’est pas du tout facile. Mais quand nous avons décidé de nous lancer dans l’organisation de cette foire, c’est avec la ferme conviction d’apporter un plus aux inventeurs, concepteurs et vendeurs de machines agroalimentaires et aux entrepreneurs. Imaginez-vous la répercussion que peut avoir la promotion de 10, 20 inventeurs ou entrepreneurs sur l’économie béninoise ? Nous sommes jeunes, nous sommes le fer de lance de cette nation. Et nous ne croisons pas les bras pour dormir sur nos lauriers. Nous travaillons pour la jeunesse, pour nos concitoyens car pour un Bénin développé il faut des hommes et des femmes qui réussissent à impacter positivement l’économie. Nous avons foi en ce que nous allons remporter le combat sur la fatalité. Mais il est évident que nous n’irons nulle part si nos pères, nos mères, nos sœurs et nos frères pour qui nous nous battons ne nous soutiennent pas. Soutenez-nous aujourd’hui à promouvoir nos inventeurs et entrepreneurs. Demain, ils soutiendront le Bénin à leur tour en apportant de la valeur ajoutée à l’économie.
Je remercie très sincèrement ceux qui nous ont fait déjà confiance tels que monsieur le ministre du Commerce et de l’industrie, la CCIB, monsieur Gao. Jixing, coordonnateur de la mission chinoise d’appui à la production cotonnière au Bénin envoyé à une séance avec l’équipe par l’ambassade de la Chine près le Bénin, l’Apiex, pour son appui conseil. Nous attendons les autres pour une foire réussie dans l’intérêt de tous.
La FMA, c’est pour nous, soyons ensembles. Que les concepteurs, vendeurs, les qualiticiens, les intervenants de tous ordres dans le domaine de l’agroalimentaire nous rejoignent. Nous aurions aimé que l’ANM nous soutienne. Je vous remercie