L’Inde vient d’annoncer une réduction de l’ordre de 5 millions de tonnes des exportations de sa production de riz. L’Afrique, un gros client et consommateurs de ce marché est dans l’œil du cyclone car, le riz sur le continent pourrait devenir plus cher avec cette décision de l’Inde.
Bidossessi WANOU
En 2019/20, l’Inde avait exporté 4,54 millions de tonnes de riz basmati et 5 Mt de non-basmati. D’avril à décembre 2020, les exportations indiennes de riz ont atteint 11,58 millions de tonnes (Mt) en hausse de 80,37%. Pour la période 2020-2021 (Novembre), Rice Association of India dans un rapport a renseigné que les importations de riz indien « RIZ NON-BASMATI » en Afrique de l’Ouest ont été de 3 247 259 tonnes avec la plus forte proportion à destination du Bénin, soit753 110 tonnes. L’Afrique en général, l’Afrique de l’Ouest en particulier, est la plus grande consommatrice du riz indien. Il est donc évident que des mesures de restriction prises par l’Inde impacteront « durement » le marché Africain et spécifiquement béninois. Malheureusement, c’est ce qui s’annonce. En début d’année, B.V. Krishna Rao, président de la Rice Exporters Association (TREA) avertissait déjà que les exportations de la céréale sont attendues en baisse de près de 5 millions de tonnes d’ici la fin de l’année fiscale 2022/2023 en mars prochain en raison des restrictions imposées par New Delhi. Second producteur mondial, l’Inde a interdit le 9 septembre dernier, les expéditions de riz brisé 100 %. Aussi, un droit de 20 % sur les ventes de différentes qualités du produit (riz non-basmati, riz paddy, riz complet, riz non étuvé) a été institué. Avec cette mesure, des sources commerciales n’ont fleuré que plusieurs variétés de riz indiens hors de prix sur les marchés mondiaux, en raison d’une augmentation 60 à 80 dollars sur chaque tonne. Avant le droit d’exportation, certaines variétés de riz indien coûtaient entre 380-400 dollars la tonne (FOB). Cela est venu conforter des études qui ont annoncé qu’en cette année 2022, l’Inde enverra moins de riz sur le marché global. C’est pourquoi, les exportations de riz de l’Inde sont annoncées à 16,2 millions de tonnes en 2022-2023 contre le record de 21,5 millions de tonnes la campagne 2021/2022. Les exportations de l’Inde se contrasteraient de 25 % en 2022/2023 en raison des restrictions imposées par New Delhi, avaient renchéri d’autres. Depuis la fin de l’an 2011, c’est la toute première mesure de limitation du commerce extérieur du riz prise par l’Inde, portant notamment sur l’exportation du riz non basmati. En 2011, ladite mesure avait été prise pour trois ans. Par cette décision, les autorités indiennes entendent améliorer l’approvisionnement domestique après une pluviométrie déficitaire, inférieur à la moyenne enregistrée dans les principaux Etats producteurs (Bengale-Occidental, Bihar et Uttar Pradesh). Selon certains, la restriction vient en opposition à l’augmentation de la demande du riz brisé 100 % par la Chine, premier acheteur mondial de riz brisé en 2021, avec 1,1 million de tonnes et qui a même porté à la hausse le taux de ses importations pour répondre au besoin de l’alimentation du bétail en sécheresse. La restriction a des effets immédiats, ce qui engendrerait une réduction de l’offre sur le marché des pays africains notamment dont le Bénin, avec une nouvelle hausse des prix à la clé.
Le Bénin dans d’œil du cyclone
Le Bénin occupe la deuxième place dans la liste des premiers acheteurs du riz étuvé indien en 2021-22. Il est précédé du Bangladesh (1er) et suivi de huit autres pays à savoir : la Côte d’Ivoire, le Togo, la Guinée, la Somalie, le Libéria, le Sri Lanka, Djibouti et l’Afrique du Sud. Cependant, il faut souligner que la quantité importée par le Bénin n’est pas entièrement consommée surplace mais majoritairement envoyée sur le marché nigérian. Le pays reste donc un important consommateur et abonné au marché du riz indien et serait à coup sûr l’un de ceux qui feront plus les frais de cette restriction décidée par le fournisseur, l’Inde. On ne s’étonnerait donc point que le marché béninois ployant déjà sous les effets de la guerre en Ukraine subisse un autre choc exogène, du moins en ce qui concerne le marché de riz. C’est peut-être le moment de renforcer les capacités locales de production afin de développer une résilience concluante face à cette nouvelle crise sachant que le riz reste une denrée fortement demandée et beaucoup plus consommée. L’Etat, dans l’anticipation, devrait commencer par réfléchir à des mesures atténuantes à cette cherté qui se profile et qui ne ferait qu’aggraver la situation déjà décriée par plusieurs citoyens.