Les temps sont durs au Bénin malgré une performance économique robuste. La rentrée scolaire s’approche et la panique gagne les ménages pauvres qui ne pensent qu’à prêter de l’argent pour faire face aux besoins de scolarité de leurs enfants.
Issa SIKITI DA SILVA
Le marché de Tokpa est en ébullition ce vendredi après-midi. Elizabeth, une femme de 45 ans, est venue acheter des objets scolaires pour ses quatre enfants mais elle est décontenancée par les prix qui, selon elle, montent en flèche au jour le jour.
« C’est trop cher par rapport à l’année scolaire précédente. Ces vendeuses exagèrent un peu. Je ne pense pas que je serais en mesure de m’en sortir. Un prêt serait nécessaire pour supplémenter ce que j’ai », a déclaré Elizabeth, mécontente.
A part les frais scolaires dont certaines écoles exigent le payement total avant la rentrée, les familles devront acheter les uniformes, les souliers et les matériels didactiques, et s’acquitter d’autres frais scolaires supplémentaires.
Dans certaines banques de la place, des comptoirs de prêt scolaire ont déjà été installés. Ceci est dans le but de permettre aux clients qui n’ont pas les moyens de se procurer des fournitures scolaires avec leurs propres moyens de solliciter un prêt.
Dans une agence bancaire de la place, un homme de cinq enfants s’approche du comptoir pour demander des renseignements sur les modalités d’obtenir un prêt scolaire.
« On n’a pas le choix car la vie devient de plus en plus chère au Bénin alors que nos revenus continuent à plonger. Il faut que le gouvernement réfléchisse sur l’augmentation du Smig. On ne peut pas continuer comme ça », affirme le fonctionnaire de l’état.
Les enfants mécontents
Un lycéen de 16 ans surnommé Ben a déclaré qu’il était mécontent des objets scolaires achetés par ses parents.
« Je suis venu avec ma mère pour faire des achats mais je ne suis pas satisfait par ce qu’elle m’a acheté. Le problème est que je ne peux pas protester ouvertement parce que je ne sais pas les raisons qui l’ont poussé à prendre ces décisions », a indiqué Ben.
Pendant que Ben murmure, un autre écolier interviewé par l’Economiste a dit qu’il n’était pas encore sûr s’il allait fréquenter en septembre. « Jusqu’à présent on ne m’a rien acheté. Mes parents savent que la rentrée scolaire s’approche petit à petit mais ils font comme si rien n’était. Nous sommes une famille pauvre. Peut-être qu’ils n’ont pas encore les moyens », souligne l’écolier, anxieux.
La pauvreté s’est accentuée au Bénin à 2015, passant de 36,1% en 2011 à 40.1% en 2015, selon la Banque mondiale.
En outre, le Bénin est l’un des pays africains qui dépensent moins dans le secteur de l’éducation. Ses dépenses publiques totales dans le secteur de l’éducation (% du PIB) continuent de baisser, passant de 5,3% en 2010 à 3.99% en 2016, selon les chiffres de l’Université de Sherbrooke, au Québec (Canada). C’est 4%, selon la Banque mondiale.
Il n’y a pas de chiffres récents pour quantifier ces dépenses.
Le budget annuel alloué au sous-secteur maternel et primaire béninois en 2019 était de l’ordre de 114,05 milliards de FCFA (193 millions USD), soit une augmentation de 7,5% par rapport en 2018 qui était de 106.14 milliards de FCFA (179 millions USD). Le sous-secteur du secondaire n’avait eu 75 milliards, selon le site Educ’Action.