Le lundi 16 septembre prochain, les écoles du Bénin vont rouvrir leurs portes pour accueillir les nouveaux et anciens élèves, marquant ainsi le début de l’année scolaire 2024-2025 conformément à l’arrêté interministériel du 13 mai 2024. Cependant, le vent de la cherté de la vie qui secoue actuellement ce pays à faible revenu risque d’empêcher bon nombre d’élèves de reprendre le chemin de l’école parce que leurs familles n’ont pas assez de moyens financiers. Encore une fois, la pauvreté des ménages – exacerbée, entre autres, par la corruption, le chômage et les salaires de misère – crucifie un secteur qui bat de l’aile. L’éducation au Bénin est un droit inaccessible pour près de 1,6 million d’enfants en âge d’être scolarisés, selon l’UNICEF.
Issa DA SILVA SIKITI
« Les ventes sont précaires par rapport à l’année précédente. Il n’y a pas d’engouement comme avant. Je ne sais pas ce qui se passe. Les gens viennent demander le prix des cahiers et d’autres fournitures scolaires mais ils secouent seulement la tête et s’en vont sans rien dire. Cela démontre qu’il y a anguille sous roche. Tout le monde se plaint, d’autres même s’en prennent à moi en disant que je suis l’ennemie du peuple béninois. Je comprends leur frustration mais est-ce que c’est ma faute ? », a déclaré une vendeuse d’une boutique de fournitures scolaires à Cotonou.
Dans un autre coin de la ville, une mère de quatre enfants, a réagi : « Le pays va mal. Tout est cher cette année, et c’est comme si les prix augmentaient plus on s’approche de la rentrée scolaire. A l’allure où vont les choses, le 16 septembre, les écoles risquent de n’accueillir que les enfants de familles aisées. Les gens souhaitent que Talon (ndlr, le Président de la République) reporte la rentrée à la fin de septembre parce qu’ils n’ont pas assez de moyens. Mon argent ne suffit pas pour payer la contribution scolaire et acheter les fournitures scolaires de quatre enfants. C’est fort possible que mes filles restent à la maison jusqu’à ce que j’aie assez de moyens. Il faut aussi mettre de côté l’argent du transport. Au marché Dantokpa, les clients se font de plus en plus rare ».
Effort personnel
Dans d’autres familles démunies, certains enfants ont décidé de se prendre en charge afin d’éviter la honte et le désarroi d’abandonner l’école. Justin, 15 ans, travaille dur pendant les vacances et fait de petites économies pour résoudre son problème. « Avant la fermeture, maman nous a dit qu’elle n’avait pas assez d’argent pour nous envoyer tous à l’école l’année scolaire prochaine. Je suis sûr que je vais m’en sortir avant le 16 ».
Une étude précédente de l’UNICEF sur l’éducation au Bénin a révélé que le coût des études peut constituer l’une des barrières pour la scolarisation des enfants (accès et maintien), notamment pour ceux qui appartiennent aux catégories les plus démunies.
« L’accès est encore plus difficile pour les enfants durant la saison des pluies ou quand ces écoles ne disposent pas d’un minimum de commodités de base en eau potable, hygiène et assainissement ou de conditions d’apprentissage (mobiliers et infrastructures, entre autres) », ajoute l’UNICEF.