Face à la situation socioéconomique de plus en plus délicate dans la zone ouest-africaine, les institutions financières de développement optent pour un nouveau paradigme. A l’ouverture du 1er Forum régional d’investissement dont elle est l’initiatrice, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), a attiré l’attention des décideurs et bailleurs sur leur rôle dans la consolidation de la croissance économique.
Sylvestre TCHOMAKOU
Investie de la promotion de l’intégration économique à travers le financement des programmes et projets de ses Etats membres, en cohérence avec ceux de la Communauté et/ou du NEPAD, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) mise sur la synergie d’actions entre décideurs du public et du privé, institutions de développement. Pour combler le déficit d’investissement dans la région des 15 pays membres, estimé à plus de 12 milliards de dollars, l’institution mobilise depuis hier, 04 avril 2024, les acteurs de la finance autour du Forum d’investissement de la Cedeao. Première du genre, cette rencontre qui s’est ouverte à Lomé avec le soutien de “Exim Bank”, institution financière internationale indienne spécialisée dans le financement du commerce, se veut d’exposer aux participants, divers modèles de développement visant à promouvoir l’agriculture familiale, à renforcer la sécurité alimentaire, à soutenir les petites et moyennes entreprises et à investir dans l’infrastructure. « Nous avons le pouvoir de façonner l’avenir de notre région et de débloquer son plein potentiel. J’encourage donc tous les acteurs présents ici, à répondre à l’appel à l’action », a assuré, jeudi 4 avril 2024, George Agyekum Donkor, président de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), à l’ouverture du 1er Forum d’investissement de la CEDEAO (EIF) à Lomé. Pour lui, face aux défis économiques mondiaux croissants, il s’avère indispensable de « remodeler le paysage économique de la région ouest-africaine ». C’est d’ailleurs ce qui justifie le thème central de ces deux (02) jours de rencontre : « Transformer les Communautés de la CEDEAO dans un environnement difficile ».
Se tenant dans un contexte régional difficile, marqué par le retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Cedeao, ce qui remet en question la participation des pays au capital de la BIDC et redessine les alliances économiques, ce forum va servir de « plateforme pour que les investisseurs et les promoteurs convergent, collaborent et livrent des projets transformationnels qui inspirent la croissance économique et positionnent la région de la Cedeao comme une destination privilégiée pour l’investissement.». Pour le président de la BIDC, « investir dans les économies en développement n’est pas juste une question de générer des profits, c’est créer une croissance durable, réduire la pauvreté et bâtir un meilleur futur pour tous ».
La Banque, forte d’un portefeuille dépassant les 4 milliards de dollars et ayant soutenu plus de 200 projets, ambitionne, à travers cet événement, de rassembler et d’unir les investisseurs privés. L’objectif est de les encourager à prendre le relais des investissements dans la sous-région, une nécessité pressante alors que la Banque pourrait se trouver limitée face à des besoins croissants. Il s’agit également de susciter un intérêt accru parmi ses actionnaires, qui jusqu’à présent ont témoigné d’un enthousiasme modéré en matière d’engagements financiers. De plus, l’initiative vise à attirer les investisseurs non-régionaux, dont 30% du capital est réservé, afin de franchir le pas vers l’investissement dans la région. En parallèle, cet événement servira à renforcer la présence et la notoriété de la Banque, dans le cadre d’une opération de promotion de sa propre image. Enfin, il s’inscrit dans une démarche visant à contribuer aux débats en cours dans la sous-région, dans un esprit d’apaisement et de coopération.