(Dr Harry Viderot apprécie la clairvoyance des autorités béninoises et soutient Romuald Wadagni)
Les africains sont divisés sur les stratégies à adopter pour permettre au continent de relancer son économie après les ravages faits par le Covid-19. Deux visions s’opposent ainsi pour un même objectif : relancer l’économie africaine.
Falco VIGNON
Les propositions faites par les leaders africains pour donner un souffle nouveau à l’économie de leurs pays, semblent aller dans le même sens. Mêmes si les voies et moyens ourdis ne sont pas les mêmes, il est évident que l’objectif visé est le même. En effet, alors que le président du Sénégal, Macky Sall, semble convaincu qu’une annulation des dettes africaines pourra permettra aux Etats du continent d’investir les ressources prévues pour rembourser ces dettes dans l’économie de leurs Etats, le président du Bénin, Patrice Talon, va dans le sens de la ‘’mobilisation urgente de liquidité nouvelle’’, selon les termes employés par le ministre des Finances du Bénin, Romuald Wadagni.
Le ministre béninois, dans son intervention, avec les arguments développés par le président Patrice Talon lequel, dans une lettre adressée aux dirigeants du Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (BM), a appelé, la semaine dernière, à la « mobilisation urgente de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou moratoires de dettes et, à la relance d’autre part, des économies africaines via des financements concessionnels en vivifiant toutes les opportunités d’accès à la bonne dette à l’instar des pays développés ».
De l’autre côté, selon Macky Sall, l’annulation de la dette ou son rééchelonnement sur une année permettra de libérer 44 milliards de dollars soit 26730 milliards FCFA du service de la dette (cumul des échéances 2020) au profit d’autres secteurs. La signature de nouvelles dettes dans les conditions actuelles, outre que cela se fera sous des conditions défavorables, participera au creusement de la dette africaine et par conséquent à une tension sur les notes souveraines, selon le profil pays.
L’intelligentsia béninoise soutien Talon et Wadagni
Les intellectuels africains ont assez commenté les stratégies priorisées par Macky Sall et Patrice Talon. A travers une tribune libre parvenue à notre rédaction l’expert en management des entreprises et organisations, docteur en science de gestion, spécialiste des Objectifs de développement durable (ODD) et practien de l’université de recherche des Nations Unies en Suisse, Harry Viderot s’est appesanti sur les deux propositions de stratégies pour relancer l’économie africaine. Avec des arguments concrets, le jeune intellectuel a trouvé pertinentes et judicieuses les propositions faites par le ministre Wadagni et le président Talon.
Lire ci-dessous, l’intégralité de sa tribune libre.
Tribune libre de Harry Viderot
Les pertinentes propositions du ministre Romuald Wadagni, la clairvoyance du président Patrice Talon
En Afrique subsaharienne, le poids de la dette a plus que triplé, passant de 30 à 95 % du PIB. Les États africains déjà endettés vont connaître de sérieux problèmes budgétaires. Sans compter l’urgence du remboursement des dettes de ces mêmes États africains à l’endroit de leurs entreprises privées qui sont déjà étouffées par des problèmes de trésorerie. C’est dans ce contexte qu’il faut aussi trouver des ressources pour lutter contre le Covid-19. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et des dirigeants africains ont appelé vendredi 17 avril à une rapide action internationale pour aider les pays d’Afrique à faire face à l’épidémie de coronavirus qui va provoquer cette année une contraction de 1,25 % de l’économie du continent. Déjà, le FMI a approuvé un allégement de la dette immédiat pour 25 pays. Tout en remerciant ses institutions de « Bretton Woods » pour leur démarche, le ministre Romulad Wadagni fait la fabuleuse et sage proposition de la mobilisation de fonds à l’allègement des dettes au vu des annulations de dettes opérées dans la décennie passée, qui n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs…De plus il cite ; « je constate que les politiques et instruments mis en œuvre pour soutenir les économies des pays développés sont orientés vers la mobilisation et la mise à disposition immédiate de nouveaux financements visant à contenir les impacts économiques de la crise, tandis que les mesures adoptées pour l’Afrique se résument principalement soit à des annulations de dettes, soit à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale. » Alors, il est clair qu’il faut relancer les économies africaines via des financements concessionnels et comprendre que L’endettement responsable est un meilleur choix qu’un appel à l’indulgence. La mobilisation des fonds est primordiale, par exemple, la Côte d’ivoire a initié un bon prêt COVID 19 de 175 milliards sur le marché domestique, Ou le Togo avec le soutien financier aux familles vulnérables. L’exemple de dons personnel de 500 millions de FCFA du Groupe Patrice Talon pour accompagner la mobilisation de la chaine de solidarité prônée à l’interne pour soutenir l’économie béninoise. Une solidarité que Dr Harry VIDEROT avait au média suscité, le temps que la mobilisation des fonds au niveau des institutions financières internationales puisse se faire. D’ailleurs, il a même écrit pour inspirer la réactivité des pays africains à trouver les financements nécessaires face aux urgences sanitaires, économiques et sociales ‘’Le plan Sanitaire, Economique et Social COVID 19’’ ou ‘’S.E.S COVID19’’.
-La moitié des emplois en Afrique menacés par les retombées du coronavirus.
Alors que le continent africain guette fébrilement le pic de la pandémie, son impact fait déjà des ravages sur les économies. « Il s’agit d’une crise mondiale, mais l’Afrique sera plus touchée, avec un coût économique plus lourd et durable, qui menacera les progrès, accentuera les inégalités et aggravera les faiblesses ». Pour la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, plus de 51 % des exportations de l’Afrique sont destinées à des pays fortement touchés par le virus, tandis que 53 % de ses importations proviennent de ces mêmes pays. La croissance en Afrique subsaharienne devrait se rétracter fortement entre 2019 et 2020, passant de 2,4 % à -5,1 %, plongeant la région dans sa première récession depuis plus de 25 ans, selon la dernière édition d’Africa’s Pulse. On chiffre les pertes de production liées à la pandémie de Covid-19 entre 37 et 79 milliards de dollars en 2020, et La crise du Covid-19 risque également de provoquer une crise alimentaire en Afrique, la contraction de la production agricole risquant d’atteindre entre 2,6 % dans le scénario optimiste. On peut dire que l’arrêt des activités agricoles en raison de la pandémie de COVID-19 signifie la perte de 60 % des emplois des personnes impliquées dans le secteur dans la région de l’Afrique subsaharienne. Il faut donc des mesures d’accompagnement de ses états afin de relancer leurs économies. Pouvoir mobiliser ses fonds auprès des grandes institutions, devient donc indispensable pour sauver de millions d’emplois et des entreprises de la fermeture ; mais aussi de pouvoir mettre en place un dispositif sanitaire concret face à la pandémie.
-Un plan d’urgence de 100 milliards de dollars : L’endettement responsable est un meilleur choix qu’un appel à l’indulgence
L’Afrique manque de ressources et d’infrastructures médicales pour lutter contre la crise sanitaire et a besoin d’au moins 114 milliards de dollars pour répondre à des besoins financiers urgents, a déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Ces répercussions dans des secteurs économiques clés de l’Afrique auront de graves répercussions sur la prospérité de ses habitants et entraveront les efforts visant à réaliser respectivement le plan de développement continental, l’Agenda 2063, et le plan de développement mondial, l’Agenda 2030. « Outre son effet inquiétant sur la vie humaine, la pandémie devrait coûter à l’économie mondiale jusqu’à 1 million de dollars et entraîner une baisse significative de 0,4 % de la croissance du PIB mondial, qui devrait passer de 2,9 % en 2019 à 2,5 % en 2020 ». Une réponse financière rapide et percutante est nécessaire pour éviter une crise majeure en Afrique. Ainsi les ministres des Finances africains ont convenus la semaine dernière que le continent avait besoin d’un plan de relance de 100 milliards de dollars, dont 44 milliards de dollars en dispenses de service de la dette pour faire face au nouveau virus. Un besoin d’un stimulus économique d’urgence pour renforcer les mesures préventives et soutenir ses systèmes de santé fragiles. Alors que l’Afrique représente 1 % des dépenses de santé mondiales, elle supporte 23 % de la charge de morbidité, dont des centaines de milliers de décès chaque année dus au paludisme, au sida et à la tuberculose. « Il y a une grande probabilité de récession », et les politiques idoines doivent être mises en œuvre, comme le recommande le plan Sanitaire. Economique. Social COVID 19 décrit par Dr Harry VIDEROT dans les mesures internes et aussi dispositions externe à prendre. Il faut :
- Soutenir et encourager l’ouverture des corridors commerciaux
A l’activité économique de se poursuivre pendant les mesures de distanciation sociale et en soutenant le partage d’informations.
2. Un plan d’urgence de relance économique
Approbation immédiate d’un plan de relance économique d’urgence de 100 milliards de dollars pour financer la réponse immédiate dans des secteurs tels que la santé, la sécurité sociale, l’alimentation des enfants non scolarisés et la protection de l’emploi. Le paquet devrait également inclure une suspension de tous les paiements d’intérêts sur les dettes nationales, estimées à 44 milliards de dollars d’ici 2020.
3. Mettre en œuvre des mesures d’urgence pour protéger 30 millions d’emplois, principalement le secteur informel et les PME
« Face à la pandémie de Covid-19, les pays prennent non seulement des mesures de confinement, mais ils déploient aussi un arsenal de mesures budgétaires et monétaires d’urgence, prenant des décisions importantes, en abaissant notamment les taux d’intérêt ou en injectant à un niveau inédit des liquidités dans l’économie », indique Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Il faut veiller à ce que la réponse budgétaire intègre bien les interventions de protection sociale destinées en particulier aux travailleurs du secteur informel, PME… et sème les graines pour rendre nos économies plus résilientes. »