Alors que la COP27 – la Conférence internationale du climat de l’ONU – s’est ouverte en Egypte dimanche sur fonds d’inondations, d’incendies de forêt, de pertes de biodiversité et de sécheresse causés par le changement climatique, l’attention se tourne particulièrement vers les « grandes promesses » faites par les 25 plus grandes entreprises du monde d’atteindre tant bien que mal un objectif de zéro émission ou de neutralité carbone.
Issa SIKITI DA SILVA
Les grandes promesses sont souvent ambiguës et les engagements de réduction des émissions sont limités ; l’analyse des engagements pris par ces entreprises à réduire les émissions globales de gaz à effet de serre se limitent seulement à 40% en moyenne, et non à 100% comme le suggère le terme « net zéro », se plaint d’emblée un rapport intitulé en anglais « Corporate Climate Responsibility Monitor 2022 » ou le Moniteur de la responsabilité climatique des entreprises de 2022.
Ce rapport, réalisé par le NewClimate Institute et Carbon Market Watch, souligne que seules trois des 25 entreprises – Maersk, Vodafone et Deutsche Telekom – s’engagent clairement à une décarbonation profonde de plus de 90% de leurs émissions complètes de la chaîne de valeur d’ici leurs années cibles respectives de leurs engagements principaux. Au moins cinq des entreprises ne s’engagent à réduire leurs émissions que de moins de 15%, souvent en excluant les émissions en amont ou en aval.
Aucun engagement spécifique
Les 12 autres entreprises n’accompagnent leurs promesses principales d’aucun engagement spécifique de réduction des émissions pour leur année cible. Collectivement, les 25 entreprises s’engagent spécifiquement à ne réduire que moins de 20% de leurs 2,7 GtCO2e (gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone) par leurs années cibles respectives.
Parmi les entreprises dont les intentions de réduction ont été jugées faiblement intègres figurent entre autres Google, Amazon, Hitachi, Volkswagen, Ikea et Walmart. En outre, les entreprises telles que DHL, BMW, Unilever, Novartis et Nestlé semblent faire montre d’une très faible intégrité, selon le rapport.
Les révélations de ce rapport ont, depuis sa publication, provoqué une vive émotion dans le camp des défenseurs de l’environnement, accusant bon nombre de grandes entreprises de pratiquer le « greenwashing ».
Le « greenwashing » est défini comme une pratique malhonnête qui consiste à surreprésenter et exagérer les références écologiques (produits durables et respectueux de l’environnement) par le biais de la publicité et du marketing.
« Le monde est dans une course contre la montre. Nous ne pouvons pas nous permettre des mouvements lents, des faux mouvements ou toute forme de greenwashing », a récemment martelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« Nous devons nous assurer que les engagements net zéro sont ambitieux et crédibles, et qu’ils s’alignent sur les normes les plus élevées d’intégrité et de transparence environnementales », a-t-il déclaré, faisant clairement allusion aux entreprises, aux investisseurs et aux grandes puissances pollueuses.