A l’horizon 2030, l’environnement béninois risque d’être fortement secoué par le réchauffement climatique qui gagne à petit feu tous les secteurs de l’économie. La mise en œuvre des options d’atténuation identifiées dans les secteurs de l’agriculture, l’énergie et la foresterie permettront de réduire les émissions de Gaz à effet de serre (GES) de 22 877 Gg (prévision pour 2030) à 18 891 Gg. Soit une réduction escomptée d’environ 3 986 Gg, représentant 17,4%.
Félicienne HOUESSOU
Selon L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les mesures d’atténuation sont urgentes et opportunes pour la lutte contre le réchauffement climatique. Car, ces mesures visent à modérer les effets du changement climatique. On dit qu’une activité contribue à l’atténuation du changement climatique si elle contribue à la stabilisation des concentrations de Gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. D’après l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), il s’agit d’activités permettant : de réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ; la protection et l’amélioration des puits et réservoirs des GES (ex. forêts et sols).
Une récente analyse publiée par la direction béninoise de l’environnement et du climat révèle que le secteur de l’agriculture représentera 22,2% des émissions du plan d’atténuation en 2030 avec une réduction escomptée de 33,1% des émissions par rapport au plan de référence. Les secteurs des procédés industriels et des déchets demeurent les moins émetteurs de GES en 2030 avec respectivement 5,5% et 4,4% du total des émissions (hors foresterie) du plan d’atténuation. Le plus grand potentiel de réduction cumulée des GES (hors foresterie) provient du secteur de l’agriculture (26 772 Gg CO2 soit 65,8% du total des réductions escomptées). Le secteur de l’énergie vient en deuxième position avec une réduction cumulée de GES de l’ordre de 13 908 Gg CO2, soit 34,2% du total des réductions escomptées. Le secteur foresterie et autres affectations des terres (FAT) fournit au pays un potentiel considérable d’atténuation des GES. En l’absence de politique de gestion durable des ressources, la capacité d’absorption des forêts se réduira progressivement dans les années à venir, comme une conséquence directe de l’aggravation de leur dégradation.
Les politiques et mesures d’atténuation
Le changement climatique est en cours, et il est urgent d’agir pour lutter contre. Aujourd’hui, deux voies d’action sont possibles au niveau des politiques publiques et des acteurs des territoires : l’atténuation du changement climatique et l’adaptation au changement climatique. L’analyse des documents des politiques et programmes sectoriels disponibles ont permis d’identifier et d’évaluer dans les trois secteurs ciblés les mesures susceptibles de contribuer à l’atténuation des émissions de GES et au renforcement des puits d’absorption.
Dans le secteur de l’agriculture, les scénarios d’atténuation élaborés par la direction béninoise de l’environnement et du climat découlent des objectifs de productivité et de production du Plan Stratégique de Développement du Secteur Agricole (PSDSA) 2025 ; des orientations du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) pour 2021 et des potentialités de réduction de GES offertes par les technologies applicables. Entre autres, on peut citer comme options d’atténuation: l’utilisation de variétés améliorées de maïs et de coton, la pratique de rotations culturales avec des cultures de légumineuses; l’aménagement des bas-fonds pour assurer la maîtrise de l’eau par les producteurs et l’irrigation intermittente à travers un système aménagé motorisé pour la riziculture ; l’utilisation rationnelle des engrais par la réduction de 10% des usages d’urée et leur remplacement par du compost ; la promotion des filières agricoles et pastorales
Dans le secteur de l’énergie, neuf options d’atténuation sont identifiées et analysées. Entre autres :; la promotion de l’accès des ménages aux foyers améliorés ; la substitution des consommations de charbon de bois par le gaz butane ; la promotion du transport en commun et du transport fluvio-lagunaire ; le développement cohérent des infrastructures routières ; l’accroissement de l’utilisation des énergies renouvelables dans la production d’électricité ; le développement de la production d’électricité à partir du gaz naturel plutôt qu’avec les combustibles fossiles liquides (gasoil, jet A1, fioul) ; la restauration de 214 285 ha de forêts naturelles sur la période 2017-2021.
Dans le secteur de la foresterie, quatre stratégies sont envisagées pour réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre : gestion durable des forêts communales ; restauration des forêts classées dégradées ; renforcement du reboisement intensif du territoire national et le renforcement de la règlementation en matière d’exploitation des ressources forestières. Dans ce cadre, les communes seront appuyées pour la mise en place de plantations communales (8215 ha de plantations communales en 2021 et 23.000 ha à l’horizon 2030), pour la promotion et l’aménagement des forêts dans la perspective de renforcement des puits de carbone. Environ 214285 ha de forêts naturelles seront restaurées sur la période 2017-2021 (Environ 600 000 ha sont prévus à fin 2030 pour la restauration des terres). Egalement, il sera mis en œuvre, un reboisement intensif par des mesures incitatives à l’échelle nationale (Mise en place de 82 145 ha de plantations secondaires publiques et privées entre 2017 à 2021. Création d’ici 2030 d’environ 230 000 ha de nouvelles plantations de forêts publiques et privées), le contrôle du respect de la règlementation relative aux quotas de prélèvement et, le contrôle des feux de végétation.
Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), les actions d’atténuation peuvent consister à agir, soit en améliorant la performance énergétique des systèmes, soit en substituant des énergies fossiles entre elles, soient en développant les énergies renouvelables pour venir en remplacement des énergies fossiles. Il faudra donc et surtout réduire le besoin des utilisateurs par des changements de comportement. Par exemple : on remplace l’utilisation du charbon ou du pétrole par du gaz.