Le dernier Rapport économique sur l’Afrique (ERA, sigle anglais) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), publié le mercredi 26 mars 2025, prévoit une reprise progressive de la croissance sur le continent. La croissance sur le continent devrait être soutenue par une consommation privée accrue et de meilleures performances commerciales, précise le document.
Belmondo ATIKPO
Selon le document, « la croissance de l’Afrique devrait progressivement se redresser pour atteindre 3,8 % en 2025 et 4,1 % en 2026 », soutenue par « une consommation privée accrue et de meilleures performances commerciales. » Cependant, cette reprise demeure fragile. « Même si la croissance a rebondi, elle reste faible et en deçà du niveau nécessaire pour améliorer le niveau de vie des populations et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) », alerte le rapport. Ce dernier met en garde contre plusieurs risques qui pèsent sur l’économie africaine. « Les risques pesant sur la croissance de l’Afrique sont fortement orientés à la baisse », souligne la CEA, en raison notamment « des tensions et des fragmentations économiques mondiales, notamment des risques d’une guerre commerciale intensifiée entre les États-Unis et la Chine, de conflits transnationaux, régionaux et nationaux, et de chocs climatiques plus fréquents et plus intenses ». Par ailleurs, malgré une réduction du ratio dette/PIB de l’Afrique, estimé en baisse de « 67,3 % en 2023 à 62,1 % en 2025 », les niveaux d’endettement restent préoccupants. Les craintes d’une crise de la dette persistent, et des coûts d’emprunt injustement élevés freinent les dépenses de développement essentielles, indique le rapport. Cette situation alimente les appels à une réforme de l’architecture financière mondiale.
468 millions d’africains touchés par la pauvreté
Un autre aspect mis en lumière par le rapport est la question de la pauvreté. La proportion d’Africains vivant dans l’extrême pauvreté diminue progressivement, note la CEA. Toutefois, en raison des crises récentes, « le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté pour atteindre environ 468 millions. » Le document insiste également sur la nécessité de renforcer la résilience climatique du continent. L’Afrique peut renforcer sa résilience en accélérant l’action climatique, alors que les aléas météorologiques, climatiques et hydriques ont directement touché plus de 110 millions de personnes en 2022. Ceux-ci ont entraîné des pertes économiques dépassant 8,5 milliards de dollars, révèle la CEA. Face à ces défis, le développement des compétences est un levier clé pour l’avenir du continent. « Avec près de 76 millions de jeunes Africains sans emploi, sans éducation, ni formation, il est particulièrement crucial d’investir dans le développement des compétences », affirme le rapport. Ces investissements sont jugés « essentiels à la croissance et à la résilience de l’Afrique ». Le rapport évoque les tensions commerciales mondiales comme une opportunité pour l’Afrique. « Le risque d’une escalade des guerres commerciales mondiales offre à l’Afrique une opportunité de se replier sur elle-même et de stimuler le commerce intrarégional et l’autonomie grâce à la Zone de libre-échange continentale-ZLECAf ».
Quel rôle pour l’Afrique dans la guerre commerciale ?
Le risque d’escalade des guerres commerciales mondiales offre à l’Afrique une opportunité de se replier sur elle-même et de stimuler le commerce intrarégional et l’autonomie grâce à la ZLECA, indique le rapport. Malgré le dynamisme et la diversification du commerce intra-africain dans certaines régions, la contribution du commerce à la croissance globale de l’Afrique a diminué par rapport aux années précédentes. Le rapport souligne également que l’Afrique continue d’être la deuxième région du monde où la croissance est la plus rapide, principalement en raison d’une diminution des pressions inflationnistes. Si l’extrême pauvreté en Afrique a diminué conformément aux tendances mondiales, elle reste alarmante dans presque toutes les sous-régions, l’Afrique du Nord étant la seule exception. Bien que le ratio dette/PIB de l’Afrique soit en baisse, passant de 67,3 % en 2023 à 62,1 % en 2025, les niveaux d’endettement restent préoccupants. Le rapport souligne que les inquiétudes concernant une crise de la dette persistent, avec des coûts d’emprunt excessivement élevés, ce qui freine les investissements nécessaires au développement. Cette situation alimente les appels à une réforme de l’architecture financière mondiale.