En 2016, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a initié le Projet d’appui au stockage de la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest afin d’éviter les crises alimentaires. Lors de la réunion du comité de pilotage qui se tient à Lomé depuis le lundi 4 mars 2019, les pays ouest-africains dont le Bénin font le bilan de son évolution.
Félicienne HOUESSOU
31 422 ,5 tonnes de céréales ont été achetées auprès des producteurs de la zone CEDEAO, dans le cadre du projet d’appui au stockage de la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest. Ces réserves alimentaires ont été stockées dans des centres décentralisés au sein de l’espace communautaire. Pour Sékou Sengaré, commissaire en charge de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau de la CEDEAO, ce projet a réussi à constituer un stock physique cumulé de 31 422 ,5 tonnes de céréales achetées auprès des producteurs de la région. Ce stock comprend 8 273,28 tonnes de maïs, 8614,72 tonnes de sorgho, 9686,5 tonnes de mil et 4648 tonnes de riz. « Le projet a permis aussi la mise en place des outils et des instruments de gouvernance de la réserve régionale de sécurité alimentaire de la CEDEAO», a-t-il indiqué.Ce projet, initié par la CEDEAO et soutenu par l’Union européenne (UE) à hauteur de 56 millions d’euros (102,37 milliards de FCFA), vise à protéger les pays ouest-africains en cas de crise alimentaire, ceci, grâce à la constitution de réserves.03 ans après sa mise en place, le comité de pilotage du projet tient une 4èmeréunion pour présenter et discuter des progrès et difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la stratégie régionale de stockage, ainsi que les acquis et enseignements ( leçons apprises) de la mise en œuvre des différentes composantes du projet pour soutenir cette stratégie ; présenter et valider les rapports d’activités et financiers de l’exercice 2018; présenter et discuter les perspectives de la stratégie régionale de stockage, les enjeux et conditions de la pérennisation de la Réserve régionale de sécurité alimentaire ( RRSA)…Selon les responsables du projet, le comité de pilotage a gagné son pari en ce qui concerne le stockage des réserves alimentaires et sa mise à la disposition des Etats en crise alimentaire.
Stratégie de mise en œuvre
Pour répondre efficacement aux crises alimentaires et renforcer la résilience des ménages dans une perspective de sécurité et de souveraineté alimentaires régionales durables, deux objectifs spécifiques ont été définis. Primo, il s’agira d’appuyer la mise en œuvre et la gouvernance de la stratégie régionale de stockage de sécurité via les trois niveaux de défense mobilisés en réponse aux crises alimentaires et nutritionnelles. Ce volet consistera à appuyer la mise en place de la réserve régionale de sécurité alimentaire, les systèmes de stockage nationaux et leur mise en réseau et le système de stockage de proximité. Secundo, il sera question de renforcer les dispositifs d’information sur la sécurité alimentaire et la vulnérabilité pour une aide rapide et fiable à la décision, contribuant à l’indépendance et l’efficience de la gestion des réserves alimentaires aux différentes échelles locales, nationales et régionales. Un volet qui donnera appui aux systèmes nationaux d’information, à Ecoagris et aux enquêtes de sécurité alimentaire et nutritionnelle ; au dispositif d’aide à la décision et renforcement des capacités de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (ARAA). Le Projet d’appui au stockage de sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest est mis en œuvre à travers deux conventions de délégation avec l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) et l’Agence française de développement (AFD) et un contrat de subvention avec le Centre régional Agrhymet du Comité inter-états de Lutte contre la sécheresse au Sahel et en Afrique de l’ouest (CILSS). Il s’articule autour des stocks de proximité, des stocks nationaux, et une réserve régionale de sécurité alimentaire permettant de faire jouer la solidarité régionale en cas de crise majeure. Les pays membres de l’organisation ouest-africaine doivent participer à la mutualisation d’au moins 5% des stocks nationaux au profit de la réserve régionale. Pour Hans-Chritian Beaumont, représentant de l’UE à la réunion, le projet est important pour lutter contre la famine dans la sous-région ». « Tout le monde est conscient que nous sommes dans une phase où il y a beaucoup de choses à régler ensemble », a-t-il souligné. Diverses études de capitalisation de bonnes pratiques de gestion de stocks nationaux et de proximité, de mutualisation de stocks nationaux, sur la connaissance et la préparation de la charte des stocks de proximité, la préparation d’un cursus de gestion de stocks de proximité, de sélection et entretien de farines enrichies, d’analyse des risques de production et prix de récolte, une campagne d’information aux organisations de producteurs, pour l’élaboration des plans de contingence sur la dimension alimentaire et nutritionnelle nationale et régionale et le manuel de procédures de la RRSA, parmi tant d’autres sont en cours de réalisation. En effet, selon les directions définies par la CEDEAO, le stock régional doit être un instrument intégré à une politique régionale, articulant régulation du marché (pour réduire l’instabilité des prix et ses conséquences pour les ménages) et stockage de sécurité. Il doit s’agir d’un outil de souveraineté régionale. Sa mise en place doit s’appuyer sur les dispositifs d’information et d’alerte des pays et de la région. Elle s’inscrit dans la politique de prévention et gestion des crises définie par la région et constitue un des éléments fondamentaux de la réponse aux crises. A cette fin, le stock de sécurité régional est intégré dans le plan de contingence régional, toujours en cours d’élaboration