08 filières agricoles prioritaires sont en bonne place dans le budget général de l’Etat 2025. Il s’agit des filières anacarde, ananas, soja, riz, maïs, ainsi que des produits d’élevage comme le lait, la viande et les œufs. Les grandes lignes de cerenouveau agricole ont été présentées aux députés, mercredi 13 novembre 2024 au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo.
Belmondo ATIKPO
Il est prévu au titre du Budget 2025, le développement des filières agricoles parmi lesquelles figurent l’anacarde, l’ananas, le soja, le riz, le maïs, ainsi que des produits d’élevage comme le lait, la viande et les œufs. Ces filières ont été identifiées pour leur potentiel économique. Le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche a justifié, mercredi 13 novembre dernier, devant la représentation nationale la pertinence du choix de ces filières agricoles. Des échanges issus de cette session, il ressort que le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans la croissance économique et sociale nationale du fait de sa contribution à la création de richesse et d’emplois. En effet, le secteur agricole béninois qui occupe environ 70% de la population active, contribue pour près de 23% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) (INSAE, 2017). Il fournit environ 75% des recettes d’exportation et 15% des recettes de l’Etat. Il est reconnu comme un secteur important pour assurer la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cette nouvelle approche de développement agricole du Gouvernement passe par la promotion de Pôles de Développement Agricole (PDA) au côté des douze Direction Départementales de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (DDAEP). Chaque DDAEP devra exercer pleinement ses missions régaliennes notamment de contrôle, de régulation, de mise en œuvre de la politique de l’Etat, incarné par le MAEP. Dans ce cadre, des filières porteuses seront déclinées en projets structurants cohérents dont le pilotage et la coordination seront assurés par une ATDA (Agence Territoriale de Développement Agricole) au niveau de chaque pôle. Cette agence sera animée par une équipe opérationnelle de gestion. Malgré son taux de croissance et sa contribution très appréciable au PIB, le secteur agricole n’a pas encore atteint la forte vitalité des économies émergentes. Il existe des gains de productivité à réaliser dans tous les sous-secteurs, comme le laissent entrevoir les performances de production et de rendements des filières agricoles. Cette section annonce la vision, les objectifs, les défis et les enjeux majeurs à relever, les axes stratégiques et les effets et impacts attendus pour le secteur.
FNDA, fer de lance de l’agriculture
Le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) est appelé à jouer un rôle clé dans le soutien financier des agriculteurs. L’État entend renforcer l’accès aux financements adaptés via le FNDA. L’objectif est de donner aux acteurs du secteur agricole les moyens d’accroître leurs capacités de production et d’atteindre une plus grande rentabilité. Ces priorités dans le secteur agricole illustrent la volonté du Bénin de garantir une sécurité alimentaire durable. Avec les résultats satisfaisants enregistrés en 2023 et 2024, le FNDA va maintenir le cap en 2025, en facilitant plus de crédits aux producteurs dans le cadre de la promotion des 08 filières agricoles retenues par le gouvernement. Au MAEP, plusieurs projets sont aussi prévus dans le cadre du développement du secteur agricole au titre de 2025. En effet, le PNIASAN 2017-2021 intègre le volet Agriculture du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) « Bénin Révélé » comme le programme d’investissements prioritaires mais aussi les investissements à consentir par le secteur privé y compris les exploitants agricoles et leurs Organisations, les Organisations de la Société Civile (OSC), les entreprises agricoles et agro-alimentaires. Il met l’accent sur les collectivités territoriales (Communes) comme acteurs fondamentaux dans le choix et la réalisation des investissements structurants avec le FADeC affecté Agriculture comme outil principal de financement. Ces investissements doivent être centrés sur les Chaînes de Valeur Ajoutée (CVA) des filières dans une approche de territorialisation avec les 7 Pôles de Développement Agricole (PDA). Le PNIASAN 2017 – 2021 est un PNIA de deuxième génération ; il est défini comme étant le cadre de planification et de coordination stratégique pour le secteur de l’Agriculture durable et de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. Il prend en compte les besoins, les acquis, les besoins additionnels de financement (gap) à couvrir pour l’investissement et le fonctionnement du secteur sur une période de cinq ans (2017-2021). Le PNIASAN fédère l’ensemble des Projets et Programmes en cours et en perspective dans le secteur (Etat et Privés). Il prend en compte les ressources intérieures de l’Etat, les financements des Partenaires Techniques et Financiers ainsi que les contributions du secteur privé et de la société civile. Il vise notamment à mobiliser les ressources additionnelles nécessaires à la mise en œuvre effective du PAG volet Agriculture et des mesures d’accompagnement, dans une stratégie de territorialisation du développement agricole et de décentralisation. Le PNIASAN génère la chaine PPBS (Planification, Programmation, Budgétisation, Suivi) dans le domaine couvert par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche et permet d’informer l’ensemble des parties prenantes sur les progrès accomplis dans le secteur. Le PNIA de deuxième génération est donc un outil de portée globale, formulé au cours d’un processus participatif et inclusif. Il est structuré en cinq axes prioritaires, 23 composantes et 93 actions. Le PNIASAN prend en compte les domaines transversaux tels que les dimensions genre, environnementale et sociale pour assurer la durabilité des réalisations.
Secteur agricole : faiblesses et avenir
L’adoption et la mise en œuvre de 2011 à 2015 du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA) a permis d’améliorer les performances du secteur agricole mais insuffisamment. En effet, l’évaluation de la mise en œuvre du PSRSA a révélé que des avancées ont été obtenues notamment en matière d’amélioration de la productivité de quelques spéculations, le renforcement du cadre institutionnel avec la prise en main progressive des rôles par les acteurs selon leurs mandats, l’amélioration de la gouvernance du secteur agricole. Cependant, des faiblesses sont encore notées notamment la faible productivité de la plupart des spéculations liée à l’utilisation des outils traditionnels, au faible taux d’utilisation des semences améliorées, le faible accès aux intrants de qualité à temps opportuns, la non maîtrise de l’eau, la mauvaise organisation des filières, l’insuffisance de l’encadrement technique, le manque d’infrastructures et le faible financement des activités de production. L’agriculture béninoise demeure essentiellement pluviale et fortement influencée par les variabilités et les changements climatiques. Le Projet d’Appui aux Filières Lait et Viande (PAFILAV) financé conjointement par le Fonds Africain de Développement (FAD) et le Gouvernement du Bénin vise à accroître la production et l’efficacité des filières de viande bovine, ovine, caprine, porcine et laitière bovine en mettant à la disposition des populations des produits de qualité et en augmentant le revenu de leurs acteurs. Le projet travaille prioritairement avec les acteurs les plus motivés de la filière. La mise en œuvre du projet permet d’augmenter la production au niveau des filières lait et viande, réduire substantiellement la dépendance alimentaire du Bénin vis-à-vis de l’extérieur et d’accroître la compétitivité de ces filières.
Remettre d’aplomb le secteur
Les priorités du gouvernement béninois dans le secteur agricole répondent aux défis actuels de productivité, d’organisation des filières et de développement rural. Il est attendu une meilleure organisation de la filière agricole pour améliorer la qualité et la productivité des produits agricoles.
La promotion de l’élevage sédentaire des ruminants sera aussi encouragée. L’objectif général du Programme Agriculture sous le nouveau format est de développer les productions végétales pour contribuer à la croissance, à la souveraineté alimentaire et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations à travers une production efficace et une gestion durable des exploitations dirigées aussi bien par les hommes que par les femmes et les jeunes (OS1 du PSDSA), renforcer la compétitivité et l’accès des productions et produits agricoles et agroalimentaires y compris ceux produits par les femmes et les groupes vulnérables aux marchés grâce à la promotion des filières végétales (OS2 du PSDSA) et contribuer au renforcement de la résilience des exploitations familiales agricoles (OS3 du PSDSA). La situation du transport rural au Bénin reste préoccupante au regard du mauvais état des pistes de desserte rurale et agricoles. Les besoins, estimés à plus de 15 000 km de pistes, ne sont pour le moment satisfaits qu’à hauteur de 35%, alors que la mise en place des intrants dans les zones de production et l’évacuation des produits agricoles vers les marchés en temps réel, sont des conditions critiques pour le développement des filières agricoles. Les activités à ce niveau seront menées dans le cadre du Conseil National du Transport Rural (CNTR) en tant qu’organe de régulation dans la coordination des activités du transport rural. Elles porteront sur la définition des axes et le choix des priorités, de concert avec les Communes.