Le riz, aliment de base pour des millions de familles, est au cœur de l’initiative Reward lancée par la Banque africaine de développement (Bad) pour l’Afrique de l’Ouest. Ce programme vise à augmenter la production locale, à moderniser les chaînes de valeur et à créer des emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes.
Aké MIDA
Face aux défis alimentaires croissants, la Banque africaine de développement (Bad) a initié le Programme régional de développement de chaînes de valeur résilientes pour le riz (Reward), doté d’un budget de 650 millions de dollars. Ce programme couvre les 15 pays de la Cedeao : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Son objectif principal est d’améliorer la productivité et la transformation rizicole tout en réduisant les importations massives, qui dépassent 6 millions de tonnes par an dans la région.
Au Bénin, la production de riz a atteint 525 014 tonnes en 2023, selon le ministère en charge de l’Agriculture. Pourtant, le taux d’autosuffisance reste faible, à seulement 24,8 %, obligeant le pays à combler ses besoins par des importations coûteuses. Ce déficit illustre l’urgence d’initiatives comme Reward pour renforcer la production locale et réduire la facture alimentaire.
Cette initiative permettra à la Banque panafricaine de répondre à son engagement à financer la mise en œuvre des Compacts pour l’alimentation et l’agriculture des pays tels que présentés par leurs chefs d’État lors du Sommet Dakar 2 « Nourrir l’Afrique : Souveraineté alimentaire et résilience », et ciblant l’appui à la production rizicole régionale. Reward ne se limite pas à augmenter la production rizicole.
Le programme ambitionne également de créer des milliers d’emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, et de renforcer les revenus agricoles. Selon la Bad, plus de 2 millions d’hectares de riziculture améliorée ont déjà été introduits grâce à des initiatives connexes comme le compact Taat. Ces technologies modernes témoignent de l’impact que peut avoir une approche coordonnée et innovante sur la filière agricole.
Piliers stratégiques
Le programme Reward repose sur quatre axes principaux : augmenter la productivité agricole grâce à des semences résistantes au climat et des systèmes d’irrigation modernes, moderniser les infrastructures en développant des unités de transformation et de stockage, harmoniser les politiques nationales pour structurer un cadre législatif et financier propice et renforcer la coordination régionale via des partenariats entre gouvernements et investisseurs privés.
Ces piliers permettent de répondre non seulement aux besoins alimentaires, mais aussi aux défis économiques et environnementaux de la région.
Le programme Reward doit cependant surmonter plusieurs obstacles, dont les lenteurs administratives, l’accès inégal aux infrastructures modernes et la gestion des impacts environnementaux. Par ailleurs, le changement climatique reste un défi majeur pour garantir une production durable.
Avec l’appui des partenaires internationaux et régionaux, Reward pourrait devenir un modèle pour d’autres régions confrontées à des défis similaires. En plaçant le riz au cœur de sa stratégie, l’Afrique de l’Ouest affirme son ambition de garantir la sécurité alimentaire de ses populations tout en se prémunissant des fluctuations des marchés mondiaux.
Ce programme ambitieux promet de transformer durablement la production et la commercialisation du riz dans les 15 pays de la Cedeao. En Côte d’Ivoire, par exemple, le programme prévoit, entre autres, la réhabilitation de 600 hectares de périmètres irrigués à Yamoussoukro et la production de 800 tonnes de semences certifiées. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie nationale pour atteindre l’autosuffisance rizicole d’ici 2030.