La méga raffinerie d’hydrocarbures créée par le groupe Dangote augure de bonnes perspectives pour l’année 2023. En conséquence de quoi, le Nigéria envisage de ne plus importer les produits pétroliers auprès des pays producteurs de l’or noir à compter du troisième trimestre de la nouvelle année.
Les investissements massifs dans l’industrie du pétrole amènent le Nigéria à renoncer très bientôt aux importations. En effet, la production industrielle des produits pétroliers avec l’installation de la méga raffinerie d’hydrocarbures du groupe Dangote porte ses fruits. Au-delà des emplois créés, le Nigéria tend à maîtriser sa production et ambitionne de desservir l’Afrique de l’Ouest en produits pétroliers. La rénovation d’une raffinerie dans le sud du Nigeria, doublée de la construction d’une autre dans le sud-ouest, permettront au pays de renoncer aux importations de produits pétroliers vers le troisième trimestre 2023, selon le ministre nigérian du Pétrole. En effet, le ministre nigérian du Pétrole Timipre Sylva a annoncé mardi 29 novembre qu’une raffinerie rénovée dans la ville de Port Harcourt (sud) fournirait 60.000 barils de brut raffiné par jour d’ici la fin décembre. Il a ajouté qu’il s’attendait toujours à ce que la nouvelle raffinerie du groupe Dangote, en cours de construction à Lekki (sud-ouest), entre en service au premier trimestre de l’année prochaine. « Nous nous attendons à ce qu’à la rigueur nous renoncions aux importations de produits pétroliers à partir peut-être du troisième trimestre de l’année prochaine, mais je pense que cela aura lieu même avant le troisième trimestre de l’année prochaine », a déclaré M. Sylva. Il a révélé aux journalistes que la production de brut au Nigeria avait augmenté à environ 1,3 million de barils par jour contre moins d’un million de barils auparavant, et que le pays espérait atteindre son quota de l’OPEP d’ici mai prochain. Le Nigeria, plus grand producteur de pétrole en Afrique, n’est pas l’unique pays africain obligé d’importer des produits pétroliers. La situation est similaire au Ghana qui doit les importer depuis la fermeture en 2017 de l’unique raffinerie du pays.
La raffinerie de Dangote en marche
Inaugurée en janvier 2022, la méga-raffinerie du groupe Dangote a démarré la production au cours des derniers mois de cette année conformément au planning. La méga-raffinerie pétrolière de Lekki a commencé par sortir ses premiers produits à partir du quatrième trimestre de cette année, selon les déclarations du directeur exécutif de Dangote Industries Devakumar Edwin qui effectuait récemment une visite de l’installation, en compagnie d’autorités nigérianes dont Lai Mohammed, ministre nigérian de l’Information. D’un coût de 19 milliards de dollars pour une pleine capacité de 650 000 barils de pétrole par jour, cette raffinerie a été inaugurée en janvier dernier, avec la participation de plusieurs personnalités dont le président de la Banque africaine de développement -Akinwumi Adesina. A cette occasion, Aliko Dangote annonçait l’entrée en service de cette installation industrielle pour le troisième trimestre. Mais les réalités du terrain et les différentes contraintes prolongent le processus. Toutefois, le directeur du groupe se veut rassurant. « 75 % des tests hydrauliques … ainsi que 70 % des raccords de câbles électriques ont été achevés en vue de l’achèvement de la raffinerie au quatrième trimestre de cette année », a-t-il précisé, ajoutant que 75% des produits seront acheminés à travers le pays par voie maritime. Dans un contexte de tensions sur les prix des carburants dans un pays certes premier producteur de pétrole d’Afrique, mais fortement dépendant des marchés extérieurs pour son approvisionnement en produits raffinés, les premiers produits de la raffinerie Dangote serviront à alimenter le marché local. Le renforcement de la production les mois suivants l’entrée en service permettra de couvrir les autres marchés du continent.
Décalage stratégique
La compagnie nigériane du Pétrole (NNPC) a annoncé, mardi 30 août, le report de la date d’entrée en service de la raffinerie du Groupe Dangote. Initialement prévue pour le troisième trimestre 2022, puis repoussée au premier trimestre 2023, l’arrivée du projet en phase opérationnelle est désormais attendue pour juin 2023. « Les prévisions sont pour le premier trimestre, mais nous pensons qu’elle peut démarrer au plus tard au milieu de l’année prochaine », a déclaré Mele Kyari, directeur général de la NNPC. Toutefois, le géant pétrolier africain mise sur l’opérationnalisation rapide de la raffinerie. Ce sera pour l’Etat un premier pas dans sa politique visant à limiter les frais injectés dans l’importation de produits pétroliers via notamment le projet en cours, de remettre de nouveau en service les raffineries défectueuses du pays. Notons que la NNPC s’est offert, pour 2,7 milliards de dollars, une participation de 20 % dans la raffinerie Dangote. La société d’Etat fournira également pendant 20 ans, au moins 330 000 b/j sur les 650 000 b/j de pétrole brut que l’infrastructure sera capable de traiter.
Jean-Claude KOUAGOU