La production mondiale d’ananas est passée de 12 millions de tonnes en 1995 à 25,5 millions de tonnes en 2016, dont seulement 3 millions pour l’Afrique, selon la FAO. Si la production mondiale a doublé en 25 ans, cela ne veut pas dire que tout va bien dans cette filière.
Issa SIKITI DA SILVA
Avec 900 000 tonnes produites en 2016, le Nigeria est le roi de l’ananas en Afrique et 8ème producteur mondial. Au Bénin, malgré la troisième place qu’occupe cette filière après le coton et l’anacarde, la production actuelle de l’ananas est loin de supplanter les pays qui talonnent le Nigeria.
En 2017, la production de l’ananas au Bénin était de 400 000 tonnes, selon l’Association interprofessionnelle de l’ananas du Bénin (AIAB). Les exportations béninoises dans l’Union Européenne étaient calculées à 2 949 tonnes, comparativement aux 21 604 tonnes de la Côte d’Ivoire et 13 517 du Ghana, selon les chiffres d’Eurostat.
Cependant, quel que soit le niveau de leurs productions, presque tous les pays africains éprouvent de graves difficultés pour exploiter pleinement des potentiels continentaux dans le domaine de l’agriculture.
Contraintes
Selon une étude intitulée ‘’Problems and Prospects of Pineapple Production in Enugu State, Nigeria” publiée en 2017 par trois experts de l’University of Nigeria, les principales contraintes de la production d’ananas au Nigeria étaient les infrastructures (principalement le manque de voies d’accès pour le transport des produits et le manque de connaissances techniques sur l’utilisation de la technologie améliorée.
Même si chaque pays a ses défis et ses perspectives, presque toute l’Afrique subsaharienne fait face à des défis énormes d’infrastructures, dont le déficit est estimé à 100 milliards de dollars par an. Le rapport démontre toutefois que si les problèmes d’infrastructure pourraient être résolus et que les agriculteurs sont équipés des technologies de pointe, ils pourraient faire mieux et profiter de la disponibilité de terres fertiles dans cette partie du Nigeria, le marché de vente existant de ces produits et une bonne source de revenus qui peut en résulter.
Ce n’est qu’à ce moment que le Nigeria pourrait augmenter sa production et commencer à concurrencer la Thaïlande et les Philippines qui sont les deux premiers producteurs d’ananas avec chacun environ 12% du total mondial.
« L’état de routes béninoises à l’intérieur est vraiment mauvais. Je me rappelle qu’il y avait des fois nos produits pourrissaient par manque de moyens pour les évacuer. Il y a aussi le problème de dégradation de terres, lequel affaiblit la qualité du fruit. Donc il faut beaucoup d’engrais chimiques et d’autres produits pour s’en sortir », s’est confiée une ancienne travailleuse dans la filière d’ananas sous couvert de l’anonymat.
« Malgré ça, les choses ont évolué vite pendant ces dix dernières années et elles peuvent aller très loin si les obstacles sont écartés », ajoute-t-elle.
Amélioration
La production de l’ananas au Bénin a augmenté de plus de 80% entre 2000 et 2013, d’après les chiffres officiels. De 51151 tonnes en 2000 à 375637 tonnes avant de tomber à 358 887 tonnes en 2013.
L’amélioration de la production est aussi due en partie grâce au film polyéthylène, une technique apportée par le Projet d’appui à la diversification agricole (PADA) de la Banque mondiale.
« En recouvrant leurs champs de film polyéthylène, les agriculteurs parviennent à maintenir l’humidité du sol en toute saison et à réduire ainsi la consommation d’eau pour l’irrigation et leur besoin en main-d’œuvre », a déclaré la Banque mondiale en 2016.