Une expérience de diffusion et d’adoption au Bénin, de variétés de sorgho résilientes aux changements climatiques produit des rendements deux à cinq fois supérieurs à celui des variétés locales dans des conditions de sécheresse extrême.
Joel YANCLO
«Adoption de variétés de sorgho résilientes aux changements climatiques au Bénin », est l’intitulé d’un rapport technique réalisé par Polycarpe Kayodé de la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi qui expose les résultats d’une expérience de diffusion et d’adoption au Bénin, de variétés de sorgho résilientes aux changements climatiques. Les principaux bénéficiaires de ces actions sont en priorité des agriculteurs vivant dans des zones du Bénin où les effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire sont effectifs. Pendant la période d’exécution des projets, un total de 399 producteurs avait adopté les variétés de sorgho. La contribution de ces variétés à l’accroissement de la production alimentaire est effective puisque des centaines de tonnes de grains de ces variétés sont annuellement produites pour la consommation locale. Au surplus, des producteurs de semences de ces variétés se sont spécialisés produisant et commercialisant des semences de variétés résilientes dans leurs localités et les villages environnants. Des recommandations sont formulées pour permettre une réplication de l’innovation à une échelle plus grande et pour assurer sa durabilité. Les variétés diffusées ont été développées par l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT). Il s’agit de variétés à cycle très court, tolérantes à la sécheresse et à rendement élevé. Elles produisent des rendements deux à cinq fois supérieures à celui des variétés locales dans des conditions de sécheresse extrêmes. En utilisant une approche méthodologique originale, ces projets ont permis de diffuser quatre variétés résilientes dans une douzaine de communes du Bénin. Cette expérience a été rendue possible grâce à la mise en œuvre au Bénin de deux projets par la Faculté des sciences agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi. Le premier projet, PROMISO-2, Strengthening West African farmers’ and researchers’ capacity to jointly adapt new pearl millet and sorghum varieties and crop production innovations, a été financé par l’Union européenne à travers le FIDA et le deuxième projet, dénommé PANA1, Programme intégré d’adaptation pour la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques sur la production agricole et la sécurité alimentaire au Bénin, a été financé par le PNUD. En dehors des partenaires financiers, plusieurs partenaires techniques ont accompagné la FSA/UAC, institution coordonnatrice, dans la mise en œuvre de ces projets. Il s’agit notamment de l’Institut de recherches agricole du Bénin (INRAB), des Centres d’action régionale pour le développement agricole (CARDER) et de la Direction de la promotion de la qualité et du conditionnement des produits agricoles (DPQC). Ainsi, les producteurs de sorgho ont effectivement intégré les variétés résilientes aux changements climatiques dans leurs systèmes de culture. Leur engouement à poursuivre la production de ces variétés est fort et pourrait s’expliquer non seulement par les facteurs positifs intrinsèques aux variétés, mais aussi par l’approche méthodologique utilisée pour la diffusion. En dehors du rendement élevé et de la précocité de ces cultures, il faudra notamment relever que le fort niveau d’implication des acteurs dans les étapes préalables d’évaluation et de sélection de ces variétés et les différentes formations données aux producteurs en appui à la dissémination des variétés ont été des facteurs de succès significatifs. En amont de ces facteurs de succès, il y a l’adaptation effective des nouvelles variétés à leur environnement agroécologique fortement sujet aux variations climatiques et la bonne adaptation des variétés aux transformations culinaires et au goût des consommateurs. L’adoption et la diffusion des variétés résilientes introduites pourraient s’accroître plus rapidement si la filière sorgho est mieux organisée. C’est pourquoi le gouvernement du Bénin et ses partenaires sont invités à prendre des mesures d’accompagnement pour une plus grande diffusion de ces variétés résilientes.