(Les contrevenants subiront la rigueur de la loi », avertit le ministère du commerce)
A peine sorti de la pandémie du coronavirus, le monde entier fait face à une nouvelle crise : celle alimentaire engendrée par le conflit Russo-Ukrainien. Pour contrer la surenchère observée sur les prix des produits alimentaires, l’Etat béninois a pris plusieurs mesures dont la dernière en date est le plafonnement du prix de l’huile végétale. Pour mieux comprendre cette mesure, le Journal L’économiste du Bénin s’est entretenu avec le Directeur de Cabinet du Ministre de l’industrie et du commerce, Laurent Gbèdaso Akpo. Interview.
L’économiste : Après la tournée gouvernementale d’explication sur la cherté de la vie, quelles sont les nouvelles mesures prises pour soulager les peines des populations ?
Merci M. le Journaliste. C’est vrai, point besoin de revenir sur les facteurs explicatifs de la hausse continue des prix sur le marché actuellement. Nous le savons tous, nous connaissons les raisons et face à cela, le gouvernement a pris une série de mesures. Evidemment, après la tournée, il est question de prendre en compte les constats que nous avons fait, c’est pourquoi en urgence, nous avons dû recourir aux dispositions de la loi n°2016-25 du 04 novembre 2016 portant organisation de la concurrence en République du Bénin qui donne pouvoir au gouvernement à travers le ministère de l’industrie et du commerce, de prendre des mesures temporaires pour contrer l’augmentation excessive des prix. Et nous avons examiné les produits dont les prix pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des populations notamment l’huile végétale. Nous avons donc dû recourir à ces dispositions pour plafonner le prix à 1300/L au regard de la situation actuelle où, le plus grand exportateur d’huile végétale au monde vient d’interdire les exportations, et connaissant la partie spéculative de l’augmentation de ces prix sur nos marchés, il était important d’anticiper pour soulager nos populations. Je dois vous assurer, quand bien-même il fallait parer au plus pressé, nous avons été dans une démarche participative, inclusive. Nous avons consulté, nous avons discuté avec tous les acteurs de la chaîne pour nous assurer du prix qui permettrait non seulement de rendre le prix soutenable à nos populations, mais de garantir l’approvisionnement régulier de notre marché, parce que dans la logique de protéger nos consommateurs, il ne faut pas seulement regarder le prix, mais il faut aussi penser à la disponibilité du produit. C’est ce qui nous a amené à consulter les acteurs et à prendre cette mesure de plafonnement du prix à 1300 FCFA sur toute l’étendue du territoire national.
Quels sont les mécanismes mis en place pour veiller à l’application effective du prix fixé sur toute l’étendue du territoire national ?
Cette fois-ci, c’est une disposition de la loi qui prévoit des sanctions et nos équipes seront dépêchées sur le terrain et les contrevenants à cette disposition subiront la rigueur de la loi. D’ici les jours à venir, vous verrez qu’encadrer les prix dans un contexte où nous sommes conscients que le prix augmente au niveau international et que les mesures qui avaient été prises étaient fondamentalement des mesures d’exonération, et donc, il était oui évident qu’on constate l’augmentation des prix sur le marché étant entendu que ces prix augmentent sur le marché international. Cette fois-ci, les prix sont plafonnés pour une période. Que ces prix augmentent sur le marché international ou non, c’est plafonné. Evidemment, nous avons pris des dispositions anticipatives en nous assurant du stock disponible, des stocks à venir. Ce prix qui est fixé permet à tous les acteurs, sur toute la chaîne, de faire leurs marges. C’est donc pour éviter la spéculation qui est observée sur le marché. Les équipes seront dépêchées et les premiers qui tomberont dans les travers de la loi subiront la rigueur de la loi.
Est-ce que c’est seulement l’huile qui intéresse le gouvernement ? Et les autres produits de grande consommation ?
Vous connaissez la méthode de ce gouvernement. On ne prend pas des décisions à la va-vite. On ne prend pas les décisions de façon hâtive, les choses sont faites avec méthode. Il y a urgence, oui ! Mais la méthode. La méthode aujourd’hui qui requiert la nécessité de rendre le produit disponible. Nous sommes dans une situation où on parle aujourd’hui du prix trop élevé des produits mais si on ne prend pas les dispositions, on ne parlera plus de prix mais de la disponibilité. Cela nous oblige à aller dans une démarche inclusive du fait qu’on est contraint de discuter avec les acteurs : producteurs, importateurs et tous ceux qui sont sur la chaîne. Ces dispositions sont déjà abouties avec les acteurs de l’huile végétale, c’est pourquoi la mesure a été prise. Les discussions sont en cours avec les acteurs des autres filières et d’ici là, vous verrez les mesures qui seront prises pour stabiliser le prix et le rendre soutenable à nos populations, mais aussi pour pouvoir garantir l’approvisionnement régulier du marché.
Les prix sont plafonnés pour l’instant à 1.300 FCFA. Est-ce à dire que dans les semaines à venir ces prix peuvent connaître une hausse ?
Notre souhait est que les prix, avant l’expiration de cette période de trois (03) mois, soient revus à la baisse. On prie que l’évolution de la conjoncture puisse favoriser un dégel de la situation et que les prix reviennent en deçà de 1.300 FCFA. Une fois de plus, c’est un plafonnement. C’est donc dire qu’il est possible que les prix soient en dessous de 1300 FCFA. Il n’est pas possible que pendant cette période de trois (03) mois, on accepte que les prix aillent au-delà de 1.300 FCFA.
Un appel à l’endroit des Béninois(es) ?
Je voudrais profiter de cette occasion que vous m’offrez pour lancer un appel à nos concitoyens, parce qu’aujourd’hui, il est vrai qu’il y a des facteurs explicatifs qui sont dus à ce choc exogène mais le constat amer est que certains de nos concitoyens profitent de la situation pour rendre les conditions de nos populations déjà difficiles, encore plus difficiles à travers la spéculation. Il n’est pas acceptable que les prix de l’huile végétale soient autour de 1.500 / 1.600 FCFA en ce moment. Quand on a discuté avec les acteurs, on s’est rendu compte qu’ils ont fait preuve de patriotisme et que normalement les prix ne pouvaient pas être à ce niveau actuellement. C’est donc dire qu’il y a de la spéculation qui se fait. Je voudrais inviter nos populations à faire preuve de patriotisme. Nous sommes dans une situation difficile, le monde entier d’ailleurs. Nous avons besoin d’une solidarité nationale, d’accompagner le gouvernement. A peine sorti de la crise sanitaire de la Covid avec tout ce qui a été injecté comme ressources financières matérielles, nous voilà en face d’une nouvelle crise. Nous avons besoin d’un sens de patriotisme.
Réalisation : Sylvestre TCHOMAKOU