Si l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde, comme l’avait déclaré Nelson Mandela, elle devrait donc être au cœur des programmes d’investissements des pays en développement car, selon l’UNESCO, une population instruite fournit à un pays une main-d’œuvre plus qualifiée qui participe plus activement et plus utilement au développement économique et social. Elle permet aussi de briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté. Beaucoup d’observateurs estiment que si l’Afrique se trouve dans une position socio-économique délicate plus de 60 ans après le soleil des indépendances, c’est parce que la majorité de sa population n’est pas scolarisée.
Issa DA SILVA SIKITI
Lorsque la Banque africaine de développement (BAD) parle d’un déficit annuel de 40 milliards de dollars, cela ne pourrait que choquer ces observateurs car tout est possible dans un continent où, dans certains pays, le salaire d’un membre du parlement est 2000 fois supérieur à celui d’un pauvre enseignant qui est forcé de crier au secours aux parents d’élèves pour survivre.
Dans une tribune publiée sur le site du Brookings Institution, deux experts de la Banque mondiale, Indermit Gill et Kenan Karakulah, ont clairement laissé entendre que le manque d’éducation était au cœur de la plupart des problèmes de développement. « Il n’existe pas d’économie à revenus élevés avec de faibles niveaux d’éducation. La réforme de l’éducation est l’épine dorsale d’un développement durable et inclusif en Afrique », ont-ils martelé, ajoutant que le premier pas dans l’élimination des principaux problèmes de développement doit être de garantir que chaque enfant africain reçoive une éducation décente.
Investir de façon judicieuse et efficace
Consciente de l’importance capitale de ce secteur incontournable pour le développement, la Banque mondiale tape le poing sur la table, appelant les États à investir de façon judicieuse et efficace dans l’éducation de leurs populations, afin de développer un capital humain indispensable pour mettre fin à l’extrême pauvreté. « Pour cela, il est indispensable de combattre la crise de l’éducation, de mettre fin à la pauvreté des apprentissages et d’aider les jeunes à acquérir les compétences cognitives, socio-affectives, techniques et numériques dont ils ont besoin pour réussir dans le monde d’aujourd’hui », souligne l’institution de Bretton Woods basée à Washington.
Cela étant dit, le secteur de l’éducation en Afrique reste dans une crise profonde même si la plupart des gouvernements refusent de le croire et par conséquent d’avouer que leurs politiques d’éducation ont lamentablement échoué pendant plus de six décennies. C’est pourquoi le secteur a grandement besoin de réformes crédibles et adéquates – et non superficielles – qui doivent inclure, par exemple, placer l’équité au cœur de la politique d’éducation.
« L’équité consiste à donner à tous les enfants un accès égal à une éducation adaptée, de qualité et pertinente. Placer l’équité au cœur d’une éducation de qualité pour tous en Afrique est un moyen de construire un avenir meilleur et prospère pour les enfants du continent. L’amélioration des chances d’accès équitable à une éducation de qualité nécessite un ensemble complexe d’actions de la part des gouvernements, et la mise en œuvre de réformes portant uniquement sur certains éléments du système éducatif ne suffit pas », a recommandé l’UNESCO.