Près de 20% des pays de l’Afrique subsaharienne ont interdit l’utilisation des cryptomonnaies pour des raisons diverses. L’une d’elles, à en croire le Fonds monétaire international (FMI), est que les décideurs craignent que les cryptomon-naies puissent être utilisées pour transférer illégalement des fonds hors du continent et pour contourner les règles lo-cales, afin d’empêcher les sorties de capitaux.
Jo DA COSTA
L’utilisation généralisée des cryptomonnaies, poursuit le FMI, pourrait également nuire à l’efficacité de la politique monétaire, créant des risques pour la stabilité financière et macroécono-mique. Les pays pourraient courir des risques énormes s’ils ar-rivaient à adopter les cryptomonnaies comme monnaie légale, comme l’a récemment fait la République centrafricaine, a averti le FMI.
« Si des crypto-actifs sont détenus ou acceptés par le gouverne-ment comme moyen de paiement, cela pourrait mettre en péril les finances publiques », ont souligné Habtamu Fuje, Saad Quayyum et Tebo Molosiwa, trois experts du FMI, dans un blog publié sur le site de l’institution de Bretton Woods. Les risques liés aux actifs de cryptos sont évidents, il est donc temps de ré-glementer ce secteur, a indiqué le FMI.
Urgence !
Bien que le Kenya, le Nigéria et l’Afrique du Sud comptent le plus grand nombre d’utilisateurs des cryptomonnaies en Afrique, il n’existe aucune réglementation et reconnaissance of-ficielle dans ces pays en dépit de quelques signaux d’ouverture.
Mais les temps ont changé car l’urgence s’impose. Pendant que d’autres tergiversent, l’Afrique du Sud semble avoir pris une longueur d’avance pour réglementer son secteur des crypto-monnaies. En octobre, le Financial Sector Conduct Authority (FSCA), le régulateur de la conduite des institutions financières, a déclaré que les crypto-actifs seraient désormais considérés comme des produits financiers. Conséquemment, le régulateur a annoncé qu’à partir du 1er juin 2023, il obligerait les entre-prises qui négocient des cryptomonnaies et d’autres actifs nu-mériques à obtenir une licence, a rapporté Bloomberg. Cepen-dant, les experts du FMI cités ci-dessus sont catégoriques : « Réglementer un système très volatil et décentralisé reste un défi pour la plupart des gouvernements, et cela nécessite un équi-libre entre la minimisation des risques et la maximisation de l’innovation ». « Le nouveau règlement vise vraiment à protéger l’homme de la rue et cela offre une certaine protection aux con-sommateurs. Auparavant, nous n’étions pas en mesure de le faire, car la crypto se négociait complètement en dehors de nos paramètres », a déclaré le responsable du FSCA en Afrique du Sud, Unathi Kamlana, dans une interview accordée à Bloom-berg.
Politique monétaire : L’heure de la réglementation des Cryptomonnaies en Afrique
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