Dans son dernier rapport, l’Organisation internationale du travail (OIT) alerte sur l’aggravation de l’exclusion des jeunes de l’emploi et de la formation. Face à la révolution technologique que connait le monde, les jeunes sont confrontés à un avenir incertain sur le marché du travail.
Félicienne HOUESSOU
Les jeunes adoptent très rapidement et avec enthousiasme les nouvelles technologies. Alors que, les progrès technologiques de la «quatrième révolution industrielle» sont à la fois sources de nouvelles possibilités, mais aussi, de défis sur le marché du travail. Le rapport intitulé «Tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2020 : La technologie et l’avenir des emplois (GET Youth 2020)» révèle que l’automatisation, le champ restreint de la plupart des formations professionnelles et le manque d’emplois correspondant à leurs qualifications, constituent des entraves à l’accès des jeunes au marché du travail. Ce document démontre que les jeunes âgés de 15 à 24 ans qui travaillent, sont aussi davantage exposés au risque de perdre leur emploi du fait de l’automatisation, et ceux qui ont une formation technique sont particulièrement vulnérables.
Illustrant combien les compétences liées à un métier, acquises par la formation professionnelle, peuvent vite devenir obsolètes, plus vite que les compétences de formation générale, l’OIT appelle à réviser les programmes de formation professionnelle, à les moderniser afin qu’ils répondent aux exigences nouvelles de l’économie numérique. Par ailleurs part, les jeunes qui ont effectué des études supérieures ont moins de risque de voir leur poste remplacé par l’automatisation. Cependant, ils sont confrontés à d’autres difficultés, puisque la hausse rapide du nombre de jeunes diplômés dans la population active a dépassé la demande de main-d’œuvre diplômée, tirant les salaires des diplômés vers le bas.
Promouvoir une stratégie intégrée
On ne peut que se réjouir de l’augmentation de la demande de compétences due à l’apparition des nouvelles technologies, tout comme de l’élévation des niveaux d’instruction atteints par les jeunes. Deux facteurs qui peuvent favoriser une hausse de la productivité. Néanmoins, en raison de cette automatisation, d’une formation professionnelle inadéquate et dépassée et, du manque d’emplois correspondants à leurs qualifications, plusieurs jeunes n’ayant pas un niveau d’études important, sont mal préparés au marché du travail et peuvent en être exclus. Cependant, des mesures politiques sont nécessaires pour promouvoir l’augmentation des possibilités d’emploi pour les jeunes hautement qualifiés, et ainsi équilibrer l’offre croissante de diplômés.
Dans son étude, l’OIT recommande des politiques efficaces afin de garantir une incidence positive des nouvelles technologies sur l’emploi des jeunes. « Les nouvelles technologies perturbent les marchés du travail du monde entier, en cela qu’elles suppriment et, dans le même temps, créent des emplois. Dans ce contexte, un cadre d’action intégré visant à aider les jeunes à obtenir des emplois décents, est essentiel pour accomplir des progrès socio-économiques à l’avenir », indique-t-il. Il convient d’adopter des politiques propres à l’intention des jeunes possédant les compétences nécessaires pour occuper ces emplois, à leur garantir une protection sociale et des droits au travail. Ces politiques devraient s’inscrire dans une stratégie intégrée visant à créer des emplois décents pour les jeunes. Tout cadre d’action intégré devrait inclure des interventions aux niveaux macro, méso et microéconomique. « Si l’on n’agit pas, on risque de voir augmenter dans de nombreux pays le nombre de jeunes découragés. Ce qui, à terme, pourrait nuire au développement socio-économique de ces pays », prévient le rapport GET Youth de 2020.
Il faut rappeler que depuis le précédent rapport GET Youth de 2017, il a été observé une tendance à la hausse du Nombre de jeunes actuellement non scolarisés, sans emploi ni formation (NEET). En 2016, 259 millions de jeunes étaient classés comme NEET, un chiffre qui aurait grimpé à 267 millions en 2019 et devrait continuer à s’accroître pour atteindre 273 millions en 2021.