Il n’est pas rare de constater que les personnes du troisième âge sont souvent victimes des préjugés. Accusées à tort ou à raison de sorcellerie, elles sont abandonnées par leur famille, leurs enfants et même par leur communauté. Or, ces personnes constituent une bibliothèque que l’on peut consulter à volonté.
« En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait Amadou Hampâté Bâ pour faire comprendre aux Occidentaux que l’Afrique avait d’autres richesses et témoignages de son passé que des monuments de pierre. Il s’agit bien évidemment de personnes âgées conservatrices de savoirs endogènes. Malheureusement, la génération actuelle ignore complètement l’importance de ces personnes au point de bafouer même leur personnalité. Souvent victimes de préjugés, elles ne sont plus ni du règne des mammifères ni à la classe des oiseaux. Du coup, elles sont délaissées par leur famille, leurs enfants et même la société. « Le constat est qu’elles sont abandonnées par leurs enfants de même que leur communauté qui devrait leur venir au secours parce qu’elles sont parfois accusées de sorcières ou de sorciers. C’est des gens qui sont pour la plupart sans pension de retraite. Conséquence, ils ont un problème de prise en charge alimentaire, sanitaire et autres », renseigne Julienne Oga épouse Gnanvi, assistante sociale et chef de service promotion et protection des personnes handicapées et des personnes âgées au niveau de la Direction départementale des affaires sociales et de la microfinance (Ddasm). Une attitude que condamne Juste Avenir Boko, socio anthropologue. « La situation de pauvreté créé généralement l’abandon de ces personnes âgées. Dans d’autres cas, des enfants ont la possibilité de s’occuper de leurs parents, mais ils ne le font pas », regrette-t-il. Il estime que ce sont des ressources mal entretenues. « Ce sont des personnes qui ont de longues années d’expériences, qui ont de l’expertise dont on peut profiter encore. Mais perçues comme des charges, elles sont abandonnées au lieu d’être considérées comme une richesse et consultées pour des informations sur un certain nombre de choses », déplore le socio anthropologue.
Les recommandations
Face à l’allure que prend la négligence des personnes du troisième âge, le comité départemental de protection et de promotion des personnes âgées, lors de sa dernière session a formulé quelques recommandations à l’endroit de l’Etat, de la communauté, des acteurs intervenant dans le domaine et aux familles vu que la prise en charge des personnes du 3ème âge est encore embryonnaire au Bénin. A titre illustratif, Juste Avenir Boko a évoqué le manque de gériatres (spécialiste du traitement des maladies liées au vieillissement) dans les formations sanitaires. Ainsi, en plus des efforts qui se font au profit de ces personnes vulnérables par le Gouvernement, le comité appelle les pouvoirs publics à leur rendre accessibles l’information et les soins spécifiques de qualité en dotant les centres hospitaliers de gériatres, à mettre en place des instruments juridiques et des structures qui vont vraiment accompagner ces personnes. Aux Ong, le Comité recommande de se mobiliser comme elles le font quand il s’agit des enfants. Car, ils sont aussi des groupes vulnérables. Aux enfants, il est demandé de prendre soin de leurs parents puisqu’ils constituent pour eux et pour la société une ressource exploitable. Il leur est demandé de les assister de manière qu’il n’y ait plus de cloison entre les générations. D’oublier les préjugés souvent répandus sur leur personne. La session a, en outre, exhorté les personnes âgées, à se considérer comme des gens encore capables de beaucoup de choses pour leur société, de s’adonner aux activités sportives, de revoir leur alimentation, d’éviter les problèmes inutiles et se mettre en association pour défendre leurs intérêts.
Rock Amadji (Correspondant Zou-Collines)