Le pavage du tronçon Godomey Togoudo – Womey en cours dans la commune d’Abomey-Calavi depuis plusieurs mois serait à la base de nombreux dommages économiques. En sus des déviations forcées qui pénalisent les prestataires installés le long du tronçon en chantier, certains locataires ont résolu de déménager, mettant ainsi en difficulté, nombre de propriétaires.
Bidossessi WANOU
Propriétaire d’une résidence sanitaire et d’une autre ordinaire à Womey Gnonhouégon, dame Alice n’a de cesse de se plaindre du départ de ses locataires et de la difficulté à en trouver d’autres depuis que le chantier de pavage du tronçon Godomey Togoudo –Womey a commencé par atteindre le niveau de sa zone. Loin d’elle, c’est les femmes du marché au carrefour de Womey qui s’alarment. « Depuis que les ouvriers sont venus à notre niveau, les clients ne viennent plus. Du fait de la déviation, ils contournent et ressortent par l’axe marché de Womey- Carrefour Tamkpè», a fait savoir par exemple Nadège Zodjissi, vendeuse de condiments au marché de Womey qui poursuit, « nous sommes laissées pour compte ». Et ils ne sont pas les seuls. Amèto Amouzoun, vulcanisateur installé au bord du même tronçon a confessé lui aussi, qu’il a moins de client depuis que ce chantier a attient Womey. Au fait, explique-t-il, « nous, nous n’avons pas de clients précis si ce n’est les passagers de tous ordres. Mais quand la circulation est perturbée, qui viendra à vous ? Il faut que les genres circulent d’abord dans votre rayon avant de vous remarquer ou de solliciter vos services ». S’il est cependant partagé par tous les usagers rencontrés que le chantier participera à donner plus de visibilité à la zone du fait du nombre accru de passagers qui voudront profiter du confort que cela offre, pour l’heure, ils font les frais. Les dommages à en croire certaines se comptent par centaine de mille. C’est du moins ce qu’a laissé croire dame Alice qui dit disposer de sept chambres sanitaires qui lui rapportait chacune, 22.000 francs Cfa le mois. Mais le chantier est venu couper cette opportunité et pire, elle doit faire face au remboursement des avances de certains locataires qui s’opposent à consommer avant de partir et qui ont choisi quitter pour s’extirper aux tralalas du chantier. Pour sa part, Dieu-donné Koly confie lui par exemple avoir quitté la zone parce qu’il rentre souvent tard et les déviations le laissent perplexe quant à sa sécurité. C’est dire que le malaise est généralisé, ce qui a amené certains prestataires avertis à prendre de nouvelles dispositions.
Du kpayo au restaurant, on réduit les doses
Du fait de ce chantier routier, certains prestataires en restauration aux abords du tronçon rapportent avoir déjà réduit leur dose. Motif, la circulation est de moins en moins danse et les clients se raréfient. « Je suis passé de 10 Kilogrammes de riz à 7 maintenant et il en est de même du haricot, spaghetti et autres mets que je prépare » a confié par exemple Soliath Djou à notre équipe de reportage sur le terrain. A l’en croire, cela a de graves répercussions sur leur économie car, explique-t-elle, « nous essayons juste de tout faire pour honorer nos engagements de tontine ». Et comme cette restauratrice, certains distributeurs de l’essence frelatée dite « kpayo » se sont eux aussi retrouvés dans l’obligation de réduire leur demande habituelle à la source. « Je prenais un bidon de 50 litres chaque matin avant le démarrage du chantier. J’ai continué un peu, mais là maintenant, j’ai réduit, car, si avant les 50 litres pouvaient ne pas suffir, aujourd’hui, je passe 48 heures avec 40 litres voire 30» or j’ai de charges. C’est dire que l’exécution du chantier a mis nombre de béninois du moins ceux qui résident dans cette zone et alentours en difficulté. Même les usagers se plaignent de l’augmentation de la prévision en carburation pour à force de se plier à toutes ces déviations qui s’imposent à eux du fait des travaux. C’est pourquoi, ils ont souhaité voir s’achever le plus tôt possible les travaux afin que les choses puissent revenir à la normal avec une circulation aisée au profit des acteurs commerciaux, ouvriers et de tous ceux et celles qui tirent quelque intérêt du trafic sur ce tronçon.