La crise du COVID-19 a affecté négativement les économies des pays du monde et dont celles des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) ne sont pas aussi épargnées. Les données statistiques du bulletin mensuel de mars 2020 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest en témoignent.
Abdul Wahab ADO
Le coronavirus a contaminé toutes les économies des pays du monde dont celles de l’Uemoa au cours du premier trimestre de 2020. Pendant la période du mois de mars 2020, plusieurs Banques Centrales ont baissé leurs taux directeurs en réponse à la crise du COVID-19. Ce qui a contraint les Etats a plus de demandes financières pour survivre. Au niveau du marché monétaire régional, le montant moyen des soumissions sur le guichet hebdomadaire des adjudications est ressorti à 5.185,4 milliards en mars 2020 contre 4.893,2 milliards un mois plus tôt, soit une hausse de 6,0%. Le montant moyen retenu au terme des adjudications s’est situé à 3.768 milliards, en hausse de 2,1% par rapport au mois précédent. Le taux moyen pondéré sur le guichet hebdomadaire est ressorti à 2,75% en mars 2020, contre 2,80% en février 2020. Au niveau du marché interbancaire de l’UEMOA, le volume moyen hebdomadaire des opérations, toutes maturités confondues, s’est inscrit en hausse de 2,5% pour s’établir à 283,0 milliards en mars 2020. Le taux moyen pondéré de ces opérations est ressorti à 4,07% contre 3,92% le mois précédent. Au titre du compartiment des injections à une semaine, le volume moyen des opérations s’est fixé 224,0 milliards en mars 2020 après 196,5 milliards un mois plut tôt. Le taux d’intérêt moyen sur ce guichet s’est établi à 3,94% au cours de la période sous revue, contre 3,82% le mois précédent. Les données provisoires issues de l’enquête sur les conditions de banque font ressortir une baisse des taux d’intérêt débiteurs au cours du mois de mars 2020. En effet, hors charges et taxes, le taux moyen calculé à l’échelle de l’Union s’est établi à 6,57% en mars 2020, contre 6,64% en février 2019. Quant au taux moyen de rémunération des dépôts de la clientèle, il est ressorti à 5,64% au cours du mois sous revue contre 5,31% relevé le mois précédent. L’indicateur du climat des affaires dans l’Uemoa est ressorti à 65,7 en mars 2020, en dessous de sa moyenne de long terme (100), traduisant notamment l’opinion pessimiste des chefs d’entreprises sur l’évolution de la conjoncture économique.
Baisse de la production industrielle
Il faut remarquer que la majorité des secteurs économiques de l’Uemoa subissent les effets du coronavirus. Selon le bulletin mensuel de mars 2020 de la Bceao, l’indice de la production industrielle a baissé de 7,2% en glissement annuel au cours du mois de mars 2020 contre une hausse de 3,0% le mois précédent. L’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail, s’est inscrit également en baisse de 6,0%, en rythme annuel, au cours du mois sous revue contre une hausse de 3,4% le mois précédent. Quant à l’indice du chiffre d’affaires dans les services marchands, il a enregistré un accroissement de 4,5%, en glissement annuel, contre 8,1% en février 2020. Sur la base des données officielles, le taux d’inflation est ressorti en glissement annuel, à 1,3% à fin mars 2020, après une réalisation de 1,5% le mois précédent. La décélération du rythme de progression du niveau général des prix est imprimée notamment par la composante « Transport », dont la contribution à l’inflation totale est ressortie à 0,1% en mars 2020, contre 0,2% en février 2020. Cette évolution est notamment liée à la baisse du prix des carburants relevée au Bénin, au Burkina et en Côte d’Ivoire. La composante « Alimentaires » reste la première source de la hausse des prix avec une contribution à hauteur de 0,8% à l’inflation totale à fin mars 2020. La progression des prix des produits alimentaires est essentiellement observée en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et au Sénégal, en rapport avec un renchérissement des produits de la pêche ainsi que de tubercules et plantains, en lien avec l’état d’approvisionnement des marchés. Une augmentation des prix des céréales a également été enregistrée dans les pays sahéliens, notamment au Niger, en rapport avec la baisse de la production. Par ailleurs, les conséquences économiques du coronavirus se poursuivent sur les économies des pays de l’Uemoa qui vont sur le marché financier par des emprunts dénommés, « Bons-covid-19».