Alors que le délai de soumission des candidatures pour le poste de Directeur général de l’OMC s’est achevé le 8 novembre, Ngozi Okonjo-Iweala se retrouve seule en lice. Déjà à la tête de l’institution depuis mars 2021, la Nigériane de 70 ans pourrait entamer un second mandat si son parcours n’est pas freiné par l’évolution politique aux États-Unis.
Sylvestre TCHOMAKOU
Okonjo-Iweala, 1ère femme et 1ère africaine à diriger l’Organisation mondiale du commerce (OMC), reste déterminée à réformer l’institution dont le rôle dans le commerce mondial est nécessaire dans un contexte de tensions géopolitiques et économiques croissantes. Cédant aux multiples appels pour un nouveau mandat, la Nigériane qui a confirmé sa candidature pour un second mandat le 17 septembre dernier, est seule candidate en lice. Le 9 novembre, l’Ambassadeur Petter Ølberg, Président du Conseil général de l’OMC, a confirmé qu’aucune candidature supplémentaire n’avait été reçue avant la date limite du 8 novembre, laissant Ngozi Okonjo-Iweala, en poste depuis 2021, comme unique candidate à sa propre succession. Cette annonce, bien qu’attendue, confirme le soutien dont bénéficie Okonjo-Iweala parmi les membres de l’organisation.
Le groupe des pays africains lui avait officiellement demandé en juillet de briguer un second mandat. Sa réponse positive n’a pas tardé : en septembre, elle a formellement présenté sa candidature, actant ainsi sa volonté de continuer à diriger l’institution basée à Genève pour les quatre prochaines années. Le parcours de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC n’a pas été de tout repos. Prenant les rênes d’une OMC dans l’impasse, en 2021, notamment en raison des différends concernant le système de règlement des litiges, un blocage en grande partie attribué aux États-Unis, la nigériane, en dépit des obstacles, a réussi à redonner à l’institution un rôle clé dans les débats internationaux, notamment pendant la pandémie de Covid-19, où elle a œuvré pour faciliter l’accès aux vaccins. En juin 2022, elle a réussi à conclure des négociations vieilles de plus de deux décennies sur l’interdiction de certaines subventions à la pêche, une réalisation saluée au sein de l’organisation.
Toutefois, des défis importants restent à relever. Les pressions pour réformer l’OMC, notamment en ce qui concerne les obligations des économies émergentes, n’ont cessé de croître. De plus, le système de règlement des différends n’a toujours pas retrouvé son efficacité d’antan, bloqué depuis plusieurs années. Les membres de l’organisation espèrent voir des avancées sur ce front d’ici la fin de l’année, en vue de préparer plus sereinement la prochaine grande réunion ministérielle prévue en 2026 au Cameroun. S’il est une évidence que la DG Okonjo-Iweala bénéficie du soutien de la plupart des membres de l’OMC, son avenir pourrait dépendre de la politique intérieure américaine. L’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis pourrait à nouveau influer sur le processus de nomination, tout comme en 2021, lorsque l’opposition de Donald Trump avait retardé sa nomination. Si aucun obstacle ne se dresse d’ici là, son mandat actuel qui se termine en août 2025, pourrait être prolongé.